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Alerte : Casablanca n’a plus où mettre ses ordures…

© D.R

Aujourd’hui la décharge de Médiouna est complètement saturée mais les élus de la ville ne font rien ou plutôt n’y peuvent rien. En effet, le conseil de la ville de Casablanca ne parvient pas à trouver un nouveau site pour abriter l’extension de la décharge actuelle.

Le saviez- vous ? Casablanca est sans décharge. Les milliers de tonnes de déchets produits chaque jour dans la métropole continuent d’être acheminés vers l’actuel décharge qui devait être fermée il y a des années. Aujourd’hui la décharge de Médiouna est complètement saturée mais les élus de la ville ne font rien ou plutôt n’y peuvent rien.

En effet, le conseil de la ville de Casablanca ne parvient pas à trouver un nouveau site pour abriter l’extension de la décharge actuelle. Pourtant, Abdessamad Heiker, premier adjoint du maire, assure que la ville a déjà mobilisé un budget conséquent de 44 millions de dirhams afin d’acquérir le nouveau terrain. «L’argent a déjà été mis à la disposition du notaire mais le retard est dû à la lenteur de certaines procédures administratives», précise Heiker dans une déclaration aux services de presse de son parti. S’agit-il donc d’un simple problème bureaucratique? Pas si sûr. Car ce même Heiker accuse aujourd’hui d’autres communes de bloquer le projet d’extension de la décharge. «Il existe plusieurs communes qui refusent de parachever le projet», affirme le premier vice-président du conseil de la ville de Casablanca. Ce dernier va encore plus loin. «Certains promoteurs sont entrés en jeu pour gonfler le prix du foncier», dit-il.

Un prix qui ne cesse d’augmenter. Selon le rapport 2013 de la Cour des comptes qui a consacré une grande enquête à la décharge de Médiouna, «le conseil de la ville devait acquérir dans un premier temps un nouveau terrain de 85 hectares limitrophes à l’actuelle décharge mais les responsables de l’époque ont opté pour un nouveau site plus petit mais plus cher». On est donc passé, selon la Cour des comptes, de 32,77 millions DH à 34,27 millions DH pour atteindre aujourd’hui, selon la mairie, 44 millions. Bien qu’elle soit relativement importante, cette somme est loin d’emballer les propriétaires ni les élus communaux.

En effet, les responsables de la ville tentent de négocier avec de nouvelles communes pour abriter la nouvelle décharge, mais en vain. C’est dans ce sens que le président de la commune de Ouled Salah dans la périphérie de Casablanca a été approché. Nouredine Rafik, président de cette commune, n’y va pas par quatre chemins, l’implantation d’une décharge sur le territoire de sa collectivité est tout simplement impossible. «Ce n’est pas une question d’argent.

Nous ne voulons pas d’une décharge à Ouled Salah pour la simple raison qu’un tel projet risque de polluer notre commune, d’autant plus qu’il s’agit d’une zone agricole, sans parler des habitations», dit-il. Et de poursuivre : «Le conseil communal de Ouled Salah se réunit ce mercredi pour trancher officiellement cette question et couper court aux tentatives visant à transférer la décharge dans notre commune». Face à cette situation de ping-pong, l’impact écologique n’est pas pris en considération. La décharge de Médiouna menace l’environnement de toute la région et présente un sérieux risque de pollution des eaux de Casablanca (voir encadré).

Les déchets rapportent mais pas à Casa

recyclage_des_dechets_menagersContrairement à l’idée reçue, les déchets ménagers peuvent rapporter énormément d’argent. A Casablanca, c’est tout à fait le contraire qui se produit, puisque l’argent public finance la collecte des ordures en l’absence de projet de valorisation des déchets.

Une valorisation qui passe notamment par le recyclage et le tri. Or, la décharge de Médiouna n’abritait pas un centre de tri.

«La mise en place d’un centre de tri simplifié, retenue par le contrat de gestion déléguée comme solution provisoire, s’est heurtée à l’incapacité des parties à recenser les récupérateurs et à organiser leur activité». Il s’agit là du constat dressé par la Cour des comptes.

La valorisation des déchets peut également passer par la production de l’électricité à partir du biogaz mais, encore une fois, la Cour des comptes avait pointé du doigt de nombreuses insuffisances.

Il faut dire que le biogaz, quand il n’est pas utilisé à bon escient, peut avoir un impact dangereux sur l’environnement, sachant que le volume de biogaz produit par la décharge de Médiouna est estimé à 40 millions de mètres cubes par an.

 

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Lixiviat, un poison qui menace Casablanca
Lixiviat-pollution-dechetsLe lixiviat est ce «jus» fortement toxique provoqué par les eaux pluviales qui traversent les décharges participant à la décomposition des déchets. Le hic, c’est que ce liquide peut traverser le sol et atteindre ainsi les nappes phréatiques ou les eaux souterraines.

La décharge de Médiouna ne déroge pas à la règle, sauf que dans de nombreux pays des dispositifs sont mis en place pour retenir le lixiviat. Ce dispositif était insuffisant à Médiouna, selon le constat de la Cour des comptes. «Les visites effectuées sur place ont révélé la présence d’écoulements superficiels et interstitiels des lixiviats.

Cette situation est le résultat des manquements observés en matière de réalisation du réseau de collecte et de drainage des lixiviats», lit-on dans le rapport 2013 de la Cour des comptes. «Les écoulements s’accentuent à cause de l’élévation du dôme de la décharge et de la côte finale sur le front d’exploitation au-delà de la côte tolérée (…), et de l’absence d’un réseau distinct de collecte et de drainage des eaux pluviales et d’une barrière active sur les déchets», précise la même source.

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