Des membres importants du Front de libération nationale, au pouvoir en Algérie, ont critiqué le secrétaire général du parti, Abdelaziz Belkhadem, pourtant un proche du président Abdelaziz Bouteflika. Ces dissensions sont apparues à la suite d’informations dans les médias selon lesquelles de jeunes adhérents du FLN, parfois armés de couteaux, s’étaient bagarrés avec des responsables du parti dans certaines régions au sujet de la répartition des postes dans le cadre d’une réorganisation des antennes locales du parti. Abdelaziz Belkhadem, qui est également le représentant personnel du chef de l’Etat au sein du gouvernement, avec le titre de ministre d’État, a assuré que cette crise n’existait que dans les médias. Il a toutefois été critiqué dans la presse algérienne par des ministres actuels ou passés, également membres du FLN. Ces reproches, rares au sein d’une formation habituée à la discipline, pourraient alimenter les commentaires selon lesquels l’autorité d’Abdelaziz Bouteflika est menacée, ont dit des observateurs. «La crise actuelle va affaiblir l’autorité de Bouteflika», a jugé Mohamed Lagab, enseignant en sciences politiques à l’Université d’Alger. Les incidents entre jeunes du FLN et membres plus anciens ont duré plusieurs jours jusqu’à mercredi, selon la presse. Certaines personnes ont été blessées mais ni arrestations ni poursuites judiciaires n’ont été signalées. Ces violences ont cependant conduit El Hadi Khaldi, ministre de la Formation et de l’Enseignement professionnel, à critiquer ouvertement Abdelaziz Belkhadem. «Nous devons faire quelque chose pour mettre fin aux luttes internes au sein du parti qui sont dues aux instructions contradictoires fournies aux adhérents par Belkhadem», a déclaré El Hadi Khaldi, cité par le journal El Khabar. «Il devrait suivre l’exemple de ses prédécesseurs (et démissionner) (…) pour empêcher les membres du parti de se battre entre eux». Cette situation laisse perplexe certains observateurs. «Le fait que plusieurs ministres s’opposent à leur chef est troublant. Ils ne peuvent le faire sans avoir obtenu le feu vert de cercles influents», a déclaré à Reuters Nacer Jabi, spécialiste du FLN. Certains observateurs pensent qu’Abdelaziz Bouteflika, 73 ans, a été affaibli au cours de l’année écoulée par le départ de certains de ses proches du gouvernement. Lors d’un remaniement, Chakib Khelil, ministre de l’Énergie, a été écarté tandis que l’ancien ministre de l’Intérieur Nourredine Zerhouni a été déplacé au poste de vice-Premier ministre, où ses pouvoirs réels sont moindres. Ces changements pourraient constituer un signal d’avertissement de la part de certains membres du gouvernement jugeant qu’Abdelaziz Bouteflika et ses alliés ont acquis trop de pouvoirs, disent certains observateurs.
Lamine Chikhi (Reuters)