Amélioration du sentiment de sécurité chez les Marocains

L’enquête nationale de l’Institut royal des études stratégiques (IRES) sur le lien social-pôle civique révèle une amélioration du sentiment de sécurité chez les Marocains. La part des citoyens qui ne se sentent pas du tout ou pas suffisamment en sécurité a sensiblement baissé, passant de 23% en 2016 à 15,3% en 2023. Les détails.

L’Institut royal des études stratégiques (IRES) vient de publier les résultats de son enquête nationale sur le lien social – pôle civique. Cette enquête met en exergue la perception des Marocains envers leur environnement sociétal et économique. Celle-ci a ciblé un échantillon de 6.000 individus âgés de 18 ans et plus, représentatif de la population marocaine et réparti sur les 12 régions du Royaume. Cette enquête a examiné les conditions pour un vivre-ensemble en paix. A ce sujet, la hiérarchie des demandes sociales exprimées par les Marocains fait ressortir la prédominance des demandes typiquement matérielles, parmi lesquelles l’amélioration du pouvoir d’achat et le travail pour tous. Selon l’enquête, les principaux obstacles au vivre-ensemble pacifié sont la pauvreté, l’injustice sociale et la corruption bien qu’en légère régression par rapport aux éditions précédentes. S’agissant de la thématique de l’identité, l’enquête révèle que la marocanité se définit, d’abord, par l’appartenance à l’Islam, l’amour de la patrie et l’attachement à l’intégrité territoriale du Royaume. La grille identitaire au Maroc repose sur trois socles. Un socle national basé sur trois attaches identitaires : l’Islam, la marocanité et l’arabité. Un socle territorialisé exprimant la diversité ethno-culturelle du Maroc avec ses composantes amazighe et saharo-hassanie et un socle global montrant une vocation au cosmopolitisme : Maghreb, Afrique, Monde. Ces repères identitaires extranationaux ont, par ailleurs, connu un rebond remarquable entre 2011 et 2023.

Trois quarts des Marocains préfèrent l’arabe classique comme première langue d’enseignement
S’agissant de la question linguistique, l’IRES note que la préférence pour l’altérité linguistique a légèrement baissé en 2023, tout en continuant de capter un peu plus de la moitié des attitudes (50,8%). En matière d’enseignement, presque les trois quarts des Marocains affichent leur préférence pour l’arabe classique comme première langue. La préférence des Marocains pour la darija n’excède pas 11% en 2023. Celle pour l’amazighe en tant que langue principale de l’enseignement stagne à 5% entre 2016 et 2023 (15% maximum en tant que deuxième langue). L’IRES indique que les nouvelles dynamiques en matière d’utilisation et d’apprentissage des langues internationales confirment l’impact des percées diplomatiques vers l’espace anglo-saxon. L’équilibre entre le français et l’anglais comme deuxième langue d’enseignement est en passe de s’inverser. Bien qu’encore dominante, la préférence des Marocains pour le français a baissé de 63,5% en 2016 à 36,9% en 2023 contre une hausse significative de la préférence pour l’anglais qui a presque doublé (22% en 2023 contre 12% en 2016).

Confiance interpersonnelle et sentiment de sécurité
S’agissant de la confiance interpersonnelle, l’enquête révèle des signes d’amélioration. Le taux de confiance interpersonnelle a quadruplé, passant de 5% en 2016 à 20% en 2023. Cela dit, quatre Marocains sur cinq croient encore que les gens ne sont pas dignes de confiance. Cette évolution est un indice de la persistance de la défiance interpersonnelle au Maroc. Pour ce qui est du sentiment de sécurité, l’enquête signale que la sécurité physique est de moins en moins ressentie comme un souci pressant pour les Marocains : la part des citoyens qui ne se sentent pas du tout ou pas suffisamment en sécurité a sensiblement baissé, passant de 23% en 2016 à 15,3% en 2023.

Les médias, le monde virtuel et le lien social
L’IRES relève une croissance de l’usage de l’Internet dans la vie sociale et professionnelle des Marocains, à un moment où la radio et la télévision et, dans une moindre mesure les journaux, qui étaient crédités d’une réputation plutôt favorable en 2016, semblent subir une érosion de leur contribution au renforcement du lien social. Par ailleurs, sept Marocains sur dix pensent en effet que l’espace virtuel constitue un danger pour le lien social au Maroc. Les réseaux sociaux contribuent à la propagation des fake news selon 85% des Marocains. Quant aux raisons pour lesquelles les Marocains naviguent sur les réseaux sociaux, la principale raison est de rester en contact avec les membres de la famille et les amis, de combler les moments d’ennui, de s’informer sur les évènements culturels…L’IRES estime que l’usage politique de l’Internet demeure relativement faible et reste l’apanage des minorités actives dont la motivation est d’organiser des événements politiques.

Trois quarts des Marocains confiants quant au renouveau diplomatique du Royaume
Une large majorité des Marocains exprime sa confiance dans les perspectives économiques du Royaume à moyen terme (5 ans). Le camp optimiste (37%) et neutre (45%) l’emportent nettement en termes de confiance dans l’avenir. Seule une proportion faible de la population (18%) se montre sceptique quant aux conditions économiques au Maroc au cours des cinq prochaines années comparé à l’état actuel. Convaincus que le Maroc dispose d’atouts majeurs pour faire face aux incertitudes multidimensionnelles auxquelles est confronté le monde, près de trois quarts des Marocains sont confiants aussi bien quant au renouveau diplomatique du Royaume – qui devrait lui permettre de renforcer son rayonnement à l’échelle régionale et internationale – qu’à la capacité du Maroc à s’affirmer et à émerger en tant que puissance économique régionale. L’enquête indique que l’indice de confiance dans l’avenir est réconfortant et se profile comme un capital social émergent à investir pour conforter la confiance institutionnelle et les avantages comparatifs du Maroc à l’international.