ALM : Plusieurs partis politiques estiment que le taux de 12 % que le gouvernement a exigé pour la représentativité féminine aux prochaines élections communales est difficile à atteindre. Ces partis avancent comme argument le nombre très réduit des femmes qualifiées. Qu’en pensez-vous?
Amina Bouayach : Je pense que cette justification n’est pas très convaincante. La participation des femmes dans le champ politique ne date pas d’aujourd’hui. L’histoire de notre pays démontre avec clarté le rôle que la femme a joué dans l’action politique et sociale. La femme a toujours été présente aux côtés de l’homme dans l’action politique. Plusieurs domaines sont marqués par la contribution de la femme, notamment le domaine économique et financier.
Il y a un nombre important de femmes très actives et qui ont une présence remarquable dans le domaine politique. Les élections législatives de 2007 ont fait ressortir une élite féminine très influente. La présence des femmes au sein du Parlement est qualitative. Les dispositions des conventions internationales incitent les Etats signataires à prendre toutes les mesures nécessaires pour augmenter la représentativité féminine dans la vie politique.
La présence des femmes dans le Parlement est donc significative et apporte de la valeur ajoutée. Les femmes qualifiées pour les communales ne manquent pas. Les partis politiques qui avancent l’argument du nombre réduit de femmes qualifiées n’ont-ils pas peur du résultat du vote et de son impact sur leur rang dans l’échiquier politique ?
Quel rôle peut jouer donc la société civile dans le changement de cette conception ?
Cette question est claire pour moi. L’égalité entre les hommes et les femmes est un principe fondamental et tout à fait légitime. Le rôle des associations doit se focaliser sur la consolidation de ce principe et le renforcement de l’égalité des chances entre les hommes et les femmes. Cela ne peut qu’avoir un effet positif sur la vie en société. La société civile doit se pencher sur le volet éducatif. Cela signifie que les associations doivent faire des efforts de sensibilisation quant au rôle que peuvent jouer les femmes dans la gestion des affaires locales, notamment dans le milieu rural. La participation des femmes dans le milieu rural est plus ou moins faible.
Si les partis politiques travaillent de manière responsable et présentent un discours plus évolué, je crois que les choses changeront. Les associations ont aussi leur rôle à jouer aux côtés des partis politiques.
Est-ce qu’on peut dire qu’au sein des partis politiques, il y a une mentalité «machiste» ?
Au sein de la quasi-totalité des partis politiques, il y a des femmes au sein des bureaux politiques. Autrement dit, les femmes occupent des postes de responsabilité dans les partis politiques marocains. Dans les partis, la priorité n’est pas donnée aux hommes au détriment des femmes. Les femmes compétentes et intègres auront toujours leur place.
Les femmes doivent être présentes dans la gestion des affaires locales et être présentes au sein des conseils des collectivités locales. La transparence et la crédibilité devront primer.














