ALM : Le 7ème congrès coïncide avec le 20ème anniversaire de l’Organisation marocaine des droits de l’Homme, êtes-vous, satisfaite du bilan de votre Organisation ?
Amina Bouayach : Je pense que l’OMDH a fait un long chemin. Nous avons pris le temps nécessaire à travailler sur le dossier des violations graves des droits de l’Homme. Nous avons pu informer l’opinion publique et lui présenter les contours du dossier des violations. Dès 1993, nous avons proposé la mise en place d’une commission de vérité chargée de mettre la lumière sur les violations passées des droits de l’Homme. 10 ans après, cette commission a vu le jour. L’OMDH a toujours été à l’écoute de la société. Maintenant je pense que l’opinion publique doit être mobilisée dans le sens de la consécration de l’égalité devant la loi. Justement, parce que la lecture du passé des violations nous permet de constater que ces dernières ont eu lieu à cause de l’impunité dont jouissaient les responsables des violations graves des droits de l’Homme.
Le 7ème congrès de l’OMDH a choisi comme thème «La lutte contre l’impunité». Pourquoi à votre avis ?
Je pense que parmi les garanties fondamentales de non-répétition des violations graves des droits de l’Homme c’est mettre fin à l’impunité de tout responsable des violations des droits de l’Homme aussi bien politiques, civiles, économiques et sociales . C’est la clé et le pivot de la consolidation de ce processus. Le rapport sur le développement humain qui a été publié à l’occasion du 50ème anniversaire de l’independance du Royaume est une lecture de la gestion faite par les autorités en matière des droits économiques, sociaux et culturels. Le rapport affirme une reconnaissance de violations des droits sociaux, économiques et culturels. L’impunité ne concerne pas que les droits politiques mais aussi ceux économiques et socio-culturels. Nous revendiquons dorénavant l’égalité devant la loi car ces violations ont eu lieu à cause de l’absence de l’égalité devant la loi et de l’impunité.
Quels sont à votre avis les enjeux du 7ème congrès de l’OMDH ?
Je ne pense pas qu’il y ait d’enjeux politiques. L’OMDH n’est pas un tremplin politique. Depuis sa création, nous nous sommes engagés dans une approche de concrétisation des droits de l’Homme et de la démocratie. Nous sommes une organisation qui est à l’écoute de ce qui se passe dans la société. Nous sommes une organisation non gouvernementale qui constate la situation des droits de l’Homme, établit des rapports relatifs aux violations des droits de l’Homme, élabore des propositions, organise un plaidoyer pour le respect des droits de l’Homme protège les victimes des droits de l’Homme et fouille dans la mise en œuvre des mécanismes internationaux et nationaux pour les droits de l’Homme.
Plusieurs amendements au règlement intérieur de l’Organisation sont à l’ordre du jour du 7ème congrès. Pouvez-vous nous éclairer sur la teneur de ces amendements ?
Bien évidemment, les amendements concernent le statut intérieur de l’OMDH. L’un des amendements concerne l’élargissement de la participation des membres du conseil national.
Cet amendement vise la tenue régulière de quatre sessions du conseil national, considéré comme le parlement de l’OMDH, au lieu de trois, avec la possibilité de tenir des sessions extraordinaires. Le deuxième amendement concerne l’amélioration des dispositions du statut et ce afin de l’adapter à l’approche genre et enfin l’institutionnalisation de la présence des jeunes au niveau des structures locales et nationales.