Dans leurs codes pénaux, les pays arabes n’ont pas inclu une disposition sur l’apostasie, à l’exception du code soudanais et mauritanien. Toutefois le code pénal marocain reste très discret à ce sujet. En effet, il reconnaît le libre exercice des cultes reconnus par le Roi et l’Islam et protège ce droit dans les articles 221 et 223 mais punit seulement celui qui amène un musulman à apostasier et ne dit rien de l’apostat lui-même. Ainsi, l’article 220 dit qu’il " est puni, d’un emprisonnement de six mois à trois ans et d’une amende de 100 à 500 dirhams, quiconque emploie des moyens de séduction dans le but d’ébranler la foi d’un musulman ou de le convertir à une autre religion, soit en exploitant sa faiblesse ou ses besoins, soit en utilisant à ces fins des établissements d’enseignement, de santé, des asiles ou des orphelinats. En cas de condamnation, la fermeture de l’établissement qui a servi à commettre le délit peut être ordonnée, soit définitivement, soit pour une durée qui ne peut excéder trois ans".
Toutefois, l’absence de disposition pénale ne signifie nullement que le musulman peut librement quitter sa religion. En 1962, feu Hassan II, à l’occasion du procès des Bahaïs, une communauté religieuse transnationale, affirma que le libre exercice des cultes ne signifie pas la liberté d’embrasser n’importe quel culte. En effet, lors d’une conférence de presse le 12 décembre 1962, il déclara que les cultes hébraïque et chrétien peuvent s¹exercer en toute liberté car ce sont des religions admises par l¹Islam, ³ce qui ne veut pas dire que demain, le Maroc dans son ordre public, acceptera qu’on vienne sur la place publique officier au soleil ou au fétichisme." Les lacunes du droit écrit sont à combler par le droit musulman. Il n’est donc pas nécessaire d’avoir une loi écrite pour pouvoir punir un apostat.
Vers l’année 1994, une dizaine de jeunes marocains ont été présentés devant la cour d’appel de Casablanca. Arrêtés par la police, ces jeunes appelaient, sur les ondes de la radio, les Marocains pour se convertir au christianisme.
Neuf membres du groupe ont été relâchés après avoir renoncé à leur nouvelle religion, alors que le dixième fut condamné à trois ans de prison. Il a refusé de renoncer au christianisme puisque le mouvement, dont il faisait partie, lui garantit un avenir propice, économiquement et socialement. Mais en fin de compte, ce dernier a été également relâché.
Ce phénomène, d’origine externe, a certainement des conséquences néfastes sur le Maroc, et sur les pays arabo-musulmans en général. L’apostasie expose, sur le plan intérieur, ces pays arabes et musulmans à des confrontations entre les régimes et les intégristes musulmans.