L’enquête sur les attentats de Madrid revient au-devant de la scène avec la fin de l’instruction du dossier. En effet, le juge en charge de l’affaire, Juan Del Omo, pourrait inculper une trentaine de suspects tous incarcérés en attendant l’ouverture des poursuites judiciaires. Parmi les principaux accusés, le Marocain Jamal Zougam, Othman El Gnaout, Bassel Ghayoun et Abdelmajid Bouchar. Pour Juan Del Olmo, les patrons de la cellule terroriste sont le Marocain Jamal Ahmidan dit le Chinois et Serhane Ben Abdelmajid, alias le Tunisien. Ces derniers ont mis fin à leur vie le 3 avril dans la banlieue madrilène de Luganès.
Les enquêteurs se sont basés notamment sur des documents trouvés dans les ordinateurs des deux suicidés pour déterminer la piste à privilégier. La piste irakienne. En effet, un des textes gros de 42 pages confisqués a pour intitulé : “ Jihad irakien, espoir et dangers“.
Pour la justice espagnole, Ahmidan et Ben Abdelmajid se sont inspirés de recommandations d’un "comité de sages" d’Al-Qaïda, conseillant de commettre des attentats en Espagne avant les élections du 14 mars 2004. Objectif : obliger le gouvernement de José Maria Aznar à retirer les troupes espagnoles d’Irak.
Ainsi, les attentats du 11 mars 2004 ont été "inspirés" par le réseau d’Oussama Ben Laden, mais non "exécutés" par lui, une conclusion semblable à celle des enquêteurs britanniques dans l’affaire des attentats de Londres, selon la presse britannique.
Al-Qaïda étant devenue une marque de fabrique, pas besoin que l’ordre de planifier des attentats terroristes vienne directement de cette organisation, n’importe quel groupe ou bande locale se réclamant de l’idéologie Ben Laden peut passer à l’acte dans un pays jugé impie et le revendiquer au nom d’Al Qaïda.
En tout cas, voilà, qui dans le cas de Madrid, dément clairement la thèse défendue par le journal El Mundo et son directeur qui en a fait tout un livre qui manque gravement de crédibilité.
Une thèse selon laquelle les autorités marocaines seraient derrière les attaques du 11 mars avec comme but inavoué de provoquer la défaite de la droite busho-aznariste lors des élections législatives du 14 mars en guise de représailles dans l’affaire de l’îlot Leïla. Bien au contraire, les services marocains, dans le cadre de la coopération antiterroriste, ont alerté leurs homologues espagnoles sur le risque d’attentats en Espagne mais ces derniers n’ont pas pris la mise en garde marocaine au sérieux.
Résultat : le plan terroriste n’a pas été déjoué, le carnage a eu lieu et ce sont les socialistes de José Luis Zapatero qui ont remporté la bataille électorale, annonçant dès le lendemain de la victoire le retrait des soldats espagnols d’Irak.