Après l’annonce fulgurante des mesures prises pour l’ouverture du ciel marocain dans le cadre d’un accord paraphé dernièrement à Marrakech en marge d’un forum international, diverses réactions devraient suivre pour un éclairage plus réaliste de la situation en vue d’en mesurer la portée sans verser dans l’optimisme béat et sans porter préjudice à la crédibilité du système d’aviation civile de notre pays.
Il y a lieu, tout d’abord, d’observer une attitude de reconnaissance vis-à-vis de tous les efforts et les réalisations qui ont été accomplis depuis la prise en compte de cette activité technique et économique par les pouvoirs publics nationaux en 1961/62. La construction de ce qu’il est légitime d’appeler la maison de l’aviation civile nationale n’a pas été une tâche facile.
Malheureusement, ceci n’apparaît pas à travers les commentaires injustement diligentés publiés par certains médias depuis l’annonce de la nouvelle.
En tout état de cause, les responsables avisés et imbus du sujet auront, sans aucun doute, saisi que l’aboutissement, même partiel, de « l’ouverture du ciel » n’a pu être concrétisée sans le vaste programme de mise à niveau de notre système d’aviation réalisé en 1996/97 qui s’est appuyé sur les remarquables efforts de développement du secteur entrepris par nos pouvoirs publics depuis les quatre dernières décennies. Il est également utile de rappeler que c’est en se basant sur ces acquis antérieurs que notre pays a conclu un « accord de ciel ouvert » avec les USA en octobre 2000 et a entamé des discussions avec l’UE dans le même objectif. Les officiels devraient fournir des éléments objectifs d’information pour ne pas permettre la diffusion de propos subjectifs à ce sujet.
Tout comportement triomphaliste dans le domaine du transport aérien peut avoir des conséquences incommensurables sur la capacité d’un pays à en supporter les contraintes. Il faut toujours et de façon inlassable et fortement responsable avoir présent à l’esprit, que le principe de «gagnant-gagnant » doit prévaloir entre les différents partenaires. Le sort de notre compagnie nationale doit également constitué un souci constant de nos décideurs. L’adaptation de sa politique devrait être entreprise par paliers successifs, eu égard aux développements de son environnement.
Des actions, susceptibles de la déstabiliser ou de l’anéantir sont à éviter pour préserver notre pays de conséquences néfastes irrémédiables. Cela ne veut pas dire que se défends le monopole. Un autre aspect mérite une attention particulière et la prise de mesures importantes. Il s’agit de l’administration de tutelle dont il faut absolument renforcer les pouvoirs et l’autonomie de décision. La multiplicité des opérateurs qui constituent la conséquence immédiate de la libéralisation même partielle du ciel, nécessite l’existence d’une autorité de régulation forte et une législation claire en matière de concepts d’accompagnement conformément aux standards internationaux.
La gestion aéroportuaire devrait également suivre le mouvement à l’instar de ce qui a été entrepris durant la dernière décennie avec une vision prospective pour anticiper sur les développements futurs du transport aérien.
En prenant en considération tous ces éléments et bien d’autres qu’il serait trop long de développer, on s’apercevra, aisément, que légiférer dans le domaine du transport aérien n’est pas simple du tout, compte tenu des diverses implications qu’il suscite. La sagesse et la perspicacité sont de mise pour atteindre les objectifs souhaités et pour assurer la pérennité du système et sa capacité à contribuer efficacement au développement harmonieux de l’économie nationale en général et du tourisme national en priorité. Le « chater » a été libéralisé en 1996 et les dérogations pour des destinations touristiques peuvent être autorisées dans le domaine du régulier.
Le potentiel de notre pays est énorme, il suffit de capitaliser sur nos acquis pour transcender tous les écueils qui se présenteront et affronter avec succès tous les défis.
Essaïd Ameskane