Société

Aurelio, un cas humanitaire

En regardant son mari partir à bord de son camion un certain matin du début février 2002, Gloria Jiménez ne pouvait imaginer que sa vie ne sera plus jamais la même.
En effet, quelques jours plus tard, le 12 février, son époux, Aurelio Llave, allait être arrêté au port de Tanger pour trafic de drogue. Les services de la police du port de Tanger ont trouvé à bord de son camion 570 Kg de résine de cannabis.
« Aurelio est innocent », affirme sa femme qui assure qu’il est incapable de faire une chose pareille. Pour elle, il s’agit d’une opération montée à l’insu de son mari qui n’est qu’un simple chauffeur.
Âgé de cinquante-huit ans, Aurelio n’a jamais eu de problèmes avec la justice. Il a toujours travaillé dans les règles pour subvenir aux besoins de sa famille formée par une épouse et deux enfants. Une famille qu’il a su protéger et maintenir unie depuis 1969, l’année où il a épousé Gloria.
Ainsi, durant trente-trois ans de mariage, le couple Aurelio-Gloria a vécu dans le bonheur, et ce malgré quelques déceptions que la vie leur a réservées. « Nous avons perdu un fils, il y a dix ans. Cela nous a fait de la peine à tous, mais nous avons pu surmonter ce problème grâce à notre foi et à notre union », avoue Gloria. Mais, les malheurs de la famille d’Aurelio ne s’arrêtent pas là.
Ainsi, à partir de 1989, il est atteint d’un cancer des os qui attaquera sa mâchoire supérieure et lui fera perdre toutes les dents avant de lui attaquer le palais. Le traitement va durer plus de neuf ans. Et, en 1999, après avoir perdu les deux mâchoires, le palais et le menton, Aurelio est soumis à une opération de transplantation des os qui va durer plus de seize heures. C’était l’unique solution pour le sauver.
Mais, les problèmes de santé vont continuer. Une insuffisance respiratoire grave va aussi se rajouter à son cahier médical. Mais, habitué depuis l’âge de seize ans à travailler, Aurelio ne veut nullement arrêter de le faire. Un ami lui propose, début 2002, de travailler comme chauffeur d’un camion de transport de fruits et de légumes entre le Maroc et l’Europe. Il accepte et commence à travailler mais, ravagé par la maladie, il se fait aider par un accompagnateur : un jeune de quarante-trois ans. Il ne savait pas qu’il s’apprêtait à vivre une expérience des plus terribles de sa vie.
Après son arrestation au port de Tanger le 12 février, Aurelio est condamné, sept jours plus tard, par le tribunal de première instance de Tanger à une peine d’emprisonnement de six ans ferme et à une amende de 54.000 euros. Une peine qui sera réduite, trois mois plus tard, par la Cour d’appel à cinq ans et 24.000 euros d’amende.
« Cette amende, je ne pourrais jamais la payer, car nous n’avons toujours eu que juste de quoi subvenir à nos besoins », affirme Gloria.
D’ailleurs, il y a quelques mois, elle a fait appel à une collecte de fonds publique en Espagne afin de réunir cette somme. « La collecte de fonds n’a pas réussi et nous n’avons pas pu rassembler l’argent », dit-elle.
Cependant, la santé de son mari s’est largement détériorée dans la prison de Tanger. Son insuffisance respiratoire s’est aggravée et il a développé un emphysème pulmonaire.
Et puisque son état de santé nécessite un appareil respiratoire, qui n’est pas disponible dans la prison de Tanger, sa femme demandera l’aide de la Sécurité sociale espagnole qui se chargea de lui faire parvenir cette machine et tout le système qu’elle nécessite et on la lui installa dans l’infirmerie de la prison. Depuis, Aurelio vit dans l’infirmerie de la prison.
Gloria essaye par tous les moyens d’aider son mari en expliquant son état de santé et les problèmes dont il souffre. « Quand je pense qu’il lui reste encore presque quatre ans à passer en prison, je me dis que je ne pourrais peut-être plus le revoir en liberté. Car, je ne crois pas que son état de santé puisse résister si longtemps », dit-elle.
Gloria, qui a frappé à toutes les portes et a utilisé tous les recours possibles, n’a plus qu’un seul espoir pour mettre un terme à la souffrance de son mari.
« Aujourd’hui, à travers votre journal, je soumets le cas de mon mari à Sa Majesté le Roi Mohammed VI en l’implorant de bien vouloir l’entourer de sa haute sollicitude. Je sais que Sa Majesté est très sensible à la souffrance des autres et je crois que le cas de mon mari est typiquement humanitaire, dit-elle.
« Qu’il soit innocent ou coupable, bien que je sois à cent pour cent sûre de son innocence, Aurelio, qui a presque soixante ans et qui souffre de graves problèmes de santé, espère avoir une chance de retrouver sa famille et que l’on mettra fin à ses souffrances », explique-t-elle.
Chaque année, des dizaines de cas de chauffeurs de camions, marocains et étrangers, sont détenus dans les ports marocains pour trafic de drogue. Et si la plupart sont impliqués dans ce trafic, d’autres, par contre, sont victimes des réseaux mafieux qui installent la drogue dans les camions à leur insu. Mais, comment la justice peut-elle savoir la vérité dans des cas comme celui d’Aurelio.

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