Société

Aux origines du syndicalisme politique

Le 20 mars 1955, l’UMT (Union marocaine du travail) s’est constituée à Hay Bouchentouf dans le feu de la lutte pour la libération du Maroc du joug du Protectorat français.
Un événement considéré par les nationalistes comme un acquis historique qui allait inciter la mobilisation des masses laborieuses et donner suite au retour du Sultan Mohammed V ainsi qu’à l’indépendance du pays. C’était donc un acte qui ne se limitait pas à la libération de la sphère syndicale ouvrière de la main-mise étrangère, mais qui dépassait ce niveau et s’inscrivait dans le droit chemin de la lutte nationale. Une rencontre avec le politique qui allait peser lourd sur l’action syndicale au Maroc durant les décennies qui s’en suivirent.
Politisée jusqu’à la moelle épinière, l’UMT se comporta durant les premiers mois de l’indépendance comme un détenteur de la vérité politique et en tant qu’avant-garde, mais une avant-garde qui avait constamment besoin d’un pare-choc politique. Mais suite à la scission qui allait secouer le Parti de l’Istiqlal, dès janvier 1959, et donner naissance à l’UNFP en septembre de la même année, le positionnement syndical sur le plan politique devint problématique.
Finalement, cet appareil syndical devient l’otage des courants en conflits au sein de l’UNFP.
Entre temps, les syndicalistes, restés fidèles à l’Istiqlal constituèrent, en 1961, leur propre appareil, l’UGTM (Union générale des travailleurs du Maroc) et choisirent la date du 20 mars pour célébrer cet événement. Riches d’enseignements tirés d’une expérience dure et décevante, les dirigeants du nouveau syndicat élaborèrent un statut et un règlement interne qui accordent au parti le droit de gestion et d’orientation de l’action syndicale, faisant ainsi de l’UGTM une courroie de recrutement, de transmission et de liaison au service du parti. La même démarche a été observée sur le plan estudiantin et au niveau de plusieurs associations.
Deux démarches, donc, qui vont générer deux expériences différentes. Mais alors que l’UGTM est restée attachée, pour le meilleur et pour le pire, à l’Istiqlal, l’UMT a emprunté le chemin qui convient le plus à ses dirigeants, c’est-à-dire celui de l’autonomie syndicale par rapport à l’action partisane.
A la fin des années soixante-dix, une nouvelle centrale syndicale, la CDT (Confédération démocratique du travail) a vu le jour affichant qu’elle allait défendre, à la fois, le principe de l’autonomie syndicale et un engagement aux côtés des forces politiques du pays.
Après une vingtaine d’années, cette nouvelle centrale, sera à l’origine de la création d’un nouveau parti politique, le Congrès national ittihadi, sorti des tripes de l’USFP, ouvrant ainsi la voie à une nouvelle version du syndicalisme partisan. Mais, tout en incluant en son sein plusieurs composants politiques ; et ce, alors que le rôle même de la « classe » ouvrière au changement commence à céder le pas à de nouveaux acteurs sociaux.

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