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La problématique de l’avortement clandestin refait surface. Mardi 12 juin, un congrès national organisé par l’Association marocaine de lutte contre l’avortement clandestin (AMLAC) à Rabat a rassemblé 300 experts. Acteurs de la société civile, médecins, députés ont répondu présent. Ce qui ne fut pas le cas du Parti de la justice et du développement (PJD) qui a préféré boycotter le congrès. «L’absence de Bassima Hakkaoui n’est pas une surprise. Par contre, celle de Saâd-Eddine El Othmani m’étonne dans la mesure où il a été l’une des premières personnes à me soutenir dans ce combat», affirme Chafik Chraïbi, président de l’AMLAC.
Rappelons à ce sujet que le PJD a été le premier parti politique à avoir lancé le débat sur l’avortement au Parlement en 2008. Le Pr Chraïbi avoue ne pas comprendre ce revirement de position tout en relevant que «Abdelilah Benkirane s’est lui-même prononcé favorable à un assouplissement de la loi dans des cas bien précis». Les autres grands absents et pourtant concernés en premier lieu par la question  sont le ministre de la santé, Lhoussaine Louardi et Mohamed El Ouafa, ministre de l’éducation nationale. Des absences qui témoignent que  l’avortement ne constitue toujours pas une question prioritaire dans notre pays. Et pourtant, les statistiques reflètent un tableau bien sombre. Chaque jour, 800 avortements clandestins sont pratiqués au Maroc dont 600 médicalisés et 200 non médicalisés.
A l’issue de ce congrès, plusieurs recommandations ont été émises dont l’organisation prochainement d’une journée d’étude au Parlement. Parmi les autres mesures prévues figure la mise en place d’une commission composée d’une dizaine de personnes (députés, médecins) et qui sera chargée de déposer une proposition de loi au Parlement. «Le texte juridique devrait être déposé avant la fin de l’année», précise Pr Chraïbi.
Depuis sa création, l’AMLAC plaide pour une légalisation de l’avortement dans des cas bien précis: viol, inceste, malformations fœtales, filles mineures, femmes âgées de plus de 45 ans, pathologies psychiatriques, grossesse mettant en jeu la vie ou la santé de la mère, vulnérabilité sociale, échec ou absence de contraception (couple en mariage ou hors mariage) ainsi que dans certaines situations sociales dramatiques (une domestique qui a été abusée sexuellement…). La Législation actuelle ne permet pas de pratiquer un avortement dans  de telles situations. C’est pourquoi le Pr Chraïbi appelle à un assouplissement de la loi notamment l’article 453 du code pénal qui n’autorise l’avortement qu’en cas de pathologies maternelles graves, pouvant mettre en danger la vie de la mère. Outre un allégement de la Législation, le Pr Chraïbi préconise d’autres mesures portant sur la prévention à travers notamment l’introduction de l’éducation sexuelle dans le cursus scolaire et la promotion des méthodes de contraception efficaces.
Pour le président de l’AMLAC, autoriser l’avortement (sous conditions) permettra aux femmes démunies et victimes de leur ignorance d’avorter en milieu hospitalier à un coût raisonnable et sans complications. «En légalisant l’avortement au Maroc sous des conditions bien précises et délimitées, des milliers de jeunes femmes pourront être sauvées et échappées aux complications graves et à la mort», conclut-il.

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