Société

Azzedine Chraïbi : «Ces résultats ne reflètent pas les efforts colossaux du gouvernement»

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ALM : Comment évaluez-vous cette hausse du nombre des accidents ?
Azzedine Chraïbi : C’est une hausse inquiétante d’autant plus que ce bilan nous place pour la première fois au-dessus de la barre de 4000 tués. Ces résultats vont à l’encontre de nos attentes et ne reflètent pas les efforts colossaux consentis par le gouvernement en matière de lutte contre l’insécurité routière dans différents domaines, notamment en ce qui concerne la réforme et la modernisation du secteur des transports, l’infrastructure en rase campagne et en matière de communication et de sensibilisation.

À Tanger-Tétouan et à l’Oriental, on a enregistré une diminution du nombre des tués. Qu’est-ce qui explique cette situation ?
Cette situation disparate entre les régions Tanger-Tétouan et l’Oriental d’une part et les autres régions du Royaume d’autre part peut s’expliquer essentiellement par les fortes intempéries qu’ont connues ces deux régions et qui ont eu un véritable impact sur la mobilité dans ces deux régions. En effet, si l’on prend la région de l’Oriental, la baisse la plus importante a été observée durant le mois de décembre 2008 et qui était de l’ordre de 41,46 % alors que durant les 9 premiers mois de l’année 2008, le nombre de tués a enregistré une hausse de 3% dans cette même région. En ce qui concerne la région de Tanger-Tétouan, le changement de tendance a été observé à partir du mois d’août 2008 et s’est renforcé à partir du mois d’octobre 2008.

Pour mettre fin aux accidents de circulation, le ministère du Transport met l’accent sur la nécessité d’une réforme profonde du Code de la route. Qu’en pensez-vous ?
Le Code de la route actuel date de 1953 et malgré les amendements qui lui ont été apportés, ce dernier reste en déphasage avec les évolutions technologiques et les impératifs du développement socio-économique de notre pays. Et notamment, en ce qui concerne l’évolution de la mobilité, l’augmentation de la population, de l’urbanisation et du parc automobile. Il est anormal que des pays qui ont le même niveau de développement socio-économique que le Maroc, voire moins comme la Tunisie, l’Algérie, la Jordanie, la Syrie, le Sénégal, ont pu adopter de nouveaux Codes de la route pour leurs citoyens ce que nous nous n’avons pas pu faire jusqu’à aujourd’hui. Des projets comme le Code de la route sont catalyseurs et conditionnent la réussite ou non de plusieurs autres projets comme le contrôle routier qui est un pilier important et déterminant de toute stratégie de sécurité routière.

Qu’en est-il des conditions de circulation ?
L’amélioration des conditions de circulation en milieu urbain est un chantier qui ne doit pas être perdu de vue. Nos villes deviennent de plus en plus importantes en termes de population et de mobilité alors que l’aménagement des infrastructures, la signalisation et la gestion de la circulation ne suivent pas le même rythme. Nos villes doivent offrir un cadre de vie meilleur, une circulation fluide, mais sécuritaire pour tous les usagers de la route. La priorité doit être accordée essentiellement aux usagers vulnérables, piétons et deux roues qui représentent aujourd’hui près de 80% des victimes en milieu urbain et ce, à cause de la défaillance par endroits des aménagements et de la signalisation.

Après la sensibilisation, la pédagogie, le choc des images. Que faut-il faire maintenant ?
La stratégie de communication du CNPAC fait partie de la stratégie gouvernementale de sécurité routière. Cette stratégie évolue et elle est réadaptée selon les circonstances et l’évolution du dossier de la sécurité routière au niveau national. Après la hausse des accidents et des victimes en 2008, notre stratégie a été revue en 2009 pour qu’elle soit plus percutante, stimulante et mobilisatrice aussi bien des partenaires que des usagers de la route en vue de préparer le retour à la normale en 2010 et atteindre les objectifs du Plan stratégique intégré d’urgence de sécurité routière (PSIU-II). Par ailleurs, il y a lieu de noter que les objectifs de la communication sont clairs et bien définis. De ce fait, l’évaluation de l’action de communication doit être effectuée par rapport à ses objectifs de communication et non par rapport aux objectifs stratégiques. Les résultats des études d’évaluation de nos actions de communication montrent une forte pénétration au sein des ménages marocains et auprès de toutes les catégories d’usagers de la route.

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