Société

Bachkou, un quartier de désespoir

Environ 2000 baraques installées sur un terrain encerclé par deux routes, Makka et Taddart, les immeubles de l’ERAC et l’autoroute. Des ruelles, dont la largeur ne dépasse pas 50 centimètres, et encore moins dans certains cas. Des enfants portant des habits déchirés et complètement maculés jouent dans la poussière entre les rues et devant leurs habitations.
Des femmes qui exposent le linge sur des filets placés entre les baraques et restent sur place pour le surveiller de près. Des marchands ambulants qui sillonnent les artères du bidonville pour écouler le reste des fruits et légumes aux environs de midi et le soir.
Le grand absent dans ce bidonville est l’hygiène. Des petits points noirs abondent partout. Des sacs noirs en plastique pleins d’ordures ménagères et autres détritus s’amoncellent au fond des petites ruelles, dégageant des odeurs nauséabondes qui agressent l’odorat des habitants. Les habitants se sont accoutumés à cet état de choses. Et l’habitude devient une seconde nature, dit-on. Cette malpropreté qui sévit dans le secteur s’accompagne de l’insécurité. Le bidonville est un foyer pour les repris de justice, des malfrats, des marginaux mais aussi des trafiquants de drogue. L’insécurité et la malpropreté provoquent un grand dérangement pour les habitants des immeubles limitrophes du côté de la route Makka et Taddarte. Il faut rentrer tôt pour échapper aux malfrats, en petits groupes, autour d’une bouteille de vin dans les coins du bidonville. En outre, les saletés entassées en face des immeubles modernes de l’ERAC obligent les habitants à ne plus ouvrir les fenêtres de leurs appartements ni à laisser leurs enfants sortir pendant la journée.
Le bidonville constitue un point noir pour tout le secteur. « L’enfant qui naît et qui grandit dans ces conditions ne peut être qu’un agresseur », commente un vieil habitant du bidonville, en précisant que certaines familles ne disposent que d’une petite baraque de quelques mètres. Et lorsque leur marmot, indique-t-il, atteint un certain âge, il ne peut plus passer la nuit avec ses parents. Chose qui l’expose à la dérive, s’il échoue dans ses études, conclut-il. Effectivement, dans certains cas, une famille de plus de huit personnes partage deux petites chambres de la même baraque. En cas d’extension, c’est la démolition. «On vit dans une calamité. Mes enfants n’ont pas pu poursuivre leurs études. Maintenant, nous sommes au nombre de six personnes dans cette petite baraque. Et aucun d’eux ne travaille. Lorsque j’étais en bonne forme, je faisais le ménage chez les autres familles aisées dans les villas et les immeubles voisins. Mais maintenant, ma santé ne me permet plus d’exercer quoi que ce soit. La charité est notre seule source », avoue Kaltoum, la cinquantaine, veuve et mère de cinq enfants. En effet, dans ce quartier, il y a des cas d’extrême pauvreté, mais il y a également des familles, nombreuses d’ailleurs, qui ont des revenus suffisants pour acquérir un logement décent. Elles attendent l’occasion pour bénéficier d’un lot de terrain ou d’un appartement livré par l’Etat dans le cadre de la lutte contre l’habitat insalubre. Dans ce cadre, le ministre de l’Aménagement du territoire, de l’urbanisme, de l’habitat et de l’environnement, Mohamed El Yazghi, avait déclaré que les gens allaient être recasés, dans des appartements construits dans ce sens. Mais jusqu’à présent, la situation du bidonville ne fait que s’aggraver. Pis encore, le programme de recasement prévu a eu des effets «négatifs». Les habitants ont commencé à installer des baraques clandestinement pour pouvoir bénéficier des lots de terrain ou d’appartements. Pendant le mois de ramadan de l’année 2000, les autorités sont intervenues, durant un week-end pour démolir toutes les baraques construites clandestinement sans que la population réagisse.
Aujourd’hui, le bidonville est branché au réseau électrique. Et vu l’architecture interne des baraques les risques d’un incendie deviennent sérieux. Il est à souligner que l’Etablissement Régional d’Aménagement et de Construction (ERAC) avait construit dans les parages de ce bidonville un ensemble d’immeubles destinés pour reloger les bidonvillois de Bachkou, mais par la suite ils ont été alloués à d’autres familles. Mais depuis le discours royal du 20 août 2001, lorsque le Souverain a érigé la question de l’habitat insalubre en « priorité absolue », un programme national, qui vise à éradiquer complètement l’habitat insalubre à l’horizon 2012, dont le coût global est de l’ordre de 30 milliards de dirhams, est mis en place. Un espoir pour éradiquer tous les bidonvilles qui menacent l’équilibre de notre tissu social et notre environnement.

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