Société

Barrer la route aux mercenaires

ALM : Pourriez-vous brosser à nos lecteurs votre propre profil?
Mohamed Réda Taoujni : Je suis né en 1967 à Casablanca. Directeur d’une société d’informatique et d’électronique industrielle. L’association que je préside est créée en 1995 sous le nom de Najah Souss- Agadir. En 1997, elle passe de l’action culturelle à la lutte pour la défense de la marocanité du Sahara. Son nom devient, alors, «l’Association Le Sahara marocain». Cette naissance s’est faite dans la douleur en raison du fait que les autorités refusaient toute action dans ce sens. Officielle soit-elle ou officieuse.
Comment évaluez-vous la position récente de la Commission européenne chargée du dossier du Sahara ?
C’est le rapport de la raison. Il n’a pas été dicté par des intérêts d’ordre économique, financier ou même politico-partisan.
L’autre partie à féliciter, dans ce cadre, est la diplomatie marocaine. D’après certaines sources d’information, la diplomatie marocaine a fait montre d’une efficacité sans précédent. Il ne faudrait pas perdre de vue que les Algériens avaient déployé un effort colossal pour que ce rapport puisse être à leur faveur. Finalement, c’est le contraire qui s’est produit.
Nous constatons, en revanche, qu’en Afrique les choses continue d’être à l’avantage des séparatistes. A quoi attribuez-vous ce fait ?
L’Afrique, en général, n’est pas une démocratie. Hormis, le Sénégal, la Tunisie, l’Egypte et quelques autres pays, la majorité des Etats vivent au-dessous des seuils de la pauvreté et de la démocratie ; et ce, alors que l’Algérie est «généreuse». En revanche, les grands Etats, comme le Nigeria, qui est un pays pétrolier, et l’Afrique du Sud ont des rapports très solides avec les Algériens.
De manière globale, quel regard portez-vous sur la diplomatie marocaine ?
Sur le dossier du Sahara, elle a encore un long chemin à faire et doit combler bon nombre de lacunes. Premièrement, il est inconcevable, en ce qui concerne la question nationale, que l’on n’ait pas, dans chaque ambassade un représentant spécialisé dans le dossier du Sahara à même d’informer l’opinion publique et les médias sur l’évolution de la situation, aussi bien sur le plan diplomatique qu’au niveau régional ou national.
Deuxièmement, il faudrait donner plus de liberté d’action, à ce sujet, aux diplomates et représentants marocains à l’étranger. Soit, sans attendre les instructions de Rabat, notamment en ce qui concerne la gestion quotidienne du dossier.
Et sur le plan national, comment vous voyez le développement de cette question ?
Il faut dire les choses telles qu’elles sont. Nous avons des milliers d’agents et de fonctionnaires, dans les régions sahariennes qui perçoivent leur salaire sans travailler. En revanche, une bonne partie de la population vit dans la pauvreté. En outre, l’aspect sécuritaire a toujours prévalu dans la gestion de ces régions.
Quel remède préconisez-vous à cette situation ?
La solution se situe au niveau économique et social. Le Conseil de développement des régions du Sud constitue une bonne initiative, mais encore faut-il qu’il soit opérationnel. Chaque région a des potentialités à promouvoir et à développer, il faudrait donc adopter une nouvelle politique d’encouragement des investissements et combattre l’existence des sociétés «fantomatiques» qui bénéficient du «paradis fiscal» (exonération d’impôts) dont jouit cette zone.
Sur le plan socio-politique, il faudrait mettre fin à la discrimination positive dont bénéficie une minorité de notables. Le Sahara de l’an 2002 est différent de celui des années soixante-dix. Aujourd’hui nous avons une nouvelle élite ayant fait ses études dans des hautes écoles à qui il faudrait affecter des postes de responsabilité.

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