Le tribunal de première instance de Larache a été archi-plein durant cette fin d’après-midi de jeudi dernier. Les habitants de douar Beggara étaient presque tous présents, pour suivre de près les derniers développements d’une affaire qui a chamboulé le cours de leur vie. Cette audience, suivie par ailleurs par différentes associations régionales et nationales, n’a pris fin qu’au petit matin de vendredi dernier. C’est ainsi que 18 femmes appartenant à ce douar, situé à seulement quelques kilomètres de la ville de Larache, ont été condamnées à quatre mois de prison avec sursis. Pour sa part, Mbarek El Betioui, le seul homme impliqué dans ce procès, purgera une peine d’emprisonnement ferme de quatre mois. Le tribunal de première instance de Larache les a également condamnés à payer un dirham symbolique aux plaignants, à savoir les forces de l’ordre. Quant au procès du seul mineur arrêté suite aux événements de Larache, le juge des mineurs l’a programmé pour cette semaine.
Cette affaire, qui a éclaté au grand jour le 15 du mois d’août dernier, oppose les habitants de Beggara à un promoteur immobilier de la région voulant bâtir des logements sur un terrain jouxtant ce douar. La superficie de cette terre objet de litige est de quatre hectares (Voir ALM n°972 et n° 990).
Une rencontre devait avoir lieu, hier dans l’après-midi, en plein cœur du douar de Beggara. Au menu de ce rendez-vous, une discussion autour du verdict avec notamment la participation de quelques membres de la société civile. En fait, et depuis le début du procès, les habitants ont instauré la tradition de se réunir autour d’un thé et de débattre des derniers développements. Une manière de décider et de prendre position communément.
Sous les feux de la rampe depuis ces dernières semaines, le Douar a concentré l’attention du monde associatif aussi bien de Larache que des autres villes. En effet, samedi 17 septembre a vu l’organisation d’une caravane par l’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH) en étroite collaboration avec d’autres associations féminines. Objectif : soutenir moralement ces femmes qui malgré tout signent et persistent. Ce procès prendra une nouvelle tournure puisque les femmes de Beggara ne comptent pas baisser les bras. Dans ce sens, un pourvoi en cassation est prévu très prochainement. L’affaire ne cesse de prendre de l’ampleur, d’autant plus qu’elles ont juré d’aller jusqu’au bout. À suivre.