Il était plutôt connu en tant que consultant au volet économique à la deuxième chaîne marocaine pendant une certaine période, mais le nouveau président de l’association Alternatives est en réalité un chercheur universitaire qui continue de travailler sur l’avenir de la pensée politique marocaine. Né à Rabat il y a 55 ans, Driss Ben Ali qui a fait ses premières études au lycée Moulay Youssef se retrouvera par la suite à l’université de Grenoble pour devenir enfin enseignant universitaire en France. Il est aussi membre de la commission scientifique des universités francophones et du Comité scientifique méditerranéen.
Le successeur de M.Ben Ammor à la tête d’alternatives a été élu lors de l’assemblée générale de l’association qui a eu lieu à Marrakech vendredi dernier. Une nouvelle responsabilité qui exigerait de M.Ben Ali beaucoup plus d’activité et il en est parfaitement conscient « L’association a réussi un acquis durant ces six dernières années qu’il va falloir enrichir en apportant une sorte de valeur ajoutée et peut être même un style différent » explique-t-il. Ce chercheur attitré considère que nous vivons actuellement un grand déficit en matière de réflexion politique, une confusion générale qui fait que le champ politique national est en train de s’assombrir et particulièrement à cause de « cet effritement des formations politiques et ce nombre énorme de partis qui poussent comme des champignons. » ajoute M.Ben Ali. Pendant une certaine période, les observateurs avaient conclu que l’Association Alternatives de par sa nature d’activité (Débats à grande envergure, rencontres des intellectuels des deux rives de la méditerranée…) n’est que la base d’un futur parti politique qui verrait le jour à l’occasion des prochaines élections. Il n’en est pas question affirme le nouveau président « nous continuerons de militer, mais notre vision va vers une union entre les forces politiques. Nous envisageons d’aller au-delà des discours qui dominent ces derniers temps la vie politique. Il y a une inflation de discours, or ce qui nous manque c’est la réflexion. » conclut le nouveau président. Sur un plan encore plus large et concernant les relations Nord-sud surtout après les événements du 11 septembre 2001, M.Ben Ali pense que les pays du Sud sont de plus en plus persuadés de l’émergence d’un nouveau genre d’hégémonie occidentale. Par conséquent, la démocratie pour les pays en voie de développement n’est qu’un instrument idéologique visant à infiltrer leurs systèmes sociaux. D’où les réactions à caractère identitaire (identité culturelle surtout) sous forme de fondamentalisme tous courants confondus. Pour M.Ben Ali, les démocrates se trouvent actuellement entre le marteau et l’enclume. Le marteau des régimes totalitaires ou les courants fondamentalistes primitifs et l’enclume de l’occident qui met tous les oeufs dans le même panier.
Bref, les vrais démocrates se trouvent dans une situation très embarrassante. Si l’on parle de fondamentalisme dans le monde arabe, poursuit M.Ben Ali « il existe aussi un fondamentalisme occidentale qui se résume dans cette phrase : Vous êtes arabe donc vous êtes automatiquement sectaire et chauvin et vous refusez la démocratie.
Une conclusion qui fait fi des démocrates du monde arabe et des pays du Sud en général ». Néanmoins le processus démocratique se poursuit avec une vision générale pour faire triompher la démocratie, selon le président d’Alternatives, car tous les ingrédients sont disponibles pour atteindre cet objectif.