Société

Benchekroun : «Les moyens manquent»

© D.R

ALM : Quel est le nombre d’enfants atteints par le cancer au Maroc ?
Saïd Benchekroun : Il faut dire qu’il n’y a pas de chiffres précis, parce qu’il n’y a pas de registres pour consigner le nombre d’enfants atteints par le cancer au Maroc. Tout ce que je peux dire est que nous enregistrons près de 1200 nouveaux cas annuellement. Les enfants que nous recevons viennent essentiellement du sud du Maroc et arrivent chez nous, ici à Casablanca, car leurs régions ne disposent pas de structures capables de leur procurer les soins nécessaires.
Quelle est la capacité d’accueil de ce centre d’oncologie de l’hôpital 20 Août, à Casablanca ?
Avec le Centre d’oncologie de Rabat, à l’hôpital d’enfants, nous sommes que deux organismes publics à assurer un traitement médical pour ces enfants cancéreux. À Rabat, on reçoit près de 400 nouveaux cas par an, tandis qu’à Casablanca, nous constations 300 jusqu’à 400 nouveaux cas, chaque année également. Nous disposons pour le cas du centre de Casablanca de 13 lits pour enfants. Et la durée de l’hospitalisation peut aller jusqu’à deux années pour les cas les plus compliqués. La leucémie aiguë est le type de cancer le plus fréquent chez les enfants au Maroc.
Comment faites-vous pour soigner un si grand nombre d’enfants cancéreux, alors que vous ne disposez que de 13 lits ?
Treize lits sont suffisants pour nous. D’ailleurs, il ne faut pas en avoir beaucoup. Il faut préciser qu’un centre d’oncologie fonctionne comme un service de réanimation. Je dis cela parce que nous sommes également un hôpital de jour : nous soignions, à longueur de journée, les malades qui n’ont pas atteint un stade nécessitant une hospitalisation et un suivi médical chaque heure. Vous savez, on ne peut pas accueillir un malade pour une période de deux années ! L’hôpital de jour est une pratique qui existe un peu partout dans le monde et qui nous permet de voir entre 10 à 15 enfants par jour.
L’hôpital de jour pose le problème du logement des enfants et de leurs parents. Qu’avez-vous entrepris dans ce sens ?
C’est l’un des sérieux problèmes que nous ne sommes pas encore arrivés à résoudre. Cela fait plus de 20 ans que nous oeuvrons pour construire une maison d’accueil pour ces enfants et ces parents qui parcourent de longues distances pour venir se soigner à Casablanca. Plusieurs tentatives ont fini malheureusement par échouer. D’abord, avec le géant mondial de la restauration rapide, Mc Donald’s, puis avec une association française pour enfants et même avec le consulat des Etats-Unis au Maroc. Le consulat nous avais proposé une aide de 80.000 dollars pour restaurer l’un des bâtiments de l’hôpital. Mais la décision du directeur de l’hôpital 20 août, de l’époque, de ne pas nous accorder un lieu pour y bâtir une maison pour les parents, nous avait fait perdre cette chance et cette somme pour réaliser ce projet. À Rabat, par contre, on a pu construire «La maison de l’avenir» qui ouvre ses portes à tous ceux qui doivent souvent consulter, mais qui ne peuvent élire, temporairement, domicile dans cette ville.
Mais en pratique, comment apportez-vous aides et soutiens à ces parents et ces enfants qui ne peuvent louer un appartement ou loger dans un hôtel durant la durée de l’hospitalisation ?
Heureusement qu’il y a « Agir » : une association de soutien aux malades du sang et aux enfants atteints du cancer. «Agir» ne ménage aucun effort pour aider les parents, aussi bien sur le plan matériel que moral. La société civile milite également pour soutenir ces familles qui viennent à Casablanca mais qui ne savent presque rien sur cette ville-là.
De quoi souffre votre service dans son fonctionnement quotidien ?
Il y a 15 médecins dans le service d’oncologie de l’hôpital 20 Août. Mais notre grand problème vient surtout d’un manque au niveau du corps paramédical.
Pour le budget, on a presque rien. Pour les médicaments et pour chaque année, il nous faut une enveloppe de 4 à 6 millions de Dh. Dans la réalité, nous fonctionnons avec 10 % de nos besoins. Nous tentons de compenser ces lacunes avec le soutien des ONG et autres organismes internationaux.

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