Société

Bennani : «Il faut arrêter les excès»

© D.R

ALM : Quelles sont les raisons de la création de ce Collectif ?
Mohamed Kheir Bennani : Je crois qu’il y a un ras-le-bol qui commence à s’étendre et peut même se généraliser en réaction aux dépassements de la Lydec. Il est vrai que lorsqu’il a été question de déléguer cette gestion, la société casablancaise était partagée entre ceux qui penchaient pour cette formule et trouvaient le choix de la Lyonnaise des eaux comme une bonne opportunité au vu de ses acquis ailleurs et une grande frange de la population qui estimait que son caractère étranger au pays aurait une connotation strictement commerciale et aucunement citoyenne ou pas du tout patriote…Il y avait aussi ceux qui prônaient pour un partenariat public-privé mais en faveur d’une entité nationale. Maintenant, au vu de ses résultats vis-à-vis des usagers, il se confirme de plus en plus que l’insatisfaction se généralise du fait que chacun quand il a un litige avec la Lydec se trouve dépourvu de tout moyen et de tout recours…C’est dire que la Lydec a toujours raison et l’usager a toujours tort…parce que le seul langage qu’elle s’autorise est celui de brandir le couperet ….de la coupure. 

Quel est donc le rôle de ce Collectif ?
Dans tous les cas, la Lydec profite toujours de sa position dominante et des termes du contrat établi de façon unilatérale qui la lie aux abonnés et qu’elle a  libellé, elle même, en sa faveur…alors pourquoi un collectif ? C’est justement pour unir différentes potentialités, chacun dans son domaine et de façon volontaire pour pouvoir s’opposer aux excès de la Lydec, la stopper aussi quelque peu dans cet élan qui s’oppose à la volonté des Casablancais et défendre les abonnés impuissants devant sa magnificence. Donc c’est parce qu’il y a des citoyens outrés et lésés par l’attitude de la Lydec et impuissants, qu’un petit noyau qui compte une trentaine de personnes a décidé de réagir, former et organiser un collectif des usagers de ce service public. Mais nous comptons élargir au maximum ce nombre. Chaque jour nous comptons de nouveaux inscrits. Les usagers et les insatisfaits sont nombreux…

Vous parlez d’un excès de pouvoir de la part de la Lydec. De quoi s’agit-il au juste ?
Les excès ! Je ne crois pas qu’il y a quelqu’un qui d’une façon ou d’une autre a eu un démêlé avec la Lydec et qui s’en est sorti heureux. Les factures tombent lourdement sur l’abonné comme un couperet, des frais et des taxations s’ajoutent, l’encaissement à domicile se fait de plus en plus rare, la proximité est déficiente, des contrats que l’on vous impose avec ou sans votre consentement…. Aujourd’hui, les Casablancais craignent pour leur pouvoir d’achat, car il est encore question de voir la Lydec augmenter ses prix qu’elle juge déjà non adaptés.

Comment l’action de ce Collectif compte se concrétiser sur le terrain ?
La finalité d’un contrat de gestion déléguée de service public est de mieux prendre en compte les attentes des administrés et servir leur intérêt, elle n’obéit pas à la seule logique marchande et au calcul économique de l’opération. Mais, il manque encore un outil juridique qui précise cette notion comme il manque un outil juridique permettant de confier à un tiers le soin de gérer des ouvrages, des équipements et des services concourant aux missions de service public.La gestion déléguée au Maroc dans le cadre d’un partenariat public-privé n’a pas été bien préparée. Elle a démarré sans outil ni cadre juridique. L’autorité délégante, elle-même, manque d’expérience sur ce terrain et maîtrise peu ou pas cette nouvelle forme de concession. Cet outil juridique est apparemment en préparation, il sera le premier mécanisme d’application et comblera une lacune du droit de la commande publique. À notre niveau, nous souhaitons agir pour que cet outil prenne mieux en compte les attentes des administrés. En attendant nous pouvons déjà
essayer, par voie juridique ou par voie de négociation, de modifier certaines pratiques non citoyennes opérées par le gestionnaire délégué. Nous attendons beaucoup des élus au sujet de la révision attendue du contrat de gestion déléguée.

Est-ce qu’un recours au tribunal est prévu contre la Lydec ?
La Lydec est dans une position dominante. Dans d’autres pays, on peut assigner en justice pour abus de position dominante ou même pour manque de transparence. Ici, imaginez un petit ménage essayant d’assigner en justice la Lydec même s’il est dans son droit, allez-y ! J’ai contacté 2 membres du barreau qui m’ont dit qu’il ne faut même pas essayer…Mais si on est incapable de promouvoir au sein de la Lydec une "citoyenneté administrative" et permettre à ce service d’être un lieu d’expression des usagers, alors en collectif très élargi, on mènera l’action que l’on jugera utile aux usagers et consommateurs. Je rappèle que Le Conseil de la concurrence en France a condamné la Lyonnaise des eaux à une amende record de 400 000 € pour non-respect de la concurrence et des règles de marché dans le secteur local de la fourniture des eaux. C’est une première en France et pourquoi pas aussi une première au Maroc.

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