ALM : La formation des ingénieurs au Maroc est-elle au diapason des autres formations en ingénierie dans les pays plus avancées ?
Driss Bouami : La formation des ingénieurs au Maroc est au diapason de ce qui est pratiqué dans les meilleures écoles des ingénieurs du monde et particulièrement de France où le système adopté est similaire à ce qui est mis en place au Maroc. Nos ingénieurs sont fortement demandés par le milieu socio-économique de pays très avancés comme la France, le Canada, l’Allemagne, la Belgique…Leur diplôme d’ingénieur marocain est reconnu et leur permet de continuer sans difficultés leurs études dans ces pays.
En outre, il convient de noter qu’une multitude d’écoles prestigieuses françaises cherchent de façon insistante à développer avec les écoles marocaines des relations de partenariat débouchant sur des co-diplômations ou des doubles diplômations.
Le nombre des ingénieurs formés au Maroc répond-il au besoins du marché de travail marocain ?
Le Maroc compte aujourd’hui 25.000 ingénieurs, soit un taux de 8,6 ingénieurs pour 10.000 habitants. Ce chiffre reste faible en comparaison avec celui des pays industrialisés et même par rapport à celui de certains pays émergents.
En effet, il est égal au taux de 8,9 ingénieurs pour la Tunisie, 40 pour la Jordanie, 64 pour la France, 380 pour la Suède et 540 pour le Japon. En outre, il convient de noter que la fuite des cerveaux, qui affecte le Maroc particulièrement dans le domaine des technologies de l’information et de la communication, réduit davantage ce taux qui est déjà fort insuffisant. Actuellement, les écoles marocaines forment environ 1500 ingénieurs par an, ce qui est très modeste quand on sait que les écoles françaises en forment annuellement 25 000.
Combien formez-vous d’ingénieurs par an à l’EMI ?
L’EMI forme aujourd’hui des promotions de 310 ingénieurs par an, ce qui représente plus de 20% du nombre d’ingénieurs formés au Maroc qui compte une vingtaine d’écoles. Depuis la sortie de sa première promotion en 1964, l’EMI a formé plus de 5000 ingénieurs, soit 20% du nombre global d’ingénieurs marocains provenant de différentes écoles, aussi bien nationales qu’internationales. L’EMI est en effet l’école polytechnique par excellence car abritant en son sein la plupart des types de formations d’ingénierie connus : génie mécanique, génie civil, génie industriel, génie électrique, génie informatique, génie des procédés, génie minéral et enseignements généraux et techniques avec au total, dans ces huit filières une vingtaine de spécialités différentes.
ST Microelectronics est installée au sein de votre école depuis près de 4 ans. Comment évaluez-vous cette expérience ?
Il est indéniable que l’expérience est éminemment positive pour tous les partenaires qui y ont été impliqués.
Pour l’EMI, la présence de ST a permis d’introduire la microélectronique comme nouveau domaine de formation et de recherche.
Des cours et des travaux pratiques élaborés avec ST ont été insérés dans le cursus des élèves du génie électrique avec une forte orientation pratique industrielle.
ST a contribué aussi à l’immersion industrielle des étudiants grâce à des stages judicieusement construits pour enrichir la formation pratique des élèves.
Pour le Maroc, la réussite du projet du Centre de conception de ST a fourni la preuve éclatante que notre pays offrait toutes les conditions de grande compétitivité par la qualité de la formation de ses ingénieurs et aussi par la qualité de sa recherche et développement.
La réussite de ST a produit et produira un effet d’entraînement pour l’installation au Maroc d’autres groupes internationaux.