Le café Hafa demeure encore et toujours célèbre. Les Tangérois conseillent ceux et celles qui découvrent pour la première fois la perle du Nord de ne pas rater cette occasion pour prendre un thé dans ce lieu mythique offrant une vue imprenable sur la rive espagnole. Une atmosphère de convivialité règne dans ce café qui a accueilli des hommes et des femmes qui continuent de marquer la scène culturelle et artistique nationale. Si Hafa était auparavant le refuge des intellos, il est aujourd’hui le point de rencontre des jeunes voulant coûte que coûte atteindre l’autre rive de la Méditerranée. Le havre de paix d’artistes et d’écrivains de la trempe de Mohamed Choukri est désormais une salle d’attente pour des centaines d’immigrés clandestins.
Ici, l’on sert le thé à la menthe dans des verres à la propreté douteuse, des boissons gazeuses et des bols de « Païsser », la célèbre purée de fèves avec quelques gouttes d’huile d’olive dont raffolent les Tangérois. La ruée de gens venant de divers horizons vers ce café, simple et modeste, montre que Hafa continue de susciter l’intérêt grandissant des uns et des autres.
Des chaises en fer, des tables rongées par la rouille…Le confort dans ce café à ciel ouvert a un autre goût et un parfum particulier, dégagé par la fumée de toutes sortes de drogue. La sobriété de ce café érigé sur une dangereuse falaise est le secret peut-être de cet engouement. Si auparavant les gens aimaient fréquenter ce lieu, c’était plutôt pour croiser des artistes et autres écrivains connus et reconnus dans le monde, aujourd’hui les choses ont nettement évolué. « À Hafa, on peut fumer des joints tranquillement. Dans ce café, on peut passer nos soirées entre jeunes sans être dérangé ! », précise un jeune Tangérois, fidèle client. Même son de cloche auprès d’un autre jeune qui y vient plutôt pour admirer les côtés ibériques. «La vue des fast ferrys faisant la navette entre les deux côtés est un beau spectacle.
Le soir, la vue est encore plus surprenante puisqu’on a l’impression que seules quelques dizaines de mètres nous séparent de l’Eldorado », dit-il.
Au café Hafa, on est au Maroc, mais le sujet qui anime les discussions n’est autre que l’Espagne. Même le serveur du café n’hésite pas à entrer dans le jeu. « Vous voyez cette lumière, c’est le port de Tarifa !
Et ce bateau, il se dirige vers Algésiras tandis que l’autre prend la direction du détroit de Gibraltar», lance ce serveur à un visiteur qui a l’air de découvrir pour la première fois cette vue panoramique.
Le secret de la célébrité de Hafa demeure également dans cette mystérieuse affinité qui lie les visiteurs à ce coin.
« Cela fait plus de 11 ans que je travaille dans ce café. Des hommes de divers domaines sont venus ici ! Mais, c’est bel et bien durant la période estivale où Hafa ne désemplit presque pas », raconte ce serveur.
Dans une atmosphère bon enfant, un vendeur de fruits secs déambule d’une table à une autre. Un vieil homme avec un panier en osier pose au centre de chaque table quelques graines de cacahuètes.
Les habitués de ce café le saluent et lui donnent quelques dirhams. En effet, ce vendeur fait partie du décor. Et ce sont ces gens-là qui détiennent le mystérieux secret du succès du café Hafa.