Le Maroc cité en exemple
Les chiffres de 10 millions de décès par an à cause du cancer dont 70% sont dans les pays à faible revenu inquiètent SAR la princesse Dina Mired de Jordanie. S’exprimant au webinaire consacré mardi, par l’institut suédois de l’économie de la santé (IHE) et le groupe de recherche et production américain PhRma, au rapport «Soins de cancer au Moyen-Orient et en Afrique» (2021), en prélude à la journée mondiale du cancer (4 février), l’invitée de marque n’hésite pas à énumérer les entraves d’accès aux soins.
Des «barrières» culturelles, géographiques…
En s’appuyant, telle qu’elle le révèle, à son expérience avec son fils, survivant d’un cancer, et de présidente de l’union internationale contre le cancer, la princesse précise avoir témoigné de «barrières» qui freinent l’accès aux soins. «Cette année, c’est important de parler de barrières. Avec le Covid, l’accès aux soins s’est posé même dans les pays les plus développés», avance-t-elle. SAR ressort, par l’occasion, le «besoin d’infrastructures et de machines». «En Afrique, une machine peut être utilisée pour 40 millions de personnes !», illustre-t-elle en donnant également l’exemple de barrières «culturelles» imposées notamment par certains conjoints à leurs femmes malades. Pour elle, les barrières concernent aussi le «transport» ; elles sont en outre doublées de celles d’ordre «géographique». Le premier étant un moyen permettant d’amortir les difficultés liées aux deuxièmes. Et ce n’est pas tout ! «La pauvreté» est, de plus, une barrière comme l’explicite la princesse qui formule des propositions. Tel qu’elle l’indique, il faut faire «des donations pour couvrir les frais de soins». Dans ce sens, elle énumère aussi le cas des réfugiés censés à leur tour bénéficier de ces soins. «Cette année, nous devons comprendre les problèmes pour s’y attaquer», enchaîne-t-elle entre-temps. Mieux encore, elle met l’accent sur la politique. «Il faut prévoir des principes notamment l’équité en termes d’accès aux soins», estime-t-elle dans ce sens.
Les chiffres du rapport
De son côté, Thomas Hofmarcher, économiste en santé auprès de l’IHE, qui trouve qu’il faut «essayer de prendre des décisions au profit des patients pour les prochaines années», détaille les chiffres du rapport. «Le nombre des nouveaux cas de cancer et de décès est prévu de doubler entre 2020 et 2040», ressort-il en citant 9 pays de la région Mena dont le Maroc. Pire encore, le taux des cas augmentera de 24% en 2040 pour la catégorie de 0 à 14 ans, de 67% pour 15 à 64 ans, soit la population en âge de travailler, et 10% pour plus de 65 ans. «La dépense publique en soin de santé et de cancer est un investissement et non un coût», poursuit-il en estimant que le cancer est non seulement une maladie mais plusieurs. Tel que l’ajoute l’intervenant, le cancer le plus prédominant, chez les hommes dans les 9 pays de Mena, est celui de la prostate (14%), suivi de celui des poumons (12%), du foie (12%), ainsi que du cancer colorectal et de l’estomac (8% chacun) ; celui du cerveau et du pancréas se chiffrent respectivement à 4 et 3% au moment où d’autres s’estiment à 28%. Chez les femmes, le cancer le plus répandu en 2018 étant celui du sein (33%).
Il est suivi de celui utérin (9%), puis du cancer colorectal (6%). A l’instar de la princesse jordanienne, M. Hofmarcher indique que «le cancer a besoin d’être abordé de manière compréhensive». Dans ce sens, il met en avant la prévention, le dépistage précoce, le diagnostic, le traitement et la supervision. Le tout en faisant de la lutte contre le cancer «une priorité politique». Des propos qui font l’unanimité de l’ensemble des intervenants l’événement en ligne. «Les plans du Maroc pour la lutte contre le cancer en font un bon exemple», conclut l’économiste en santé.