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Cartographie des enfants placés dans les établissements de protection sociale au Maroc

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Effectifs, conditions physiques, raisons de placement…

Le handicap est de loin le problème de santé majeur rencontré au sein de la population des bénéficiaires. Ainsi 463 cas de handicap mental ont été notifiés, 186 cas de handicap associés, 103 cas de handicap moteur et/ou physique et 40 cas d’autisme.

Le ministère de la solidarité, du développement social, de l’égalité et de la famille (MSDSEF), avec l’appui de l’Unicef, a publié les résultats de son étude menée auprès des établissements de protection sociale (EPS) et des structures hospitalières accueillant les enfants privés de protection parentale. Cette étude a ainsi permis de collecter des données au niveau national pour déterminer d’une part le nombre d’enfants placés en institutions et d’autre part connaître le profil exact de ces enfants. Au total, les 69 EPS ayant participé à l’enquête accueillent 7.430 bénéficiaires. La moyenne des bénéficiaires par EPS est de 107,43 avec une médiane de 78. En extrapolant le nombre de bénéficiaires dans l’échantillon, on estime le nombre total de bénéficiaires accueillis dans les 97 EPS que compte le Maroc à 10.445 bénéficiaires. Près des deux tiers des bénéficiaires se concentrent dans trois régions : Casablanca-Settat (23%), Fès-Meknès (20%) et Rabat-Salé-Kénitra (19%). Six régions comptent moins de 500 bénéficiaires. Concernant la répartition par province/préfecture, trois provinces regroupent 39% des bénéficiaires: Casablanca (1.203 bénéficiaires), Rabat (1.003) et Fès (711). La population des bénéficiaires de l’échantillon se répartit entre 2.442 filles et 4.988 garçons. Les bénéficiaires garçons représentent 67% du total. Sur la base de la moyenne des bénéficiaires par genre et par EPS, le nombre total de bénéficiaires filles dans les 97 EPS que compte le Maroc est estimé à 3.427 filles et 7.012 garçons. En moyenne un EPS accueille 35,4 filles et 72,3 garçons. Par ailleurs, l’enquête révèle que la moitié de la population des bénéficiaires présente dans les 69 EPS enquêtés a intégré l’établissement auquel elle est rattachée à 5 ans ou moins et l’autre moitié à 6 ans et plus. Plus du tiers des bénéficiaires répertoriés dans l’étude ont intégré l’établissement entre 4 et 5 ans. Il s’agit là de la tranche d’âge la plus importante en termes d’âge d’intégration. «Un chiffre qui peut s’expliquer par le fait que la tranche 4-5 ans est l’âge auquel l’enfant doit commencer à aller à l’école et où se va poser avec plus d’acuité la problématique des moyens financiers limités de la famille. Il s’agit donc probablement de placements pour cause de précarité» indique le rapport. Notons par ailleurs que 12,6% des bénéficiaires ont intégré l’EPS à plus de 18 ans.

Au moins un cas de handicap dans 52 EPS sur 69

Le handicap est de loin le problème de santé majeur rencontré au sein de la population des bénéficiaires. Ainsi 463 cas de handicap mental ont été notifiés, 186 cas de handicap associés, 103 cas de handicap moteur et/ou physique et 40 cas d’autisme. Au total dans l’échantillon on recense 1.016 bénéficiaires à besoins spécifiques parmi une population de 7.014 bénéficiaires, soit une prévalence de 14,5%. Il est à noter que 52 EPS sur les 69 reportent au moins un cas de handicap parmi leurs bénéficiaires. Quant à l’état de santé des bénéficiaires, l’étude révèle que les affections pouvant être liées aux conditions de vie au sein de l’EPS constituent le deuxième problème de santé après le handicap. Au total, 165 cas de maladies dermatologiques ont été déclarés et 114 cas d’anémie. L’allergie et l’asthme sont les deux autres maladies chroniques les plus importantes. Les bénéficiaires interrogés dans le cadre de cette enquête déplorent la nourriture de mauvaise qualité, peu variée et dominée par des pâtes et des féculents, une couverture sanitaire défaillante et un manque de produits d’hygiène personnelle.

32% des bénéficiaires n’ont aucune attache familiale

Selon l’étude, les enfants d’un ou deux parents inconnus représentent le profil majoritaire (2.819 bénéficiaires, soit 40,2% de la population de l’échantillon). Pour l’ensemble de cette catégorie le lien avec le père est manquant et pour près d’un enfant sur deux le lien avec la mère manque également. Au total, 32,6% de la population des bénéficiaires n’a aucune attache familiale et peut être considérée comme des enfants abandonnés (les deux parents inconnus ou père inconnu et mère connue mais sans tutelle). Le deuxième profil le plus important est composé des enfants de parents connus, ils représentent 27,3%. Les enfants dont les parents ont perdu la tutelle légale représentant 3,5% et les orphelins des deux parents 2,6%. La forte représentation des enfants de parents connus qui gardent la tutelle de l’enfant laisse penser qu’il s’agit là de placements pour cause de précarité essentiellement (17.8%). Selon ladite étude, il existe trois catégories d’enfants en situation difficile. Il s’agit des enfants privés de protection parentale dans lesquels on retrouve essentiellement les orphelins, les enfants en situation de rue, les enfants abandonnés et les enfants placés en institution. La deuxième catégorie concerne les enfants qui bénéficient d’une protection parentale mais qui est «défaillante», c’est-à-dire qu’elle ne permet pas de garantir le bien-être et la sécurité de l’enfant. La 3ème catégorie est celle des enfants qui bénéficient d’une protection parentale mais sont en situation difficile. Par ailleurs, le placement par l’un des parents reste le cas le plus fréquent et représente 41,6% des bénéficiaires des 61 EPS ayant participé à l’enquête. Dans 23,7% des cas, il s’agit d’un placement par décision judiciaire (orienté directement par le tribunal sous ordre du procureur/juge) et le placement par un autre EPS (12,5%). On retrouve des cas rares de placement orienté par l’autorité locale.

L’abandon pour cause de non-mariage, première raison du placement

L’étude signale trois raisons qui motivent le placement des enfants dans les établissements de protection sociale. Selon les responsables des EPS interrogés, il s’agit des naissances en dehors des liens du mariage, la pauvreté monétaire et le divorce ou la séparation. Ainsi c’est l’abandon par un et/ou les deux parents pour cause de non-mariage qui est la première raison du placement à raison de 26,6%, suivi de la pauvreté monétaire (22,3%) et la dislocation familiale (19,1%). Dans le cadre de cette enquête les hommes estiment que dans certains cas placer son enfant en institution en attendant que la situation de la famille s’améliore vaut mieux que de le laisser livré à lui-même ou exposé à des risques de violence.

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