Les engagements du Maroc pour l’Afrique ne datent pas d’aujourd’hui. En effet, le Royaume a pris de nombreuses initiatives à ce propos renforcées lors de la Cop22 qui s’était déroulée à Marrakech en 2016. A la COP28 qui a lieu actuellement à Dubaï, l’occasion est de revenir sur les actions à déployer contre les menaces climatiques en Afrique et de braquer les projecteurs sur le rôle des parlements pour lutter efficacement contre les changements climatiques.
Bien qu’il soit le continent qui produit le moins de pollution, l’Afrique souffre des effets du changement climatique. Pour alerter sur cette situation, le Maroc s’est longtemps engagé envers l’Afrique. Dans ce sens, Enaam Mayara, président de la Chambre des conseillers, a rappelé, mercredi à Dubaï lors de l’ouverture de la réunion parlementaire à la COP28, l’engagement du Maroc à contribuer efficacement à la dynamique continentale visant à protéger l’Afrique des menaces liées à la crise climatique et défendre les droits des générations futures au développement et au progrès. Il a expliqué le fait que l’Afrique est actuellement au cœur des tragédies liées au changement climatique, bien qu’elle soit le continent qui émet le moins de gaz à effet de serre.
Pour le président de la Chambre des conseillers cet état de fait compromet les perspectives de progrès et de développement du continent et menace gravement les droits fondamentaux de dizaines de millions d’Africains. En effet, environ 118 millions de personnes vivant dans une extrême pauvreté seront confrontées, d’ici 2030, selon les estimations de l’Union Africaine, à la sécheresse, aux inondations et à la forte chaleur, si des mesures appropriées ne sont pas prises pour y faire face. Cette situation affecterait grandement la paix et la sécurité sur le continent et favoriserait de nouveaux phénomènes, en particulier celui du déplacement climatique. Dans cette perspective, M. Mayara a appelé à réfléchir à un plan mondial pour protéger l’Afrique contre les risques climatiques et à fournir les fonds nécessaires pour certains pays du continent, notant que la région de l’Afrique subsaharienne devra dépenser entre 2 et 3% de son PIB par an afin de faire face aux conséquences du changement climatique.
Passage progressif vers un modèle «durable»
Le président de la Chambre des conseillers a mis l’accent sur la place centrale qu’occupe la question de la lutte contre le changement climatique dans la vision de développement du Maroc rappelant l’ambition de passer progressivement à un modèle de développement national ambitieux et moins dépendant des énergies polluantes, à travers la mise en place de politiques et mesures anticipatives visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Il s’agit aussi de lutter contre le réchauffement climatique et de renforcer le mix énergétique basé sur les énergies alternatives sous leurs formes solaire, éolienne et marine. Il a aussi indiqué que le Maroc a pu, grâce à des politiques publiques efficaces et des investissements majeurs dans le domaine des énergies alternatives, atteindre aujourd’hui un pourcentage d’énergies renouvelables de 37% du mix énergétique national. Pour lui, cet indicateur confirme la capacité du Royaume à porter à 52% la part des énergies renouvelables à l’horizon de 2030 et à atteindre l’objectif, plus large, de zéro carbone d’ici 2050.
Par ailleurs, M. Mayara n’a pas manqué de relever que les pays, aussi puissants ou développés soient-ils, ne peuvent pas faire face à la crise climatique indépendamment de la communauté internationale. Et pour cause : la voie à suivre pour protéger l’avenir de la planète et réduire la crise climatique est une voie multilatérale. Pour lui, il est donc nécessaire de réfléchir à des méthodes de coopération plus efficaces et efficientes pour lutter contre les changements climatiques, en adoptant une approche basée sur la solidarité, l’échange de bonnes pratiques et la concertation institutionnelle permanente.
Crise climatique : Appel à la création d’un mécanisme parlementaire international
Le président de la Chambre des conseillers a expliqué lors de son intervention que les parlementaires sont appelés à une mobilisation globale. L’objectif étant d’établir un agenda parlementaire commun qui constituera la base de travail des Parlements nationaux pour contribuer au renforcement des engagements gouvernementaux en matière de lutte contre le phénomène du changement climatique et accélérer la cadence pour atteindre les objectifs nationaux de neutralité carbone. M. Mayara est revenu sur les recherches internationales liées au changement climatique qui dressent un tableau critique de la situation climatique mondiale.
En effet, les dix dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées, au moment où le monde fait face à une succession de catastrophes naturelles qui menacent la stabilité mondiale. Parmi ces catastrophes naturelles, il a évoqué l’aggravation des phénomènes de sécheresse, d’ouragans et d’inondations dévastatrices dans plusieurs pays du monde, ce qui se répercute négativement sur la situation économique en général et affecte la vie quotidienne des populations, en particulier dans les pays du Sud.
Par conséquent, les parlements sont appelés à réfléchir, selon le président de la Chambre des conseillers, à la création d’un mécanisme parlementaire international pour faire face à la crise climatique, dans le cadre institutionnel de l’Union interparlementaire, qui constitue une plateforme commune pour suivre en permanence les indicateurs de la mise en œuvre de l’Accord de Paris. Dans ce sens, ce mécanisme servira aussi d’espace parlementaire d’échange des expériences, de formation et de développement des capacités des parlements nationaux dans les domaines de la législation et du suivi du travail gouvernemental en ce qui concerne les projets de réduction des émissions, d’adaptation aux effets de la crise climatique et de renforcement des mécanismes de croissance verte.