Société

Chirurgie esthétique au Maroc: Quand les hommes s’y mettent

© D.R

Si les femmes ont recours à la chirurgie esthétique, les hommes aussi. Ils seraient, en proportion, estimés à 20, voire 25%. Le constat est là sauf que le sexe masculin continue à l’entretenir comme un tabou et préfère agir sans piper mot. Car c’est un fait : les besoins deviennent de plus en plus pressants qu’il s’agisse des femmes ou des hommes. Quels sont exactement ces besoins ? Quelles sont les parties morphologiques que les hommes préfèrent changer ? Combien sont-ils au Maroc ? Ce sont des questions qui méritent d’être clarifiées.

Selon Dr Rachid Aadil, chirurgien plasticien à Rabat, «le phénomène agit comme un effet baby-boom tardif au Maroc. Ce sont les satellites qui font entrer des profils typologiques aux maisons et donc les nouvelles tranches d’âge des hommes arrivent. Pour le moment, on est encore dans les tabous, on fait la chirurgie, mais on se cache». Pour lui, malgré l’invasion médiatique à propos du domaine, «la chirurgie esthétique demeure un soin de santé tout comme les autres». Toujours est-il que cette tendance s’explique par la recherche d’un rajeunissement et d’un paraître agréable.

«L’engouement des hommes est, selon le chirurgien, «impacté par un conflit générationnel, ainsi les mentalités masculines ont changé. Le fait de voir son fils, par exemple, aux paupières sans rides donne envie au père d’avoir une forme pareille. Une chirurgie de paupières fait gagner 10 ans, c’est le repli de la paupière sur l’œil qui fait que la personne ait un âge avancé». Il en est de même pour la greffe de cheveux. «A un moment, les hommes n’avaient pas de gêne à exhiber leur calvitie quand il y a eu la mode à la Zidane, mais après, les choses ont tellement changé que le sexe masculin tend à la greffe de cheveux», avance le docteur qui trouve que les Marocains font de l’esthétique une chose naturelle.

Le déséquilibre social étant la principale raison expliquant les besoins extrêmes dans ce domaine. «La personne qui subit le choc d’un décès ou divorce voudrait retrouver son état naturel bien qu’elle vivait ses problèmes morphologiques ou de calvitie ou encore de vieillesse lorsqu’elle était en équilibre social. C’est là où ces besoins deviennent pressants», explique à juste titre le spécialiste.Chose qui est susceptible d’augmenter le nombre d’hommes s’adonnant à la chirurgie esthétique. La tendance demeurant justifiée par la perception des professionnels du secteur, puisque les données chiffrées officielles sont inexistantes au Maroc.

«A partir de nos estimations, les hommes représentent 20 à 25%. Mais il ne faut pas croire qu’un patient sur deux est un homme, parce qu’on est loin de cette idée au Maroc. Toujours est-il que des standards entre 20 et 25% sont très significatifs», précise Dr Aadil. A titre comparatif, les pays d’Europe et d’Amérique du Nord sont à des proportions de 40 à 45%.

Ceci étant, les demandes exprimées par les hommes varient et donc les pourcentages aussi en fonction des parties morphologiques et des zones à traiter. Ainsi le docteur a conduit les exemples d’hommes qui ne font ni une augmentation mammaire ni une réduction mammaire, donc c’est une partie qui est exclue et donc pas de chiffre dans ce sens bien que certains y ont recours mais très rarement. Quant à la greffe de cheveux, elle pourrait atteindre 90% dans le rang des hommes contrairement aux femmes qui ne la font que très rarement.

En tout cas, les premières demandes reçues par le médecin se situent d’abord au niveau du visage, à savoir les paupières et les sillons, qui sont traités par des injections qui font changer les tranches d’âge des hommes. Viennent ensuite les requêtes pour la greffe de cheveux et le tablier. Le spécialiste insistera sur le fait que ses interventions ne sont pas démesurées et qu’il n’intervient qu’en cas de nécessité. «Parfois j’ai des demandes que je refuse. Quand les gens font des demandes, alors qu’ils sont en équilibre, nous nous devons de les laisser tranquilles».
 
Une question d’âge

La chirurgie esthétique rime avec l’âge. Pour répondre à cette question, Dr Aadil conduit l’exemple du lifting. Ainsi, d’aucuns sont susceptibles de le faire à l’âge de 60 ans, au moment où d’autres nécessitent une intervention à 45 ans. En fait, il est question de formes de visage et le vieillissement est spécifique. Certains signes trahissent le vieillissement puisqu’il est possible de retrouver ces signes à 35 ans au lieu de 45. «D’où cette tendance à se faire lifter parce qu’on est dans un monde d’apparences. Et on a la chance de vivre au 21ème siècle où les gens font attention à leur apparence et désirent avoir un paraître agréable».
Mais d’entrée et sans ambages, certains hommes sont convaincus de l’utilité de la chirurgie esthétique. C’est le cas de Hamza que nous avons rencontré chez le Dr Aadil.

Les témoignages étaient difficiles à récolter d’ailleurs à ce propos. Hamza a été le seul à avoir l’amabilité de s’exprimer sur le sujet. «Ma silhouette masculine, comme chez la majorité des hommes, a davantage tendance, avec l’âge, à stocker la graisse au niveau des seins donnant une gynécomastie, au niveau des hanches, de l’abdomen et du ventre. Tout cela me donnait des difficultés à marcher à grands pas, monter les escaliers, courir et surtout m’incliner comme il faut pendant la prière. Alors il fallait me débarrasser de ce ventre distendu avec des muscles abdominaux relâchés», confie Hamza. Hésitant au départ, il a fini par céder à la tentation et la magie du bistouri. «Je me suis dit que la chirurgie plastique n’est pas une science réservée déontologiquement aux femmes. Nous devons jouir de la médecine tant qu’elle nous rend la vie plus paisible. Avant j’ai tenté avec les régimes alimentaires et le sport mais en vain.

Alors j’ai opté pour le meilleur moyen qui me permettrait de retrouver un confort musculaire abdominal grâce à la cure de diastasis. L’intervention va également agir comme un lifting du ventre en éliminant les excès de peau», argumente-t-il. Hamza est néanmoins conscient des effets indésirables de la chirurgie esthétique notamment chez les fumeurs. «Comme tout acte chirurgical, une telle intervention représente parfois des effets non souhaitables surtout chez les fumeurs qui représentent des zones de nécroses au centre et aux périphéries de la plaie. Pour cela on ordonne aux patients fumeurs de s’abstenir de fumer 3 semaines avant l’opération et 3 semaines après. Un autre risque réside dans l’apparition de l’épanchement séreux, soit l’accumulation de liquide lymphoïde clair dans les tissus. 2 à 3 ponctions non douloureuses suffisent normalement pour évacuer le liquide séreux».

De son côté, le chirurgien interrogé est ferme sur cet aspect: «C’est un métier qui exige d’avoir des résultats à court terme. Le changement devrait être perceptible après 15 jours et si le résultat n’est pas atteint, il faudrait faire autre chose».
La précision et la rigueur devront être de mise dans un tel domaine au risque de commettre des impairs. «Les morphologies ne sont pas pareilles et la technique demeure la même, mais la façon de l’appliquer est différente. C’est pourquoi il faudrait avoir un sens artistique pour exercer cette pratique bien que les technologies en la matière soient innovantes et révolutionnaires», déclare le spécialiste.

Cependant, le taux de réussite d’une chirurgie est mesuré ultérieurement. Dans le cas d’une liposuccion, par exemple, ce taux est, selon lui, d’environ 90% parce que l’intervention est également complétée par une hygiène de vie.  

Pour le lifting, Dr Aadil consolide les résultats par des photos pour que les patients mesurent ce taux après l’opération par rapport à avant. Quant aux coûts des différentes chirurgies esthétiques, le spécialiste que nous avons fréquenté a préféré ne pas s’exprimer à ce propos pour ne pas gâcher le charme d’une initiative assez louable (cf. encadré).

Un lifting gratuit

Le chirurgien rbati se propose d’offrir gracieusement, dans son cabinet à Hay Riad, 2 à 3 chirurgies esthétiques par mois quel que soit le sexe du patient. Encore faut-il que celui-ci nécessite une intervention et manque de moyens. «Je suis apte à juger des priorités. Un registre sera consacré aux personnes bénéficiaires pour que ce soit bien vérifié», précise le docteur. La justification de l’offre est d’ordre pécuniaire. «Il y a des personnes qui n’arrivent pas à dépasser la difficulté financière pour faire une telle intervention». Le spécialiste fait allusion aux parents notamment qui ont déjà des charges fixes mensuelles incompressibles, pour ne citer que les études des enfants. «La médecine c’est aussi de la générosité du cœur bien qu’il s’agisse de la chirurgie esthétique. Quand on voit ce qui est offert aux citoyens, on a envie de participer d’une façon ou d’une autre. Cela me soulage la conscience et me fait plaisir de faire cette offre parce qu’on ne peut pas exclure la chirurgie esthétique de l’élan de solidarité de par le pays». Le médecin, en bon Samaritain, propose de lifter le bas du visage pour le rajeunir d’une quinzaine ou dizaine d’années.

Afin d’assurer cette opération qui dure 3 heures, le médecin offrira un confort d’anesthésie et d’hospitalisation. Une chirurgie délicate. «L’ovale du visage est difficile à travailler avec des injections et donc le lifting arrange pas mal de choses à la fois», explique le spécialiste.  «Après l’intervention, la personne rentre chez elle avec presque pas de bleu ou même zéro bleu sinon c’est un bleu caché et pas d’œdèmes majeurs, peut parler en 48h, reprend ses activités au bout d’une semaine ou 5 jours. C’est donc fabuleux!». Le médecin se sent engagé. D’ailleurs, Dr Rachid Aadil élira le 20 juin Miss Liban à Skhirate. Cette compétition organisée au niveau de l’Afrique du Nord se tiendra pour la première fois au Maroc.

 

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