ALM : Votre département est en train d’élaborer un Code des droits de l’enfant. Est-ce que cela ne va pas déposséder les parents du contrôle de leurs enfants ? Yasmina Baddou : Non, pas du tout. La philosophie du code des droits de l’enfant est de protéger les enfants et non pas les soustraire à l’autorité parentale qui est, à mon sens, un des piliers fondamentaux de l’éducation. Comment ce Code pourrait-il réellement protéger l’enfant mineur ? Le Code des droits de l’enfant protégera les enfants dans le sens où ce code comblera un certain nombre de lacunes puisque certains enfants y étaient exclus comme « les petites bonnes » ou encore pour les cas où aucune protection n’était prévue en faveur des enfants qui subissent des sévices à l’intérieur de leur famille…etc. De plus, pour que ce code puisse efficacement protéger les enfants, il faut l’accompagner de tous les moyens humains et matériels. C’est sur ce second volet que nous sommes également en train de travailler en parallèle à la rédaction de ce code tel que les institutions, les familles d’accueil, le rôle et le statut juridique des assistantes sociales, le rôle des associations oeuvrant dans le domaine de l’enfance. Tant qu’il y aura pauvreté et analphabétisme, il y aura toujours des problèmes pour les enfants (travail, exploitation, etc). Qu’apporte le Code dans ce sens ? Le Code des droits de l’enfant reprend, bien entendu, ce qui existe dans notre législation en le renforçant. C’est ainsi que le texte sur la scolarité obligatoire et l’interdiction du travail des enfants sera renforcé par des mesures coercitives et dissuasives. Nous ne pouvons plus tolérer aujourd’hui de continuer à produire des analphabètes, ni tolérer l’exploitation des enfants. Aujourd’hui le Maroc s’est engagé dans un processus de développement et dans des choix démocratiques irréversibles ainsi que dans la construction d’un projet de société moderne, tolérante et démocratique où toute forme d’exploitation sera bannie. Les lois en vigueur actuellement protègent l’enfant contre les abus, et pourtant plusieurs dépassements sont enregistrés… Oui, il est vrai que notre législation interdit le travail des enfants, mais le phénomène continue. Il faut apprendre à respecter les lois, et les inspecteurs de travail doivent faire leur travail dans les règles de l’art. Comment peut évoluer le statut de l’enfant dans une société comme la nôtre ? Le statut de l’enfant ne peut qu’évoluer favorablement, d’abord pour les raisons de nos choix dont j’ai parlé précédemment, mais aussi grâce à nos propres valeurs que l’on doit réinculquer, mais aussi grâce aux programmes de lutte contre la pauvreté, la campagne d’alphabétisation et la mise à niveau de notre économie.