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Comment les «e-fuels» peuvent décarboner le transport aérien et maritime ?

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L’aérien et le maritime sont les deux secteurs les plus difficiles à décarboner. Et pour cause : ils nécessitent une grande densité d’énergie pour fonctionner. Pour y remédier, un récent rapport du Forum international des transports émet des recommandations visant à réduire les émissions dans ces deux secteurs grâce au «e-carburant».

E-methane, e-kérosène, e-méthanol, hydrogène … Les carburants de synthèse, (ou e-fuels) peuvent réduire drastiquement les émissions de CO2 dans le secteur aérien et le secteur maritime, selon le dernier rapport du Forum international des transports (International Transport Forum) intitulé : « The potential of e-fuels to decarbonise Ships and Aircraft » (Le potentiel des e-fuels dans la décarbonation des navires et des avions). Il en ressort plusieurs recommandations relatives à l’intégration du « e-carburant » dans ces deux modes de transports importants pour l’économie mondiale. Il s’agit d’encourager l’utilisation de ces carburants alternatifs. « Il existe actuellement peu d’incitations financières pour les exploitants d’avions et de navires à utiliser des carburants alternatifs en raison de leurs coûts élevés.
La tarification mondiale ou régionale du carbone, éventuellement complétée par des taxes avec remise ou des normes sur les carburants à faible émission de carbone, peut aider à surmonter cet obstacle financier. Les propositions de tarification du carbone devront également inclure des mécanismes pour équilibrer leurs impacts sur les États. Les revenus générés de cette manière peuvent être utilisés pour faire progresser l’adoption de carburants à faible émission de carbone et l’efficacité énergétique dans les secteurs de l’aviation et des transports maritimes», explique l’ITF dans son rapport. Ce dernier appelle aussi à accroitre la production des «e-fuels» à travers des politiques ciblées. Il recommande aussi d’accélérer le déploiement des électrolyseurs et de renforcer les capacités de production d’électricité renouvelable. «La production à moindre coût et en grandes quantités dépend de l’expansion de la capacité de production d’énergie renouvelable, de production d’hydrogène par électrolyse, de l’avancement des processus et des technologies de production de carburant », précise la même source invitant les gouvernements à donner la priorité au déploiement de ces technologies. Cela permettrait d’attirer des investissements et réduire les coûts.

Les secteurs du transport maritime et de l’aviation étaient chacun responsable d’environ 3 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) liées à l’énergie en 2021.

Les gains générés peuvent également profiter aux efforts de décarbonation dans le transport maritime, l’aviation et l’industrie. Par ailleurs, les e-carburants ne peuvent être à faible émission de carbone que si l’énergie et les matières premières utilisées pour les produire proviennent de sources renouvelables. « Des réglementations et des normes strictes sont nécessaires pour garantir la transparence et donner aux consommateurs de carburant la garantie qu’ils répondent aux critères de durabilité », estiment les réalisateurs de ce rapport ajoutant que ces réglementations devraient inclure des critères additionnels stricts pour assurer que l’électricité utilisée pour produire des e-carburants provient d’une capacité d’énergie renouvelable supplémentaire et n’est pas détournée de la demande d’électricité existante.
En termes de chiffres, il faut dire que les navires et les avions ont consommé en 2021 environ 203 Mt et 250 Mt de carburant, respectivement, ce qui équivaut à 8,7 EJ et 10,75 EJ (IEA, 2022) (1 EJ = 1018 Joules). Les secteurs du transport maritime et de l’aviation étaient chacun responsable d’environ 3 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) liées à l’énergie en 2021 (IEA, 2022). Les deux secteurs dépendent aujourd’hui des combustibles fossiles sous la forme de mazout marin et de kérosène d’aviation, avec seulement des quantités négligeables de combustibles renouvelables en cours d’utilisation. La densité énergétique élevée de ces combustibles fossiles permet aux navires et aux avions de parcourir de longues distances sans avoir besoin de faire le plein en cours de route. Il est impossible de parcourir de longues distances intercontinentales à bord d’avions ou de navires électriques en raison de la faible densité d’énergie et du poids élevé des technologies de batteries existantes qui offrent une autonomie limitée.
Les carburants liquides et gazeux à faible émission de carbone avec des densités énergétiques comparables à celles des carburants fossiles en place sont les options les plus prometteuses pour décarboner le transport maritime et l’aviation. A noter que le Forum international des transports (ITF) est une organisation intergouvernementale qui compte 64 pays membres dont le Maroc. Il agit comme un groupe de réflexion sur la politique des transports et organise le Sommet annuel des ministres des transports. Ce forum est administrativement lié à l’OCDE. Il agit comme une plateforme de discussion et de pré-négociation des questions politiques relatives aux diverses modes de transport et s’attelle également sur les tendances et les connaissances dans le domaine. L’objectif étant également de favoriser les échanges entre les décideurs du transport et la société civile.

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