Le ministère de l’Intérieur a pris les choses en main dans le domaine électoral. Les réunions, pilotées par le wali M’hamed Drief, ont déjà commencé avec les représentants des partis politiques sur le mode de scrutin et les autres modalités techniques. Il s’agit d’aplanir les problèmes, d’étudier les propositions des uns et des autres pour sortir finalement avec une charte qui satisfasse l’ensemble des protagonistes. La tâche n’est guère facile. Une difficulté nourrie de divergences, de calculs politiciens et d’ambitions personnelles.
L’intervention à ce stade du ministère de l’Intérieur est utile en ce sens qu’elle est de nature à faire avancer les choses sur le plan technique. L’aspect politique, quant à lui, relève des partis, qui sont appelés à assumer leurs responsabilités en toute clarté dans cette affaire. Trêve de manoeuvres dilatoires et de procès d’intention réducteurs. Le temps presse, les élections approchent à pas de géant. Une fois le projet d’un accord global adopté, il doit être validé par le Conseil de gouvernement avant d’être déposé au Parlement. Dans ce sens, il est démocratiquement sain de faire jouer les institutions. C’est-à-dire la majorité parlementaire comme c’est le cas dans les pays démocratiques. En sa qualité de chef de la majorité, Abderrahmane Youssoufi devrait soumettre ce projet au vote. Aux représentants de la nation de trancher. Si le scrutin de liste passe, tant mieux pour ses défenseurs. S’il est rejeté, on a alors de choix autre que reconduire le mode de scrutin en vigueur.
Sinon à quoi sert d’avoir un Parlement ? C’est la seule solution, à la fois pratique et judicieuse, pour sortir de l’impasse. L’impasse au Maroc a un nom : le consensus. Les responsables ont tendance à vouloir tout adopter par le recours à cette méthodologie très marocaine, qui s’avère finalement contre-productive. En politique, il ne devrait pas exister d’unanimisme car il représente la négation même du débat et du jeu démocratiques. On l’a vu avec le fameux code de travail qui a du mal à voir le jour. L’affaire traîne depuis de nombreuses années à cause des divergences entre le patronat et les syndicats notamment sur certains points du code. N’aurait-il pas fallu que le gouvernement Youssoufi s’appuie sur sa majorité pour faire passer cette réforme tant attendue ? Le même problème guette le mode de scrutin qui risque fort de sombrer dans les dédales du consensus.