Vente, trafic des enfants, pornographie enfantine, viols, incestes, attentats à la pudeur, mutilations génitales, mariages précoces des jeunes filles ou encore prostitution des enfants. Autant de termes qui reviennent qui seront débattus du 14 au 16 décembre.
Et pour cause, la tenue à Rabat de la Conférence régionale arabo-africaine contre l’exploitation sexuelle des enfants. Ce forum intervient trois années après le Congrès international de Yokohama, qui a eu lieu du 17 au 20 décembre 2001 dans le dessein de dégager l’évolution du phénomène et de présenter les actions développées pour combattre ce fléau dans la région.
Lors de la cérémonie d’ouverture de cette conférence, qui connaît la participation de représentants d’une cinquantaine de pays, Yasmina Baddou, secrétaire d’Etat chargée de la Famille, de l’Enfance et des Personnes handicapées, a indiqué que les efforts du Maroc en matière de protection de l’enfance contre toutes les formes d’exploitation et d’abus sexuels seront prochainement couronnés par l’adoption du Plan d’action national sur l’enfance 2005-2015. «L’abus et l’exploitation sexuels des enfants constituent un phénomène universel, étroitement lié au crime organisé et au développement des technologies de l’information, mais également à d’autres facteurs, notamment la pauvreté, les conflits armés, la propagation du SIDA, les disparités sociales», a ajouté Mme Baddou.
L’Engagement de Yokohama, document reprenant les recommandations qui ont découlé du congrès japonais, n’a pas abouti. C’est dans ce sens que l’intervention du directeur régional de l’UNICEF pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, Thomas Mc Dermott, a abondé. Ce dernier a ainsi affirmé que la rencontre de Rabat, qui permet de faire le bilan des actions réalisées depuis Yokohama, devrait s’interroger sur ce qui n’a pas été fait. «Si plusieurs pays ont ratifié le protocole sur la protection de l’enfant, très peu d’entre eux ont pris des mesures concrètes pour lutter contre les abus et l’exploitation sexuels des enfants», a-t-il ajouté.
Et c’est là le constat général des participants. En effet, malgré les efforts de certains pays à mener des études et recherches sur ce phénomène, l’incertitude demeure de mise. Le caractère incomplet, trompeur et rudimentaire des données disponibles concernant le nombre et la nature des abus, violences et exploitations sexuels des enfants rendent ardu tout travail d’évaluation des progrès accomplis en la matière.
En outre, et malgré les réformes entreprises dans plusieurs pays arabo-africains pour mettre leurs législations à niveau des conventions et protocoles internationaux, l’application de ces textes n’atteint pas toujours l’efficience requise. L’impact des différentes campagnes de sensibilisation et d’information, menées dans ces pays, se trouve ainsi amoindri. Les différentes formes d’exploitation sexuelle des enfants seront aussi discutées que les plans d’action spécifiques conçus par certains pays, dont le Yémen et l’Egypte.
Les travaux de cette conférence, qui a élu domicile dans la capitale du Maroc, comme en octobre 2001, date de la tenue du premier forum arabo-africain, devraient également pencher sur les moyens d’adapter ces recommandations de Yokohama aux spécificités de la région serait donc une priorité pour freiner le développement de ces actes dont les enfants sont de plus en plus victimes.