Société

Courrier des lecteurs : Azzouz, ouvrier agricole marocain…

Les commandos racistes criminels continuent à frapper à El Ejido. Le samedi 13 février, un ouvrier marocain de 40 ans, Azzouz Hosni, syndiqué au SOC (Syndicato de Obreros del Campo), a été assassiné par un groupe de personnes près d’un bar à El Ejido, cette ville de la province d’Almeria en Andalousie tristement célèbre pour avoir été le théâtre d’un pogrom raciste antimarocain en février 2000. Azzouz travaillait dans les cultures sous serres et dans la construction, il résidait à El Ejido depuis cinq ans et n’avait aucun antécédent de violence ou de délinquance, vivant dans une situation économique absolument précaire. Ce meurtre n’est que le point culminant d’une suite d’agressions régulières perpétrées par des commandos de nervis toujours impunis, contre les immigrés (particulièrement les Marocains) et d’une suite de harcèlements permanents de la part de la police locale qui les maltraite, les fouille et les menace sous prétexte de contrôles; souvent elle les emprisonne et les expulse. L’administration et la justice ne manifestent aucune volonté de réagir pour freiner cette violence raciste.
C’est pourquoi la majorité de ces agressions n’est pas dénoncée  par les victimes et les témoins, de peur de représailles de la part des mafias et de mauvais traitements par la police. L’agriculture intensive en Andalousie n’est pas un système de production local : autour d’Almeria la plus forte concentration mondiale de serres de plastique couvre 32.000 hectares de cultures industrielles, et 80.000 immigrés y travaillent dont environ 40.000 sans papiers. On y produit trois millions de tonnes de légumes par an dont la majorité sont exportés dans toute l’Europe. Pendant la haute saison, en hiver, un millier de camions partent chaque jour vers les marchés du Nord pour le compte des grandes multinationales de la distribution. Elles imposent aux producteurs des prix de plus en plus bas, ce qui est l’une des raisons de la surexploitation de la main-d’œuvre dans cette Californie européenne. (…) Plus généralement, la situation des travailleurs migrants dans le secteur de l’agriculture intensive des fruits et légumes doit nous interpeller à bien des égards. Venus du Sud, de l’Est, et d’ailleurs, chassés par la misère et le chômage, ils constituent cette main-d’œuvre déracinée et flexible à merci qu’exploite l’agriculture productiviste pour assurer sa rentabilité maximale, non seulement en Espagne, mais aussi en France, en Italie, aux Pays-Bas, etc.
Etrangers pour la très grande majorité (car les nationaux n’acceptent pas de telles conditions de travail), ils sont désignés comme la cause de l’augmentation du chômage et de l’insécurité, criminalisés par une politique européenne de l’immigration très discriminatoire et souvent livrés, de ce fait, à des violences xénophobes et racistes. (…) Leurs conditions de vie sordides montrent que les droits de l’Homme les plus élémentaires sont loin d’être des acquis intangibles dans nos pays « riches » et « démocratiques ». (…) C’est pour cet ensemble de raisons que les militants du Groupe Méditerranée d’Attac  se sont associés à un «collectif de solidarité et d’action» au cours d’une rencontre à Arles à la veille de notre université d’été 2004, comprenant le CODETRAS (Collectif de défense des travailleurs étrangers dans l’agriculture), le Groupe Méditerranée d’Attac, le FCE (Forum Civique Européen) et la LDH (Ligue des Droits de l’Homme – section d’Arles). (…) Ce collectif a décidé de créer avec les syndicats concernés un réseau d’information, de veille et d’alerte (RIVAL) pour sensibiliser l’opinion publique par la dénonciation de toutes les violations du droit du travail et des droits de l’Homme que révèlent les luttes des travailleurs agricoles et pour manifester toutes formes de solidarité politique avec les organisations de défense de ces travailleurs. Et à titre de première initiative concrète d’action le collectif a choisi de lancer une grande campagne européenne de collecte financière pour aider le SOC à ouvrir des locaux syndicaux dans la zone des serres d’Almeria. (…)

Abderrazak Drissi
Attac (section Arles, France)

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