Au moment où le spectre de Driss Basri plane sur la scène politique nationale, je ne trouve pas mieux que le cas de ce personnage pour illustrer le bien fondé de la philosophie bouddhiste, incarnée par Siddharta Gautama, et dont l’un des principes fondamentaux consiste à privilégier l’Être sur l’Avoir ; principe qui, bien mis en oeuvre permet d’atteindre une certaine sérénité de l’âme, à défaut de parvenir à l’inaccessible Nirvana.
La posture dans laquelle Basri a ainsi choisi de se mettre et de brûler aujourd’hui ce qu’il avait vénéré dans un passé tout récent, ne sied nullement à l’homme qu’il avait été ! d’autant plus que tout le monde s’accorde sur le fait qu’il dispose de tous les moyens nécessaires pour jouir d’une retraite dorée que ce soit à Paris ou dans n’importe quel endroit de son choix, et de méditer en vue d’écrire ses mémoires dans la sérénité.
L’ex-grand Vizir semble avoir tout simplement perdu son Être, ou du moins celui qu’on lui supposait, et qui à présent semble n’être qu’un leurre.
L’homme à l’Ego hypertrophié a du mal en fait à se remettre de la perte d’un pouvoir trop étendu qui lui avait permis de satisfaire les plus invraisemblables de ses lubies.
A cet égard, et bien que cela puisse paraître anecdotique, je ne peux m’empêcher d’évoquer ici un souvenir toujours frais dans la mémoire populaire.
L’ex-grand Vizir, mettant à profit un banal découpage administratif du Royaume, avait réussi la gageure – du moins le croyait-il – de doter sa province natale d’un petit bout d’océan et de lui offrir ainsi une station balnéaire qu’elle n’aurait plus à envier aux autres provinces côtières. Peut-être était-ce la même la raison profonde de ce découpage. Mais quelle vanité que tout cela !
En fait, le projet que sa mégalomanie nourrissait à l’époque pour sa région, avait une dimension pharaonique : parallèlement à un projet d’une bretelle d’autoroute Had Soulem/Sidi Rahal, le bonhomme envisageait d’alimenter la région en eau d’irrigation à partir du bassin du Sebou par la construction d’un canal géant – sur près de 300 km – dont le coût ne serait pas inférieur à celui d’une autoroute à plusieurs voies !
Le comble, c’est qu’il y avait des courtisans parmi certains cadres du ministère de l’Agriculture, qui étaient prêts à adhérer à son point de vue sans s’astreindre à un minimum d’honnêteté intellectuelle, espérant obtenir les faveurs du Vizir pour une nomination à un poste de responsabilité ! Rêvant même de passer du statut de petit walou à celui de grand Wali, le plus téméraire d’entre eux, bien que grand responsable alors à Ouarzazate, avait poussé le zèle jusqu’à faire réaliser un semblant d’études dans ce sens sur la base de simples cartes IGN dont la précision ne permettait en aucun cas d’avoir la moindre évaluation du coût de l’opération ! Les résultats de cette étude feraient sourire le plus cancre des ingénieurs. Mais, le ridicule ne tue plus grand monde.
• Haddou Outabiht