Société

Courrier des lecteurs : Corruption : balayer devant sa propre porte

Monsieur le ministre, lutter contre la corruption c’est d’abord balayer devant sa propre porte.
Le problème de la corruption au Maroc est vaste et il touche toutes les classes sociales et tous les secteurs de la vie politique, économique et sociale du citoyen. Cependant, le clientélisme et la corruption  sont ancrés dans la culture des hommes politiques marocains et de certaines familles qui détiennent les principaux secteurs économiques du pays et les clefs du pouvoir. On sait qu’il existe au Maroc différentes formes de corruption mais, pour simplifier, on peut classer ces formes en deux catégories:
La corruption informelle qui ronge tous les services de l’administration publique et de l’administration territoriale, qui est due aux problèmes sociaux, à l’archaïsme et à la complexité des procédures administratives. Cette corruption des «petites gens» peut être réglée  par la modernisation de l’administration et de la fonction publique en général et par l’augmentation du pouvoir d’achat des petits fonctionnaires.
La corruption formelle est la plus importante à mon avis et c’est elle qui engendre des conséquences dramatiques sur l’économie et le développement du Maroc. L’ampleur du phénomène trouve ses raisons dans la structure même du pouvoir politique et économique au Maroc, structure héritée de l’époque coloniale où le citoyen n’est pas considéré en tant que tel mais par rapport à son appartenance à une caste qui a hérité des  privilèges d’un système mis en place depuis l’indépendance. Cette caste a transmis de génération en génération les postes clefs de décision et de management dans les principaux secteurs de l’Etat et du Makhzen.  
La moralisation de la vie publique  et surtout l’assainissement de la vie politique et économique au Maroc doit passer obligatoirement par la réforme de la constitution et des institutions.
La réforme de la loi sur la déclaration des biens des responsables et sur le blanchiment d’argent ne peut résoudre à elle seule un problème qui est enraciné dans la culture de cette caste au pouvoir.
Encore une fois, on parle de créer une commission ou une instance chargée du suivi des affaires de corruption.
On tombe dans les mêmes erreurs du passé, où la composition des membres de ces instances elles mêmes est liée à la culture de corruption et de clientélisme. En plus, quand il existe parmi ces instances des membres honnêtes et qualifiés, leurs directives ne sont jamais suivies.
La mise en place des instruments de suivi et de contrôle des finances et des administrations publiques doit prioritairement être précédée d’un audit et d’une expertise extérieure à ces établissements publics. Je crois que le Maroc entier dans son état actuel en tant que pays digne de ce nom est appelé à l’exécution d’un audit international.

Mohamed Sihaddou
Ingénieur en Télédétection Aérospatiale
France

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