Société

Dans les filets d’une prostituée

© D.R

«Je préfère risquer la prison plutôt que de me marier avec elle !» avance Mourad au président de la Cour à la Chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca. Il semble être ferme dans sa décision. D’abord lors de son interrogatoire par la police, il n’a cessé de crier haut et fort son innocence. Dans ses aveux, il a souligné qu’il pensait avoir affaire à une prostituée, d’autant plus qu’elle a accepté facilement de l’accompagner chez lui.
Chemise grise, pantalon noir et des babouches jaunes, Mourad avait l’air triste et profondément touché par cette affaire. Auparavant, il ne s’est jamais imaginé être un jour dans le collimateur de la justice.
C’était la première fois qu’il a été arrêté par la police et traduit devant la justice. Il n’a jamais mis ses pieds dans un commissariat de police ni dans une prison.
Jouissant d’une bonne réputation, Mourad ne touchait pas à l’alcool et ne fumait que des cigarettes. Après avoir quitté le lycée avec un niveau bac, il avait intégré un institut privé d’informatique. Ses deux années d’études se sont soldées par un diplôme qui lui a permis d’avoir un emploi dans une petite société de vente de matériaux informatiques.
Dans l’intention d’être embauché dans une structure plus intéressante, il prenait soin de lui.  C’est ainsi qu’avec des amis, il a loué un studio au centre-ville pour y passer d’agréables moments avec les filles.  Un lieu de détente que ni ses parents ni ses frères n’en avaient la moindre idée. Sa famille ne connaissait de lui que sa face pieuse d’un jeune homme qui ne ratait aucune des cinq prières. C’est la raison pour laquelle, ils n’ont pas cru leurs oreilles quand ils ont appris son arrestation, suite à une plainte déposée par une jeune fille l’accusant d’enlèvement, séquestration et viol. 
A-t-il vraiment perpétré ces trois délits ? «Non, M. le président, je ne l’ai ni enlevée, ni séquestrée, ni violée», a-t-il répondu à la cour.
Mourad a tout raconté à la cour, au point de relater les détails les plus ennuyeux.
«C’était un samedi, vers 16h 30. Je l’ai aperçue seule attablée dans un coin du café», a-t-il entamé son récit. 
En attendant l’arrivée de ses amis, Mourad lui faisait de temps en temps des œillades, alors qu’elle sirotait doucement son jus d’orange.
Son sourire séduisant, l’a poussé à la rejoindre. «Puis-je m’asseoir ?», lui a-t-il demandé. C’est ainsi que Mourad a pris place à côté d’elle et lui a chuchoté des mots à l’oreille au point de pousser des éclats de rire. «Je m’appelle Amina et j’ai 26 ans», lui a-t-elle confié, avant d’entamer une conversation qui a fait oublier à Mourad l’arrivée de ses amis. Vers 19h 30, Mourad a quitté le café et a demandé à Amina de l’accompagner.
Devant les enquêteurs, Amina a expliqué avoir été menacée, à mi-chemin, par Mourad qui l’a conduit vers un studio où il l’a obligée à se dévêtir et à partagée avec lui le même lit. Elle a précisé également qu’elle a été séquestrée durant toute la nuit, avant d’être libérée le lendemain au petit matin. Elle aussi accusé Mourad de l’avoir dépucelée. Pour sa part, Mourad a affirmé avoir marchandé avec elle pour coucher ensemble : «au studio, elle a partagé de son plein gré mon lit avant de recevoir un billet de deux cents dirhams le lendemain matin».
Devant la cour, Amina, quant à elle, a confirmé avoir été enlevée, séquestrée et violée par Mourad. Ce dernier a rejeté ces accusations, en expliquant avoir affaire à une simple fille de joie. Qui a raison et qui a tort ? Pour arriver à une décision convaincante, la cour a convoqué les deux amis de Mourad et les deux garçons du café. Les deux premiers ont confirmé avoir laissé leur ami en compagnie d’Amina. Alors que les deux autres ont affirmé qu’Amina fréquentait souvent le café et accompagnait, de temps en temps, des clients.
Des témoignages qui ont acquitté Mourad des trois lourdes accusations et ont permis à la cour de le juger coupable pour débauche et le condamner à deux mois de prison ferme. Et pourquoi Amina l’avait-elle accusé de kidnapping, séquestration et viol? « Mes parents ignorent que je me prostitue, de temps en temps, et c’étais  la première fois que je n’ai pas passé la nuit chez eux », a-t-elle avoué. Pour cette raison, elle a prétendu à ses parents avoir été enlevée, séquestrée et violée et a déposé plainte contre Mourad.
En conséquence, elle a été poursuivie pour débauche et outrage à la police judiciaire. Amina a été condamnée à six mois de prison ferme. Triste sort.

Related Articles

RégionsSociété

Dialogue régional sur l’investissement, focus sur les métiers d’avenir

En collaboration avec l’OFPPT, la Cité des métiers et des compétences de...

Société

L’Université Hassan II inaugure son centre d’innovation pédagogique

Le nouveau centre d’innovation pédagogique de l’Université Hassan II de Casablanca a...

SociétéUne

Journée internationale du handicap : Nabda Foundation organise sa première édition RISEx

C’est avec le soutien de la CIMR (Caisse interprofessionnelle marocaine de retraite)...

Société

Un programme d’urgence pour préserver la forêt de Bouskoura

L’Agence nationale des eaux et forêts (ANEF) a mis en place un...

Lire votre journal

EDITO

Couverture

Nos supplément spéciaux

Articles les plus lus