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Dans un webinaire initié par l’Institut CDG : L’avenir de l’éducation pensé par des experts

© D.R

«Nous avons beaucoup de travail à faire».

La perspective est lancée, mardi lors d’un webinaire consacré par l’Institut CDG à l’éducation, par Ilham Laaziz, directrice du programme Genie au ministère de l’éducation nationale. L’école est, pour elle, «un espace qu’il faudra rendre plus attractif». «C’est là notre grand défi», avance-t-elle. Pour ce faire, il faut «mettre les enfants en autonomie et être dans l’innovation». D’où l’intérêt d’une refonte du système éducatif bien que la tâche soit, à son sens, «complexe» de par le nombre énorme de 10 millions d’élèves et étudiants.

Former les élèves pour être autonomes
Selon Mme Laaziz, il y a un «besoin d’être formé pour être autonome». «L’école de demain est faite pour l’ensemble des élèves. C’est aussi un espace où le rôle des enseignants est important», enchaîne-t-elle. De plus, une école qui produit des enfants exceptionnels est pour elle un «choix». Quant au curriculum, il a évolué selon ses dires de par «l’introduction du coding au primaire, notamment en 5ème et 6ème années. Et c’est une innovation». En termes d’évaluation dont celle de Teams, elle indique : «Nos élèves sont interrogés sur un curriculum dont ils ne connaissent que 30%. Nous espérons avoir comblé ce gap». En outre, elle rappelle l’existence d’une évaluation nationale. «Il faut également repenser l’évaluation des enseignants avec des normes», poursuit-elle. A propos de la trajectoire des élèves, elle estime que les meilleurs sont attirés par les classes préparatoires et la médecine. «Hélas nous n’avons pas les meilleurs bacheliers», martèle-t-elle. Pour elle, «la formation professionnelle, c’est ce dont a besoin le pays pour que les jeunes soient autonomes avec une qualification». «On peut être docteur mais pas un bon chercheur», estime-t-elle en allusion à la formation universitaire.

Détecter les talents chez les enfants
De son côté, Mohamed Soual, président de l’Association pour l’enseignement d’excellence, Chief Economist OCP, estime qu’il est «illusoire de porter tout le monde avec Bac + 20. On n’a pas besoin de faire de tout le monde un ingénieur ou médecin. Il faut plutôt varier les métiers. Il faut aussi remettre en cause l’égalité des chances». «Il faudra détecter les talents chez les enfants qui peuvent avoir un parcours de vie où ils peuvent s’épanouir», ajoute-t-il pour expliciter ses propos tout en évoquant l’expérience du collège professionnel pendant l’indépendance du pays. «La réforme ne passe pas par la circulaire mais par la confiance à nos enseignants», estime-t-il en donnant l’exemple du Lycée d’Excellence (Lydex) de Benguerir où «la formation continue est un principe intangible». Par l’occasion, M. Soual ne manque pas de faire une suggestion. «Je propose à la CDG, au ministère de l’éducation et à d’autres acteurs de céder tous les actifs, soit des écoles, collèges et lycées à un organisme porté par des caisses de retraite pour s’occuper des écoles moyennant un loyer», avance-t-il en rappelant que ces caisses ont besoin d’investissement en épargne.

Une «révolution»à faire dans le système
Egalement de la partie, l’inventeur et chercheur Rachid Yazami, qui ne manque pas de parler de la valorisation de l’enseignant, estime qu’il faut avoir «des ingénieurs et chercheurs». «Il faut aussi une procédure pour voir les choix des décideurs marocains en les mesurant. Le système marocain n’a pas fait sa révolution. Il faut aussi que le Maroc pense à la manière d’augmenter son attractivité», avance-t-il. Le tout sans manquer de préciser qu’il a développé un «chargeur de voitures électriques en 20 minutes». «Je crois aux success stories et à la valeur de l’exemple. Cela stimule les jeunes. Il faut les motiver», un credo également partagé par Jamil Salmi, consultant expert mondial en matière de réforme de l’enseignement supérieur, qui abonde également dans le sens des propos de M. Soual. Pour M. Salmi, qui estime que la relation entre les étudiants et enseignants est importante, «l’apprentissage doit être épanouissant». «Nous avons beaucoup de talents au Maroc, il faut les libérer et cela passe par l’égalité des chances», ajoute-t-il.

Un projet de société à définir
Pour sa part, Noureddine Mouaddib, président de l’Université Internationale de Rabat, estime que l’éducation «est un projet de société que nous n’avons pas encore défini». «Nous sommes à la recherche de valeurs dans le système éducatif», étaie-t-il. A propos de l’enseignement supérieur, il indique qu’il «tire vers l’économique, il est un facteur majeur de développement mais c’est insuffisant». «Le système éducatif est à repenser», souligne-t-il. Dans ce sens, il ne manque pas de formuler des propositions. «On a besoin de valoriser la formation professionnelle avec des passerelles», estime-t-il. Quant à l’évaluation dans le système éducatif, elle est, pour lui, «un tabou, un sujet de tensions au Maroc». «Il faut aussi revaloriser le statut social de l’enseignant pour attirer les meilleurs talents», ajoute-t-il en rappelant que le système est à prendre dans sa globalité. «Outre la massification, nous avons un problème de continuité dans les politiques publiques», enchaîne-t-il en évoquant le plan d’urgence où, à son sens, il y avait plein d’idées. A propos de l’emploi, il faut, selon ses dires, «jeter la balle au marché aussi». «L’enseignement privé a besoin d’être régulé», poursuit-il en s’exprimant sur un arsenal juridique. «Il est temps de décliner la loi-cadre sur l’enseignement», conclut-il.

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