Société

De l’amour à l’infanticide

© D.R

Finalement, après plusieurs audiences relatives au procès du père de famille qui avait calciné son enfant à Salé, les magistrats de la chambre criminelle prés la Cour d’appel de Rabat ont rendu leur verdict au cours de la semaine écoulée. Le meurtrier a écopé de la réclusion perpétuelle.
Cette dramatique affaire remonte au mois d’octobre 2002. Les parents d’un enfant s’étaient présentés à la brigade judiciaire de la gendarmerie royale pour les avertir de la disparition de leur bambin âgé de six ans. Quelques heures après, un groupe de jeunes avertissent les gendarmes de la découverte d’un enfant trouvé dans une poubelle dans un état lamentable; le pauvre môme avait été calciné.
Qui a pu commettre ce crapuleux crime ? Deux hypothèses s’imposent : soit un crime aléatoire, soit un crime de nature vengeresse. Dans ce contexte, les gendarmes n’ont pas écarté la piste d’un conflit familial. Avant d’entamer l’enquête, les analyses de l’expertise et de l’autopsie ont affirmé que l’enfant est décédé suite à des blessures provoquées par des brûlures au moyen d’essence. Bref, la première piste, celle d’un groupe de délinquants dans un état anormal, n’a rien donné. Quatre jours après la découverte du cadavre de l’enfant, la gendarmerie convoque les membres de sa famille pour un premier interrogatoire. La maman a déclaré que le soir de la disparition de l’enfant, ils étaient invités à une fête de mariage. Mais le plus important dans les déclarations de la mère est de savoir qu’au moment où l’enfant n’avait plus donné signe de vie, son père n’était pas non plus présent. Interrogé sur son absence, ce dernier, a répondu qu’il avait quitté la maison de leurs hôtes pour aller se changer. Les enquêteurs de la brigade judiciaire ont découvert que les vêtements ont été lavés le même soir et qu’ils sont restés mouillés. En attendant la suite de l’enquête, ils ont été envoyés dans un laboratoire pour analyse. Le cinquième jour, les parents sont de nouveau convoqués pour un second interrogatoire. Pour faire cesser l’audition de son épouse qui avait des révélations à faire à son sujet, le père fait semblant d’aller chercher une bouteille d’eau minérale, la vide de son contenu et la remplit d’essence. En retournant au poste de la gendarmerie, il la verse sur ses pieds en lui causant d’importantes blessures. A l’hôpital, le médecin qui lui avait rendu visite a remarqué que le pied droit de l’homme contenait d’autres brûlures récentes. De l’interrogatoire de la femme, les gendarmes ont su que le soir du drame, au moment où l’enfant et son père avaient disparu en même temps, le papa était retourné au lieu de la fête avec les sourcils rasés. A sa sortie de l’hôpital, il a été de nouveau convoqué et, cette fois-ci, les gendarmes avaient décidé de le mettre en garde-à-vue en l’accusant d’infanticide. Malgré sa résistance, il a fini par avoué qu’il avait brûlé son enfant pour les beaux yeux d’une jeune fille qu’il allait épouser en cachette. Elle ne savait pas qu’il était marié et père d’un enfant. En tout cas, il s’était présenté chez ses parents et avait demandé la main de la jeune fille. La demande de fiançailles a été acceptée et en attendant d’officialiser leur union, les parents de la fille lui avaient imposé un ultimatum; la date avait été fixée pour fin octobre. Il a essayé en vain de la reporter à une date ultérieure, mais les parents ont refusé catégoriquement de céder à sa demande. Pour faire plaisir à sa bien-aimée, il a songé à divorcer d’avec sa première femme mais avant cela, il devait se charger de l’enfant. C’est ainsi que l’idée de mettre fin à sa vie lui vint en tête, il l’embarque dans sa voiture pendant que la mère se trouvait à la fête, s’achète cinq litres d’essence, bonde la bouche à l’enfant pour qu’il ne crie pas, dépose le bambin dans une grosse poubelle, lui verse dessus le contenu d’essence et allume le feu. Le gamin avait tellement mal qu’il tenta de sortir de la poubelle; le père, qui voulait à tout prix sa mort, le bloquait par le pied droit que le médecin avait affirmé être atteint de brûlures avant qu’il se versât l’essence sur les pieds pour mettre fin à l’audition de son épouse.
Et à propos des vêtements lavés le soir de la tragédie, les analyses du laboratoire ont attesté des marques de feu sur le blouson qu’il portait au moment de commettre son horrible crime. Quant aux sourcils, ils étaient atteints par le feu et il était obligé de les raser.
Après délibération, la cour a prononcé la réclusion perpétuelle à son encontre.

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