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Défaillances de l’enseignement supérieur : L’université pointée du doigt

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Après 15 ans d’application, le système Licence-Master-Doctorat peine à atteindre ses objectifs.

Pénuries des professeurs-enseignants, surpopulation dans les amphis, inadéquation entre le nombre des filières en licence et l’offre de formation au Master… nombreux sont donc les dysfonctionnements liés à la mise en application de ce système. A en croire le dernier rapport du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS), l’université doit être autonome sur les plans pédagogique, administratif et financier pour assurer une offre de formation homogène, établir des partenariats avec le monde socio-économique et les organisations internationales. 

Nos universités sont moins attractives pour les étrangers

Les défaillances de l’application de ce système ont également contribué à rendre l’université marocaine moins attractive pour les étudiants étrangers. Ainsi, seuls 1,2% des étudiants universitaires durant l’année 2015-2016 sont des étudiants étrangers (soit 9.347 jeunes) et 1,4% en 2017 (soit 11.173 jeunes venant d’autres pays). A titre comparatif, les étudiants étrangers en Europe représentent 7% du total des étudiants inscrits dans les universités en 2007, cite le rapport. Par filière, 40% des étudiants étrangers au Maroc en 2016-2017 poursuivent leurs études en sciences juridiques, économiques et sociales, 17% sont inscrits dans les sciences, 14% choisissent d’étudier les sciences de l’ingénierie, les technologies et les sciences techniques, 13% sont inscrits dans les sciences de la santé et 12% sont dans les bancs des universités de lettres et des sciences humaines. Le rapport précise que contrairement aux autres pays, l’université marocaine n’a pas de mainmise sur l’acceptation ou non d’étudiants étrangers dans la mesure où ce choix dépend de la politique étrangère à travers la signature de conventions et d’accords bilatéraux. 

Nombre d’inscrits : Déséquilibre entre la Licence et le Master

Seuls 4,9% des étudiants universitaires sont inscrits au Master contre 91% des étudiants en Licence. Les doctorants représentent 4,1% de l’ensemble des étudiants dans nos universités. Cette situation reste problématique vu le nombre de plus en plus faible des étudiants qui accèdent au Master et au Doctorat. Pour les experts du CSEFRS, cette situation ne permet pas aux étudiants de parfaire leur formation, à l’instar de ce qui se passe dans les pays développés et ceux en développement.

Les bourses principale motivation des étudiants ?

Au sein des universités, la poursuite des cours et le manque d’assiduité des étudiants sont récurrents. Selon le rapport, un grand nombre d’étudiants s’inscrit à l’université pour bénéficier d’une bourse d’études et pour recevoir la carte d’étudiant au moins pendant une année dans l’attente de prendre une décision définitive sur la poursuite ou non de leur parcours universitaire. Le CSEFRS explique cela par l’absence d’un contrôle continue sur les conditions d’accès à ces prérogatives et du fait que les étudiants peuvent passer aux rattrapages quelle que soit la note minimum obtenue, voire refaire toute l’année sans conditions préétablies.

Le manque d’adhésion des étudiants est également dû aux absences de plus en plus répandues dans les universités où l’accès est ouvert (aussi bien pendant les cours magistraux que les travaux pratiques).

Un financement insuffisant 

Entre 2009 et 2017, le budget alloué à l’enseignement supérieur est passé de 7,5 milliards de dirhams à 10 milliards de dirhams.

Cette hausse n’a pas accompagné l’augmentation du nombre des étudiants. Dans le détail, 294.000 étudiants étaient inscrits en 2009 dans les universités marocaines contre 750.000 en 2016, enregistrant ainsi une croissance de 155%. En parallèle, le budget accordé à ces établissements ne représente que 21% du budget de l’enseignement supérieur.

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Comment surmonter les faiblesses de l’enseignement supérieur ?

Afin de réussir les réformes à venir de l’enseignement supérieur, le Conseil préconise de mettre en place une gouvernance préventive basée sur la reddition des comptes. Dans ce sens, l’autonomie de l’université permettrait à celle-ci d’être plus efficiente et plus productive. Autre défi, celui d’améliorer la qualité de l’enseignement dans «l’accès ouvert» tout en réformant l’enseignement dans le secondaire. Pour lutter contre l’abandon lors des premières années de l’université, les experts du CSEFRS recommandent de renforcer l’orientation afin de permettre à l’étudiant de choisir la formation qui correspond à son projet académique et professionnel.

Par ailleurs, l’enseignement supérieur devra s’aligner sur la révolution technologique que connaît le monde. Partant de là, le Conseil recommande de mettre en place un Plan numérique pour l’enseignement supérieur à l’horizon 2030 tout en intégrant de nouvelles formations plus adaptées aux évolutions technologiques. Ce qui permettrait d’ouvrir l’université vers d’autres modes plus modernes d’acquisition du savoir. Au niveau du financement, le Conseil recommande d’augmenter les ressources financières réservées aux universités. Dans ce sens, le Conseil demande à ce que l’université soit exonérée d’impôts tout en améliorant ses ressources propres. Ainsi, l’université sera amenée à créer d’autres ressources telles que les «endowned funds», la participation à des partenariats et l’organisation de formations continues payantes.

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