Cette journée vise notamment à sensibiliser le public aux défis que rencontrent encore les femmes dans le monde et aux enjeux liés à la place des femmes dans la société.
Importantes évolutions : Les conditions de vie des femmes marocaines ont connu quelques progrès durant ces dernières années. Toutefois, il reste du chemin à faire. Quelques données statistiques sur l’évolution de la condition des femmes au Maroc dans différents domaines permettent d’évaluer les avancées et les challenges à venir.
La Journée internationale des droits des femmes, célébrée le 8 mars chaque année, est une occasion de mettre en lumière les inégalités persistantes entre les sexes et de célébrer les progrès réalisés en matière de droits des femmes. Au Maroc comme partout ailleurs dans le monde, cette journée vise également à sensibiliser le public aux défis que rencontrent encore les femmes dans le monde et aux enjeux liés à la place des femmes dans la société. Discriminations, inégalités salariales ou encore l’accès limité à certaines opportunités dans des domaines tels que l’éducation et la politique font partie des défis que connaissent les femmes actuellement.
La journée du 8 mars est ainsi une opportunité pour rappeler l’importance de la place des femmes dans la société et de célébrer leurs réalisations. Le Maroc a connu des évolutions importantes dans la représentation des femmes à différents niveaux de la société. Les indicateurs économiques et sociaux clés du HCP dont le Recensement général de la population et la cartographie des établissements économiques font ressortir les progrès réalisés et le chemin parcouru tout en identifiant les défis à relever pour l’amélioration du niveau de vie des femmes.
Les femmes à la tête de 10 % des établissements économiques
En 2023-2024, le Maroc comptait plus de 1,3 million d’établissements économiques actifs. Parmi eux, plus de 1,13 million étaient à but lucratif, représentant environ 86,6% du total. Les établissements de services publics représentent 11,3% et ceux à but associatif constituent 2,1%. Les femmes occupent une place importante dans ce paysage économique, dirigeant environ 10% des entreprises, soit 114.228 structures. Ces entreprises emploient un total de 281.356 personnes, représentant 7,8% de l’emploi global. Les femmes sont particulièrement présentes dans le secteur des services, où elles dirigent 14,6% des entreprises, soit 50.785 structures employant plus de 152.000 personnes. Elles sont également nombreuses dans le commerce, avec 42.236 entreprises dirigées par des femmes, représentant 7,2% du secteur. Dans l’industrie, elles supervisent 13,5% des établissements (20.896 structures) et dans la construction, elles gèrent 0,8% des entreprises (321 établissements). Il convient de noter que 91% de ces entreprises sont de petite taille, comptant moins de 4 employés. D’un point de vue régional, Casablanca-Settat abrite 27.695 entreprises dirigées par des femmes (10,9%). Les régions de Rabat-Salé-Kénitra, Dakhla-Oued Eddahab et Laâyoune-Sakia El Hamra suivent avec des taux respectifs de 13,2%, 12,6% et 12,5%.
19,2% des foyers dirigés par des femmes
Au sein de la société, les Marocaines subviennent de plus en plus aux besoins de leur famille. La part des foyers dirigés par des femmes a considérablement augmenté, passant de 16,2% en 2014 à 19,2% en 2024. Ce changement traduit une évolution profonde dans le rôle des femmes au sein des familles et dans leur participation à la vie économique. Cette tendance est particulièrement marquée dans les zones urbaines, où la proportion de ménages dirigés par des femmes atteint 21,6%, contre 14,5% en milieu rural.
Chute du taux d’analphabétisme
Globalement, le taux d’analphabétisme a connu une diminution importante, passant de 32,2% en 2014 à 24,8% en 2024, avec des disparités régionales notables. En milieu rural, ce taux a chuté de 47,5% à 38%, tandis qu’en milieu urbain, il est passé de 22,6% à 17,3%. Concernant les femmes, l’analphabétisme a diminué de 42,1% à 32,4%, un progrès certes notable, mais qui souligne encore les défis à relever, notamment dans les zones rurales. Les régions les plus touchées par l’analphabétisme restent Béni Mellal-Khénifra, Marrakech-Safi et l’Oriental, tandis que des progrès significatifs sont observés à Casablanca-Settat et Rabat-Salé-Kénitra.
L’accès à l’école : Une avancée notable pour les filles
Le taux de préscolarisation des enfants âgés de 4 à 5 ans a atteint 62,7% en 2023-2024, avec des disparités entre milieu urbain (66,8%) et rural (56,9%). En termes de scolarisation primaire, le taux est passé de 94,5% en 2014 à 95,8% en 2024, avec une nette progression en milieu rural et particulièrement parmi les filles rurales. Le taux de scolarisation des filles en milieu rural a ainsi bondi de 90% en 2014 à 95,1% en 2024. Le taux de scolarisation des enfants âgés de 12 à 14 ans a également enregistré des progrès, atteignant 92,8% en 2024 contre 84,1% en 2014. Cette amélioration concerne particulièrement les filles, dont le taux est passé de 79,4% à 92,1% au cours de cette période.
Changement démographique : 1,9 enfant par femme en 2024
Un autre indicateur qui met en exergue les mutations que connaît la société marocaine est celui de la baisse du rythme de la croissance démographique au Maroc, principalement attribuée au recul de la fécondité. En 2024, l’Indice synthétique de fécondité s’élève à 1,97 enfant par femme, contre 2,2 en 2014 et 2,5 en 2004. Cette baisse concerne à la fois les femmes urbaines (1,77 enfant en 2024 contre 2,01 en 2014) et rurales (2,37 contre 2,55).
Des progrès constants, mais
des défis persistent
Bien que de nombreuses avancées aient été réalisées, des inégalités persistent. Le taux de chômage des femmes reste élevé, à 19,4%, et une part significative de la population active féminine réside en milieu rural (38,2%). Bien que des avancées importantes aient été réalisées, il reste encore des défis à relever pour renforcer l’autonomisation des femmes, notamment par l’amélioration de l’accès à l’éducation et à la formation professionnelle.