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Démographie, mortalité, santé, conditions d’habitation…Radioscopie des indicateurs sociaux du Maroc

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Le Maroc fait face à une accélération du vieillissement de la population. La part des seniors est de 13,8% en 2024 contre 9,4% en 2014.

Rapport : Dans l’édition 2025 des indicateurs sociaux du Maroc, le Haut-Commissariat au Plan (HCP) dresse le portrait social des Marocains à travers un recueil riche en données. Les détails.

Le Haut-commissariat au Plan (HCP) vient de publier l’édition 2025 des indicateurs sociaux du Maroc. Ce rapport publié chaque année est un recueil d’indicateurs sur la population et la famille, l’éducation et la formation, la santé, l’emploi et le chômage, l’habitat, la croissance, les revenus et les niveaux des ménages ainsi que la culture et les loisirs. Selon le document, la population marocaine s’élève à 36,83 millions au 1er septembre 2024 contre 33,85 millions en 2014, soit un taux d’accroissement annuel moyen de 0,85% entre 2014 et 2024. Ce taux est nettement inférieur au taux de 1,25% enregistré entre 2004 et 2014. Dans son rapport, le HCP signale que le taux d’urbanisation en 2024 est de 62,8% contre 60,4% en 2014. Les régions qui enregistrent les taux les plus élevés d’urbanisation sont : Laâyoune-Sakia El Hamra (92,4%), Dakhla-Oued Eddahab (80,4%), Casablanca-Settat (73,3%) et Rabat-Salé-Kenitra (70,7%). Les taux les plus faibles se trouvent dans les régions de Marrakech-Safi (46,0%) et Drâa-Tafilalet (36,7%). Il ressort de la pyramide des âges en 2024 une baisse de la part des enfants. Celle-ci est de 26,5% en 2024 contre 28,2% en 2014. Cette baisse s’explique par la baisse de la fécondité. L’indice synthétique de fécondité a atteint 1,97 enfant par femme en 2024, contre 2,22 en 2014 et 2,5 en 2004. Il est descendu en dessous du seuil de remplacement qui est de 2,1 enfants par femme. Cette diminution continue de la fécondité a impacté la baisse du taux d’accroissement de la population.

Le HCP signale une accélération du vieillissement de la population. La part des seniors est de 13,8% en 2024 contre 9,4% en 2014. Le Maroc compte près de 5 millions de seniors en 2024 alors qu’ils étaient 3,2 millions en 2014, soit un accroissement annuel moyen de 4,6%. Le taux de dépendance démographique est de 67,4% en 2024, résultante de la baisse du taux de dépendance des enfants et de la hausse du taux de celle des seniors. Le HCP note qu’elle est plus prononcée parmi les femmes et parmi les ruraux. Elle est plus importante dans la région de l’Oriental et plus faible dans la région de Dakhla-Oued Eddahab.Par ailleurs, on relève une baisse de l’âge au premier mariage parmi les femmes, surtout en milieu rural et une hausse maintenue de l’âge au premier mariage parmi les hommes, plus marquée en milieu urbain. L’âge de primo-nuptialité est de 24,6 ans pour les femmes contre 32,4 ans pour les hommes. Le taux de célibat à 50 ans est en hausse. Il est de 12,4% pour les femmes contre 9,7% pour les hommes. Concernant les mariages, les chiffres sont en baisse avec 249.100 actes établis en 2023 contre 251.800 en 2022. En revanche, les divorces ont augmenté. Leur nombre a atteint 27.800 en 2023 contre 27.530 en 2022.

Santé : La densité médicale reste très faible

S’agissant de l’infrastructure sanitaire, le HCP qui s’appuie sur les données du ministère de la santé signale que le nombre des établissements hospitaliers est de 170 en 2023 contre 165 en 2021. La capacité litière théorique est de 27.539 en 2023. Le nombre des établissements de soins de santé de base (ESSB) est de 3.053 en 2023 contre 3.015 en 2022. La densité médicale reste très faible avec 7,9 médecins pour 10.000 habitants en 2023. Elle est en deçà de la norme établie par l’OMS qui est de 4,45 médecins pour 1.000 habitants. La densité paramédicale est de 10,3. Selon la carte sanitaire, les médecins restent concentrés dans les régions de Rabat-Salé-Kénitra et Casablanca-Settat (où exercent plus de la moitié). Par ailleurs, le taux de couverture médicale de la population est de 69,8% en 2024. Ce taux est de 69,3% dans les villes et de 70,6 dans les campagnes. Des disparités persistent selon les régions. En effet, ce taux est de 75,5% dans la région Fès-Meknès et 62,2% dans la région de Tanger-Tétouan-Al-Hoceima. Des progrès importants ont été réalisés concernant la santé maternelle. Ce taux a été réduit de 35% entre 2010 et 2018, passant de 112 à 72,6 décès maternels pour100.000 naissances vivantes. Cette baisse notable du taux de mortalité maternelle est due, entre autres, à l’amélioration de la couverture des soins prénatals offerts aux femmes et ceux liés à l’accouchement assistés par un personnel médical qualifié ou dans un milieu surveillé. On note une baisse continue des taux de mortalité néonatale et infanto-juvénile, surtout parmi les garçons et les ruraux, due entre autres à l’amélioration de l’accès aux soins maternels et infantiles. En dépit de ces améliorations, des écarts persistent entre les milieux de résidence.

Habitat : Le taux moyen d’occupation est de 1,4 personne par pièce

Dans son document, le HCP s’est aussi intéressé aux conditions d’habitation et l’accès des ménages aux services sociaux de base. Selon les données du HCP, 74% des ménages occupent leur propre logement ; 91,7% en milieu rural, contre 66,6% en milieu urbain. La location représente 15,9%,( 22,1% en milieu urbain et 1,3% en milieu rural). Il est à signaler que 68,7% des ménages occupent des logements de 2 à 3 pièces. Seulement 18,8% des ménages occupent des logements de 4 pièces ou plus. Le taux moyen d’occupation est de 1,4 personne par pièce (1,7 en milieu rural et 1,3 en milieu urbain). La part des logements âgés de 50 ans ou plus a baissé en s’établissant à 13,3% en 2024 contre 20,3% en 2014. En revanche, la part des logements âgés de moins de 10 ans est en hausse, atteignant 22% en 2024 contre 20,1% en 2014. Dans les villes, on relève un net gain de la part des appartements (de 17,5% en 2014 à 24,4% en 2024) et une baisse de la part des maisons marocaines traditionnelles et des bidonvilles.
La part de la population urbaine vivant dans des logements inadéquats ou bidonvilles a baissé en passant de 5,2% en 2014 à 3,3% en 2024. D’autre part, l’accès à l’électricité est quasi généralisé (99,3%). Le déficit en milieu rural a été rattrapé (98,2%), avec un gain de 41,4 points comparé au taux de 2005. Pour ce qui est du taux d’accès des ménages à une source améliorée d’eau potable, il est de 94,3% en 2023. Selon les données de l’ONEE, l’accès à l’eau potable en milieu rural est de 98%. Le taux d’accès des ménages aux services de base s’est amélioré. Ainsi, le taux d’accès des ménages à l’assainissement liquide amélioré est de 82,4% au niveau national. En milieu urbain, ce taux est de 98%, car le taux de raccordement au réseau public des égouts est quasi généralisé (93,4%). En milieu rural, ce taux demeure très faible (9,6%), en raison de la nature du relief et de la dispersion des habitations. S’agissant de l’assainissement solide, 97,4% des ménages urbains bénéficient des services communaux de collecte des déchets domestiques. Cette proportion n’est que de 20% en milieu rural. Trois quarts des ménages ruraux versent leurs déchets domestiques dans la nature alors que cette pratique représente un danger majeur pour la santé de la population et pour l’environnement.

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