Société

Des brassards dans l’hemicycle

Le SNPM vient de publier un communiqué demandant aux journalistes couvrant les assises des députés consacrées à l’examen du projet de code de la presse, de porter un brassard en signe de protestation contre le fait qu’ils n’aient pas été, via le syndicat, associés à l’élaboration du texte.
A travers ce communiqué, qui consacre une première de port de brassard par des journalistes sous la coupole, le syndicat ne fait que revenir à la charge. Le SNPM avait à plusieurs reprises au cours des semaines écoulées exprimé son rejet de ce texte, considéré comme représentant un recul par rapport aux attentes. Plusieurs sorties du secrétaire général du SNPM, Younès Moujahid avaient cadré la position du syndicat par rapport au nouveau texte. Ces sorties avaient précédé de peu des déboires du secrétaire général, membre de la direction de l’USFP, avec le journal Al Ittihad Al ichtiraki , organe du parti, de la rédaction duquel il faisait partie. Le lien avait vite été établi entre l’intransigeance affichée par Younès Moujahid depuis son fauteuil de secrétaire général, et l’évolution législative du code de la presse, élaboré par un gouvernement à majorité socialiste.
En attendant, le projet de loi modifiant et complétant le dahir du 15 novembre 1958 portant code de la presse, a bien été examiné par les députés en séance plénière mardi, dans le cadre de la session extraordinaire du Parlement. Les échos suscités auprès des organes de presse nationaux ne cadrent pas tout à fait avec la position intransigeante du SNPM. Le journal «Libération», organe de l’USFP, relève des «avancées indéniables» dans la loi sur la presse présentée par le gouvernement. Il y décèle une «philosophie libérale, au sens philosophique du terme, et une volonté réformatrice certaine». En tous cas le projet, estime le directeur de la rédaction du journal, «ne prétend pas être l’idéal, ni la forme ultime et figée de la perfection», mais un texte appelé à s’adapter «par la force de l’évolution sociale et politique et par le volontarisme et le combat». En même temps, la position est plutôt à la conciliation dans la mesure où les journalistes et leur syndicat sont «dans leur rôle» quand ils réclament «plus et mieux» et on «ne peut à aucun moment leur contester le droit d’être dans ce rôle-là».
Voilà qui tranche quelque peu avec l’attitude ferme que le ministre socialiste en charge de la Communication, Mohamed Achaari avait eu à l’égard des protestations des représentants du syndicat des fois où, à l’occasion de sorties médiatiques, il avait été interpellé à ce sujet.
Du côté de l’opposition, le son est tout autre. L’éditorial du journal «Rissalat Al Oumma», organe de l’Union constitutionnelle, souligne le fait que le code, soit dit en passant élaboré sans consultation des professionnels et des concernés, regorge de généralités qui laissent latitude aux autorités de les interpréter de manière à rétrécir le champ de liberté des journalistes. Du côté du parti de l’Istiqlal, c’est de nouveau la dissonance avec l’éternel rival l’USFP.
L’organe du parti «L’opinion» estime que le texte, tel qu’il a été adopté par le gouvernement puis amendé et approuvé par la commission parlementaire spécialisée, «ne répond pas aux attentes des professionnels de la presse et des défenseurs des droits humains, en particulier le droit à la liberté d’expression et d’opinion». Plus même, l’organe istiqlalien relève que certaines dispositions du nouveau texte consacrent en fait «un recul par rapport au code des libertés publiques du 15 novembre 1958», chose plus grave quand on remarque que «les amendements introduits en 1973 et qui visaient un rétrécissement de l’espace des libertés d’expression et d’opinion n’ont pas été supprimés». Le texte continuera donc de tanguer entre opposition déclarée, soutien mitigé et levée de boucliers. A moins qu’un sursaut du Wifaq, dont on parle comme d’une éventualité fort probable, ne parvienne à renvoyer le texte pour une deuxième lecture devant la commission des Affaires étrangères.

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