Des cellules « tueuses », jusqu’alors connues pour leur action dans la lutte contre les tumeurs et les virus, devront désormais être prises en compte dans la recherche de nouvelles stratégies thérapeutiques et vaccinales contre le paludisme, selon des chercheurs de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).
Le paludisme frappe chaque année entre 350 et 500 millions de personnes dans le monde, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Jusqu’à deux millions de personnes d’entre elles en meurent chaque année. Ces travaux, qui mettent en évidence le rôle de ces cellules du système immunitaire, les "NK" (Natural Killer), dans la lutte contre le parasite responsable du paludisme (Plasmodium falciparum), ont été publiés, vendredi dernier, dans les comptes-rendus de l’académie des sciences américaine, les PNAS. Ils sont conduits par l’équipe de Sophie Ugolini et Eric Vivier, du Centre d’immunologie Inserm-CNRS-Université de la Méditerranée de Marseille-Luminy. Les cellules tueuses NK, qui font partie de la première barrière de défense de l’organisme contre les infections, ont un rôle bien établi lors d’infections virales ou du développement de tumeurs, mais leur fonction au cours d’infections parasitaires est mal définie.
Pour élucider leur rôle, les chercheurs ont mis ces cellules en présence de globules rouges infectés par différentes souches du parasite.
Les cellules NK ont réagi de manière identique, quelle que soit la souche du parasite testée, en se liant aux globules rouges infectés et en libérant des substances qui «alertent» d’autres cellules du système de défense immunitaire. Contre le paludisme, les cellules NK ne semblent donc pas utiliser leur arme habituelle consistant à tuer directement les cellules infectées, mais paraissent plutôt jouer le rôle de «sergent recruteur» d’autres cellules. Les chercheurs ont ainsi découvert que les cellules «tueuses» collaborent avec d’autres cellules du système immunitaire, des nettoyeurs (ou macrophages), chargés de détruire en les ingurgitant les corps étrangers. L’équipe cherche maintenant à identifier les molécules qui permettent aux cellules NK de reconnaître directement les globules rouges infectés.