La mise en œuvre des recommandations de l’IER est en marche. Une convention signée, mercredi 15 septembre, entre le ministère de la Culture et le Conseil consultatif des droits de l’Homme (CCDH) prévoit la restauration d’anciens centres de détention secrets pour les transformer en lieux de mémoire et en complexes culturels. Les centres de détention secrets concernés par cette mesure sont notamment Agdz, Kasbah de Sekkoura à Ouarzazate, Kelâat Mgouna, ainsi que l’ancien centre de détention de Derb Moulay Cherif à Casablanca. Ce projet permettra la transformation de ces anciens centres en «espaces de préservation et de réhabilitation de la mémoire», conformément aux recommandations de l’Instance Equité et Réconciliation (IER). Cette convention prévoit également la mise en place de l’institution «Archives du Maroc» et une stratégie de préservation de l’archive. «Dans le cadre de son rapport final, l’IER avait recommandé de préserver la mémoire et réconcilier les Marocains avec leur histoire afin de garantir à jamais la non-reproduction des violations graves des droits de l’Homme. C’est dans ce contexte que s’inscrit ainsi la convention signée entre le ministère de la Culture et le CCDH. Cette mesure concerne plusieurs anciens centres de détention. Ces centres étaient au départ des palais avant d’être utilisés par la suite par l’Etat comme des centres pour la détention arbitraire», explique Mohamed Mustapha Raïssouni, membre du CCDH et ex-membre de l’IER. «L’objectif de ce projet étant premièrement la préservation de la mémoire. Il est question aussi de sauvegarder l’aspect culturel et civilisationnel de ces centres. Ces lieux peuvent également servir de centres touristiques dans le cadre du programme de la réparation communautaire, étant donné que les régions dans lesquelles se trouvaient ces centres de détention étaient des régions marginalisées», précise M. Raïssouni, ajoutant que l’action menée en faveur de la préservation de la mémoire constitue un travail collectif qui doit se faire en collaboration avec l’ensemble des départements gouvernementaux ainsi que les différentes composantes de la société civile. Le Forum marocain pour la Vérité et la Justice (FVJ) qui ne cesse de critiquer l’action du CCDH en matière de mise en œuvre des recommandations de l’IER, a salué la signature de la convention tout en émettant quelques réserves. «La signature de la convention entre le CCDH et le ministère de la Culture traduit une initiative louable bien qu’elle intervient un peu tardivement. Toute démarche visant la mise en œuvre des recommandations de l’IER et le règlement définitif du dossier des violations graves des droits de l’Homme du passé est la bienvenue», note Mohamed Hassine, membre du Forum marocain pour la Vérité et la justice (FVJ). «Toutefois, le problème avec ces conventions de partenariat c’est la lenteur dans leur mise en œuvre et la non publication de leur contenu. On aimerait bien que le CCDH nous dévoile les détails de cette convention et bien d’autres. Le diable se cache dans les détails, dit-on», poursuit M. Hassine. «Ainsi, dans le cadre du projet de restauration des anciens centres de détention, on aimerait bien savoir ce que fera le CCDH avec la partie effondrée de l’ancienne prison de Tazmamart. En plus, d’après des sources dignes de confiance, l’espace avoisinant l’ancien centre de détention Corbis à Casablanca serait en cours d’acquisition par un investisseur pour le transformer en un projet touristique. Nous avons contacté plusieurs hauts responsables pour nous éclairer à propos de cette affaire, notamment le Premier ministre Abbas El Fassi, mais toujours pas de réponse», s’indigne-t-il. A rappeler que Eneko Landaburu, ambassadeur, chef de la délégation de la Commission européenne au Maroc et Ahmed Herzenni, président du Conseil consultatif des droits de l’Homme avaient signé, jeudi 19 novembre 2009, une convention portant sur un programme d’accompagnement aux recommandations de l’IER en matière d’histoire et de mémoire. Elle a pour objectif de faciliter la mise en œuvre des recommandations de cette instance afférentes aux archives, à l’histoire et la mémoire. La contribution communautaire audit programme est de l’ordre de 8 millions d’euros.