Société

Des dispensaires sans agents de sécurité

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Il semblerait que le retard accusé dans l’adoption de la loi de Finances ait eu plus de conséquences que prévu. En effet, si dernièrement quelques dispensaires du Royaume sont sans agents de sécurité, c’est principalement dû au retard dans le vote de la fameuse loi de Finances. D’après Abdelghani Dhimeur, chargé de communication au sein du ministère de la santé, «ce retard a fait que les appels d’offres n’ont pas été lancés plus tôt, du coup les sociétés de gardiennage, pour la plupart d’entre elles, ont vu leur contrat achevé en décembre dernier». Autrement dit, les budgets de fonctionnement des hôpitaux et centres de santé n’ont de ce fait pas encore été débloqués. Devant cette situation, dans certains cas, notamment celui d’un dispensaire de la capitale, ce sont les médecins eux-mêmes qui se chargent de la rémunération des agents de sécurité. «C’est notre qualité de service qui est mise en jeu, on ne peut pas faire notre travail et celui d’un agent de sécurité à la fois, nous n’avons d’autres choix que de payer nous-mêmes ces prestations en attendant qu’il y ait signature de contrat entre le ministère de tutelle et les sociétés de gardiennage», nous déclare, furieux, un médecin exerçant dans le dispensaire en question.
Il faut dire que cette situation semble ne pas être généralisée à l’ensemble des centres de santé. C’est du moins ce que laissent dire les propos de Saâd Alaoui, médecin interne ayant exercé durant les premiers mois de cette année au centre de santé «Doukkarat» de la ville de Fès. Il dit n’avoir constaté «aucune absence d’agents de sécurité et encore moins une quelconque tension parmi eux». Cette exception est toutefois loin de laisser entendre que tout est en parfaite maîtrise. Dans certains dispensaires on assiste à un flagrant manque de sécurité, à la fois pour les patients qui s’y rendent et pour les médecins qui y exercent. Ce n’est pas tout, le matériel médical dans ces dispensaires, aussi modeste soit-il, fait objet de tentatives de vol et c’est justement un scénario qui s’est déroulé en janvier dernier dans un dispensaire dans la région de la ville de Taza.
Ce qu’il faut savoir en revanche c’est qu’au-delà de ce problème, les agents de sécurité dans ces centres se voient souvent lésés dans leurs droits. L’un d’eux nous le confirme : «Dans mon contrat figure la somme de 2.200 DH comme salaire net, je n’en touche que des miettes». En effet, selon cet agent d’un dispensaire de la ville de Casablanca, bien qu’il soit censé toucher son SMIG correctement, il n’est payé que 1.300 DH le mois. Et encore, cette somme n’atterrit pas dans sa totalité dans ses poches puisqu’elle passe par son responsable qui, lui aussi, en prélève quelque  200 DH. «Autrement, je perdrai mon travail, je n’ose pas contester». Et d’ajouter: «Certains acceptent cette situation et restent, d’autres ont des responsabilités plus lourdes et se voient dans l’obligation de fuir ce poste dans l’espoir d’en décrocher un autre plus digne», nous confie-t-il d’un air désespéré. A signaler que dans ce même centre, les femmes de ménage n’ont pas été payées depuis plus de quatre mois. Ces messieurs en charge de notre sécurité travaillent dans des conditions des plus précaires et le retard du renouvellement des contrats entre le ministère de la santé et leurs recruteurs ne fait que leur compliquer la vie davantage. Certains agents ne sont pas assurés «Les compagnies d’assurances refusent d’assurer les agents de sécurité ayant des contrats Anapec alors que l’assurance est primordiale surtout en cas d’accident du travail, le port d’arme nous est également interdit alors que nous sommes constamment exposés au danger». Par ailleurs, et si l’on se réfère aux quelques témoignages reçus dans les hôpitaux et d’autres structures sanitaires, ces agents travaillent parfois jusqu’à douze heures par jour et ne sont payés que pour huit. Vous l’aurez compris, les heures supplémentaires sont donc non prises en compte et leur salaire est loin de leur garantir une vie décente.

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