Société

Des rêves qui mènent droit en prison

© D.R

Les rêves peuvent être parfois destructifs. L’exemple est qu’ils ont conduit Taha à la prison. Issu d’une grande famille, Taha, âgé de vingt et un ans, a poursuivi ses étude jusqu’au baccalauréat. Seulement, cet orphelin du père a arrêté ses études au lycée; il s’est inscrit dans un établissement scolaire privé d’informatique et de comptabilité. Sa mère ne ménageait aucun effort pour l’aider à réussir et arriver à gagner honnêtement sa propre vie. Hélas ! Taha veut réussir trop vite et sans perdre trop d’énergie. “Il faut chercher le court chemin pour arriver à la richesse“, pense-t-il de temps en temps. Une idée qu’il a eu suite à ses relations avec quelques gérants d’agences de location de voitures. Il passait son troisième temps chez eux, à remarquer le nombre de leurs clients et l’argent qu’ils encaissent. “Et pourquoi pas moi?“, s’interroge-t-il. L’idée d’avoir, lui aussi, une agence de location de voitures commence à lui hanter l’esprit. Elles rapportent gros, répond-t-il à chaque fois qu’il en parle avec sa mère. Cette dernière lui explique à chaque fois qu’il faut patienter et ne doit pas rater son diplôme. Cependant, Taha ne pensait qu’à ses rêves sans fin. Pire encore, il a commencé à penser à les réaliser le plus tôt possible. Comment devait-il faire pour y arriver dans un temps record ? L’idée le hante le jour comme la nuit au point qu’il n’arrive que difficilement à fermer les yeux pour dormir quelques heures. Au fil des jours, il arrive à prendre une décision : recourir à la criminalité pour arriver à son objectif. Le choix était difficile. Mais il n’y en avait pas d’autres, pense-t-il. Seulement, il lui reste à déterminer le crime qu’il convient pour arriver à amasser l’argent nécessaire pour financer son futur projet. Taha ne parlait à personne de son projet. En effet le choix d’un crime permettant d’avoir de l’argent était difficile pour Taha. Il ne sait pas s’il doit s’adonner au trafic de la cocaïne ou à l’escroquerie ou perpétrer des rapts contre des fils et des filles des familles riches à Casablanca pour leur demander des rançons. “Je dois avoir des relations bien ficelées avec des bandes qui s’adonnent au trafic de la drogue ou à l’escroquerie“, pense-t-il. Seulement, il n’en a pas. Il lui reste le rapt. Il semble pour lui qu’il est très facile d’en commettre. Il a même déterminé les personnes visées. Entre autres, l’amie de sa fiancée, quatre étudiants dont une fille qui poursuivent leurs études au même établissement que lui et qui sont issus des familles riches demeurant dans leur majorité au quartier California, à Casablanca, et le gérant d’un hôtel situé à Aïn Diab. Avant de passer à l’action, il a dressé un plan d’action. D’abord, il faut avoir une voiture. Ce qui est très facile pour lui puisque sa future belle-mère ne refuse jamais de lui confier la sienne, une Peugeot 406. Et en second, il faut avoir un lieu pour cacher la victime. Pour cela, il a pensé à louer un cabanon à Mohammedia. En troisième lieu, il doit pratiquer la conduite de la voiture loin des barrages de la policie et des gendarmes. A ce propos, il n’a pas ménagé le moindre effort pour procéder à des tests en conduisant le véhicule par les différents chemins menant à Mohammedia et avec une grande vitesse. Ce qu’il lui reste est d’avoir des complices qui doivent l’aider à passer à l’acte. Pour cela, il s’est adressé à son ami, Adil, vingt-quatre ans, célibataire et sans profession qui a accepté l’idée. Seulement, Taha l’a sollicité à chercher deux autres personnes. Effectivement, il lui a préparé un rendez-vous avec Rachid, trente et un ans et Abdelkader, vingt-huit ans. Ces deux repris de justice sont célibataires et sans profession. Le premier avait purgé, en 1991, une première peine d’un an de prison ferme pour coups et blessures et une seconde en 1993, de deux mois de prison ferme pour vol simple. Le deuxième avait purgé une seule peine d’un an, en 2000, pour trafic de drogue. Ils se sont rencontrés dans un café au quartier Yasmina pour se mettre d’accord. Taha leur a proposé une somme de 40 mille dirhams chacun une fois la première opération réussie. Ils ont décidé de passer à l’acte le lundi 29 décembre. La première personne visée est l’amie de sa fiancée qui demeure au quartier Aïn Diab. Cette dernière est l’épouse d’un ressortissant français qui allait construire un café contre 250 mille dirhams. Seulement, les deux repris de justice, Rachid et Abdelkader, ont décidé enfin d’alerter la police. Cette dernière a mené une surveillance minutieuse sur Taha et Adil pour les mettre hors d’état de nuire. Soumis aux interrogatoires, Taha a dévoilé sa relation avec un duo qui se spécialise dans la falsification des dossiers pour l’obtention de visas et pour l’acquisition des habitations économiques. Il s’agit de Hassan, trente-deux ans, bachelier et comptable. Ce dernier avait fondé une société dont l’activité a été gelée depuis quelques mois, avant de passer à la falsification de contrats de travail et des attestations de salaire, avec la complicité de Hicham, trente-neuf ans. Ce duo a servi une vingtaine de rêveurs de l’Eldorado et d’habitat économique. Taha et ses complices ont été traduits, le début du mois courant, devant la chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca.

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