Société

Dix ans pour un bourreau

Quand le médecin, aux urgences de l’hôpital Al Ghassani à Fès, a voulu ausculter Hanane, 11 ans, il a écarquillé ses yeux. Il est resté bouche-bée devant ce petit corps efflanqué, présentant des blessures et des ecchymoses. Il s’est adressé aussitôt à Najwa et Malika qui l’ accompagnaient : «Qu’est ce qu’elle a eu au juste ?». Elles se sont abstenues de répondre. Il a insisté. Réponse Najwa «Je suis conseillère du parquet général près la Cour d’appel de Fès», a incité le médecin à téléphoner au parquet général sans qu’elle se ne s’en rende compte.
«Non, nous n’avons aucune conseillère de ce nom », lui affirme le parquet général qui a donné ses instructions aux éléments de la police judiciaire de Fès pour se dépêcher sur les lieux et mettre les deux femmes, Malika et Najwa, en garde-à-vue.
Qui est Hanane ? Qui est sa mère? Qui l’a torturée ? Pourquoi ?. Ce sont des questions que s’est posées le chef de la brigade policière. Qui est donc Najwa ? Elle ignore qui est son père et sa date de naissance.
Elle est sûre de deux choses : elle est bâtarde et elle est née un jour des années cinquante. Quand sa mère est décédée, elle était encore en fleur de l’âge et elle n’avait aucun document sur elle justifiant son identité. Elle n’avait qu’un seul moyen pour survivre : travailler comme domestique dans les foyers de Fès. Au fil des jours, elle est arrivée à découvrir le monde de la prostitution et des bars. C’est là où elle est arrivée à entretenir une relation avec Mohamed au point qu’elle est tombée enceinte de lui. Il ne l’a pas abandonnée, il s’est marié avec elle en dépit de sa mauvaise réputation. Quand elle a accouché d’un nouveau-né, M’hamed, ils ont commencé à se bagarrer pour un oui ou un non. D’un jour à l’autre, ils ont fini, en 1986, par divorcer. Najwa a loué un appartement et a commencé à gagner sa vie avec son fils. Personne de ses voisins ne connaît son activité et ses préoccupations. Ils remarquaient qu’elle sortait chaque matin, bien habillée et maquillée, retournait l’après-midi pour sortir une fois encore et retourner le soir. Il fallait attendre quelques mois pour qu’ils apprennent qu’elle est conseillère du parquet général.
Ils ont commencé à la respecter, à l’estimer et à éviter d’avoir des problèmes avec elle. En 1990, Najwa a rendu visite à l’une de ses amies à El Hajeb. Là, elle a fait connaissance d’une prostituée enceinte. Elle se nomme Drissia. Elle lui a demandé de lui confier le nouveau-né une fois qu’elle aura accouché. Drissia a accepté sans la moindre hésitation.
Il fallait attendre 1992, pour que Drissia vienne chercher Najwa à Fès. Elle l’a trouvée et lui a confié Hanane qui avait déjà atteint ses deux printemps.
Hanane a grandi entre les mains de Najwa et à côté de son fils, M’hamed. Seulement Najwa la traitait comme une domestique à tout faire, sans clémence. Hanane subissait toute sorte de violence, de torture, par des bâtons et des tuyaux en plastique. Hanane, qui n’a personne à qui parler, se contentait de pleurer en silence. Seulement, son corps n’a pu supporter la torture quotidienne pour qu’elle s’effondre enfin.
Lorsque le président de la Chambre criminelle près la cour d’appel de Fès et ses quatre assesseurs ont examiné ce dossier n° 426/01, ils n’ont pas pu accorder à Najwa les circonstances atténuantes et l’ont condamnée à 10 de réclusion criminelle.

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