Entretien avec Dr El Habib Marzak, commissaire du Salon du cheval d’El Jadida
«Le Bien-être du Cheval, trait d’union entre les pratiques équestres», c’est la thématique du Salon du cheval édition 2025. Avec son nouveau positionnement, ses innovations, sa portée internationale, le Salon peut fédérer cavaliers, éleveurs, chercheurs, vétérinaires, artisans et grand public autour d’une ambition commune : replacer le cheval au centre de l’équation. Entretien avec le commissaire du Salon, au cœur de cette dynamique responsable et exigeante.
ALM : On va commencer par vous demander quelles sont les principales évolutions marquantes cette 16ème édition…
Dr El Habib Marzak : L’année 2025 marque une étape importante dans le parcours du Salon. Nous avons voulu renforcer trois dimensions fondamentales : la reconnaissance internationale, l’ancrage territorial et l’approfondissement des thématiques de fond. Le point d’orgue de cette édition, c’est sans doute l’évolution du Concours international de modèles et allures, qui passe en catégorie «Title Show», le plus haut niveau décerné par l’ECAHO. Seuls quelques pays dans le monde, comme l’Allemagne, la France ou le Qatar, ont ce privilège. Cela traduit le sérieux du Maroc dans l’organisation de compétitions de très haut niveau, mais aussi la qualité des chevaux présentés par nos éleveurs. Nous introduisons également une journée d’études scientifiques et académiques dédiée à la question du bien-être équin. Elle réunira des spécialistes internationaux, des vétérinaires, des éthologues et des professionnels du terrain. C’est une façon pour nous de dire que les enjeux techniques, éthiques et sanitaires ne peuvent plus être dissociés de la pratique équestre contemporaine.
Pourquoi le thème choisi est-il le bien-être du cheval. Pourquoi ce choix et comment se traduit-il concrètement?
Ce thème est à la fois une évidence et une nécessité. Le cheval est un partenaire exigeant, sensible, noble. Trop longtemps, dans certaines pratiques ou représentations, on a oublié son intégrité physique et mentale. Aujourd’hui, que l’on parle de sport, d’élevage, de spectacle ou de tradition, le respect de l’animal n’est plus négociable. Au Salon, cela se traduit par des activités pédagogiques pour le jeune public, des stands dédiés aux soins vétérinaires, à la nutrition, aux équipements ergonomiques, ainsi qu’une valorisation accrue des bonnes pratiques. Nous voulons faire comprendre que le bien-être équin n’est pas un concept abstrait : il se mesure dans la posture, dans l’alimentation, dans les méthodes de dressage, dans la relation homme-animal.
Le Salon joue aussi un rôle dans la mise en valeur de toute une économie équestre. Quelles sont les filières les plus dynamiques cette année ?
Nous constatons une belle dynamique chez les artisans selliers marocains, qui exposent des pièces d’une grande finesse, mêlant tradition et innovation. Les haras privés et éleveurs indépendants gagnent aussi en professionnalisme, notamment dans la sélection génétique, la gestion des lignées et l’exportation. Par ailleurs, les coopératives régionales, les acteurs de la phytothérapie équine, les startups qui développent des solutions connectées ou des produits respectueux du cheval prennent une place croissante dans nos espaces. Cela montre que le cheval, au Maroc, n’est pas qu’un héritage patrimonial : c’est aussi un levier de développement territorial, économique et scientifique.
Avec plus de 40 nations attendues cette année, peut-on parler d’un rayonnement international affirmé?
Absolument. Le Salon n’est plus un événement uniquement national ou régional. Il est inscrit dans le calendrier équestre mondial. Nous recevons des délégations d’Europe, du Golfe, mais aussi d’Afrique subsaharienne. Cette diversité est un atout formidable, car elle permet les échanges de savoir-faire, la comparaison des standards, la circulation des chevaux et des idées. Le Maroc, à travers cet événement, affirme sa capacité à organiser des rendez-vous internationaux d’excellence. Cela profite à toute la filière, en termes d’image, d’opportunités commerciales et de montée en compétences.
Et pour le grand public ? Comment maintenir un événement de masse sans nuire à la qualité de l’expérience?
C’est l’un des défis que nous relevons chaque année. En 2024, nous avons dépassé les 160.000 visiteurs. En 2025, nous en attendons plus de 200.000. Cela nécessite une logistique fluide, des espaces lisibles, une sécurité renforcée, mais aussi une offre variée : galas nocturnes, animations enfants, ateliers artistiques, compétitions internationales… Le Parc d’Exposition Mohammed VI a été conçu pour cela : il permet de faire cohabiter des univers variés, du sport à l’art, de la pédagogie à la contemplation. C’est une grande fête, mais c’est aussi un lieu d’apprentissage, de réflexion, d’émerveillement. Et surtout, un espace de rencontre entre les Marocains et leur patrimoine vivant.
Finalement il y a certainement un message que vous souhaiteriez faire passer à travers ce Salon ?
Le message est clair : le cheval mérite mieux que notre admiration, il mérite notre engagement. À travers cette édition 2025, nous voulons dire que toutes les pratiques (sportives, artistiques, rurales ou professionnelles) doivent converger vers un objectif commun : celui d’un cheval respecté, épanoui, valorisé. Nous voulons aussi rappeler que le Maroc a une histoire équestre unique, mais qu’il doit maintenant écrire son avenir avec rigueur, créativité et responsabilité. C’est tout le sens de ce Salon : un pont entre les traditions et les exigences contemporaines.













