Eby Baba Blondine est une Ivoirienne, âgée de vingt-huit ans, résidente depuis quelques années, avec son mari, également Ivoirien, à New York, aux Etats-Unis. Tous les deux se débrouillent pour gagner à peine leur vie et épargner les frais d’un billet d’avion aller-retour entre son pays d’origine à la ville où demeurent leurs familles et New York. En novembre 2001, Eby baba Blondine, enceinte, a regagné sa mère patrie pour y passer quelques mois. Y est-elle retournée pour être proche de sa famille qui prendra soin d’elle jusqu’à son accouchement ou voulait-elle seulement rendre visite à ses parents ? Ce qui est sûr, c’est qu’elle n’avait pas l’intention d’accoucher chez sa famille en Afrique. La raison ? Elle voulait que son nouveau-né hérite de la nationalité américaine.
Effectivement, elle a rejoint son mari à New York un mois avant son accouchement. Et dans un hôpital new-yorkais, elle a mis au monde, le 24 septembre 2003, une petite fille. Cette dernière a bénéficié de la nationalité américaine comme ses parents le souhaitaient. Quelques mois plus tard, Eby baba Blondine a décidé de retourner une fois encore chez sa famille en Côte d’Ivoire. Après y avoir passé quelques mois, elle a voulu retourner chez son mari. Seulement, elle n’avait pas assez d’argent pour payer le billet d’avion. La solution ? Elle a frappé à toutes les portes pour chercher un voisin ou un ami pour lui prêter de l’argent. En vain. Et son mari ? Il ne disposait pas d’un sou de plus pour l’aider à le rejoindre avec sa petite fille. Que doit-elle faire ? Rester chez ses parents en Côte d’ÃŒvoire jusqu’au jour où elle aura l’argent nécessaire pour aller à New York ? Certes, il n’avait pas d’autre solution. Seulement, elle a insisté pour y aller. Pourquoi ? Personne ne sait au juste. Toutefois, l’un de ses voisins lui a conseillé de s’adresser à un usurier qui pourrait l’aider en lui prêtant une somme d’argent contre des intérêts. Eby Baba Blondine a rencontré l’usurier en question. Ce dernier, après une conversation avec elle, a compris qu’il risquait de ne pas récupérer son argent. L’Ivoirienne a fait son possible pour le convaincre qu’elle sera solvable. L’usurier a fait semblant qu’il n’est pas convaincu. Est-il vraiment non-convaincu ou est-ce seulement une astuce pour ne pas lui accorder un crédit ? L’usurier l’a attirée dans un coin pour lui proposer une solution confidentielle.
De quoi s’agit-il ? Il lui a expliqué qu’elle pourrait gagner son billet d’avion en plus d’une somme de 2000 dollars pour un petit service. L’offre semble intéressante pour elle sans savoir de quoi il s’agit. L’usurier a commencé à lui détailler la proposition. Elle doit convoyer une quantité d’héroïne vers les Etats-Unis pour la remettre à une personne qu’elle ignore. Eby Blondine a accepté et le marché a été conclu. Ils se sont rencontrés, le 22 septembre 2004, chez l’usurier. Ce dernier qui détenait des capsules, contenant chacune une quantité de 10 grammes d’héroïne, lui a demandé de les avaler. Elle a avalé trois capsules, d’une quantité de 30 g, sans pouvoir continuer. Et la solution? L’usurier a vidé les autres capsules pour mettre une quantité de 109g d’héroïne dans des morceaux de plastique modelé sous forme de merguez que l’Ivoirienne a introduite par la suite dans ses parties intimes. Elle a mis une quantité de 213 g d’héroïne, confectionnée sous forme de petites serviettes, sur sa partie intime. Et le 23 septembre 2004, vers 3h 30mn du matin, elle a pris l’avion de la RAM, allant à destination des Etats-Unis via Casablanca.
Le même jour, vers 10h du matin, l’avion a fait escale à l’aéroport Mohammed V et les voyageurs ont été soumis à une fouille corporelle routinière et systématique. D’un voyageur à l’autre, la personne chargée de la fouille corporelle a été surprise par un renflement au au niveau du bassin de l’Ivoirienne En lui demandant d’enlever ses dessous, la fonctionnaire a mis la main sur la marchandise. A-t-elle d’autres quantités de cette drogue dure ? L’Ivoirienne a répondu affirmativement et a fait sortir la marchandise qui était à l’intérieur de sa partie intime.
Alors qu’elle avait remis, les 23, 24 et 25 septembre, en dehors de son estomac les trois capsules qu’elle avait avalées au départ.
Mise entre les mains des éléments de la 4ème section judiciaire de la PJ de Casablanca-Anfa, elle a avoué qu’elle ne connaissait pas la personne qui devait récupérer la marchandise et que l’usurier qui l’a engagée lui a suggéré de mettre un ruban de couleur rouge sur la tête de sa fille pour qu’elle soit identifiée par le trafiquant de drogue qui devait l’accueillir aux Etats-Unis.
Accompagnée de sa fille, Eby Baba Blondine, a été traduite, dimanche dernier devant le procureur du Roi près le tribunal de première instance de Hay Hassani-Aïn Chok.