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Droits des femmes: Et le combat continue…

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En dépit des avancées notables, plusieurs obstacles se dressent encore devant la consolidation de la parité homme-femme dans la société.

La Journée internationale de la femme célébrée le 8 mars est l’occasion de dresser le bilan des avancées et des obstacles en matière des droits des femmes. On ne peut nier que des progrès importants aient été enregistrés ces dernières années. Cela dit, il reste encore beaucoup à faire. Les Marocaines continuent à faire l’objet de discrimination, en plus d’être soumises à des violences, de se voir dénier une égalité de chances en matière d’éducation et d’emploi.

Des réformes en faveur des femmes

Le code de la famille a doté la femme d’un statut juridique qui préserve sa dignité et qui lui assure justice et équité. Il en va de même pour le code de la nationalité qui lui permet de transmettre sa nationalité à ses enfants nés d’un père étranger. En parlant de cette journée, comment ne pas faire allusion à la Constitution de 2011 qui bannit toute forme de discrimination. Dès le préambule, il est proclamé que «Le Royaume du Maroc s’engage à bannir et combattre toute discrimination à l’encontre de quiconque en raison de sexe». Il est intéressant de noter que l’élimination des discriminations relatives au sexe est mentionnée en premier, avant celle relative à la couleur, aux croyances, à la langue ou au handicap. Cette Constitution constitue une avancée dans l’évolution des droits des femmes en consacrant l’égalité entre les deux sexes dans son article 19. En outre, le Maroc a ratifié plusieurs conventions internationales pour la protection des droits des femmes, notamment la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) et le Pacte des droits économiques et sociaux.

La violence conjugale explose…

En dépit de ces avancées notables, plusieurs obstacles se dressent encore devant la consolidation de la parité homme-femme dans la société. La discrimination subie par la femme marocaine trouve d’abord son origine dans l’accès inégal à l’éducation. Faut-il rappeler que près de 53% des Marocaines ne savent ni lire ni écrire. Autre constat : la violence conjugale explose dans notre pays. Une mariée sur deux en a souffert. Selon une enquête du Haut-Commissariat au Plan (HCP), 55% des femmes mariées, soit 3,7 millions, ont subi un acte de violence en milieu conjugal. Ces violences se présentent sous diverses formes: insultes, menaces, chantage, séquestration, rapports sexuels non consentis, coups et blessures, tentatives de meurtre, meurtres, spoliation économique…

…et le projet de loi se fait attendre

Bien que la violence conjugale constitue de loin la forme la plus répandue, le projet de loi relatif à la lutte contre la violence à l’égard des femmes se fait toujours attendre. Et pourtant, Bassima Hakkaoui avait annoncé que ce projet de loi, mis au tiroir depuis 2013, serait réétudié par le gouvernement. En l’absence d’une loi en mesure de protéger les victimes, peu d’entre elles osent sauter le pas pour dénoncer ce qu’elles ont vécu. Les résultats de l’enquête du HCP avaient d’ailleurs révélé que seulement 3% des femmes osent porter plainte et uniquement 1% des hommes coupables de violences sont poursuivis pénalement. A ce sujet, il faut relever qu’un rapport du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) sur l’état de l’égalité et de la parité au Maroc avait pointé du doigt cette problématique en relevant que la législation pénale reste patriarcale. Ses dispositions introduisent une hiérarchie entre les victimes du viol (mariées, non mariées, vierges, non vierges), n’incriminent pas le viol conjugal et criminalisent les relations sexuelles hors mariage entre adultes consentants. Le CNDH avait fait remarquer que le cadre juridique actuel reste caractérisé par de nombreuses lacunes : absence de législation spécifique couvrant la violence domestique, non incrimination du viol conjugal, silence de la loi sur certaines formes de violence ou enfin, non-correspondance entre certaines formes de violence telles que stipulées dans la loi.

«Petites bonnes» : L’exploitation continue

A l’occasion de cette journée mondiale, difficile de ne pas évoquer la problématique du travail des «petites bonnes». Ces femmes et mères de demain continuent d’être sujettes à de mauvais traitements. Salaires dérisoires, horaires de travail excessifs, violences physiques et verbales… tel est le quotidien de ces mineures.
La servitude pour dettes et le servage ainsi que le travail forcé ou obligatoire, y compris le recrutement forcé sont monnaie courante au Maroc.
Les ONG marocaines et l’Unicef se battent pour que ces filles travaillent dans des conditions plus humaines. Il y a un peu plus d’un mois, l’Unicef avait saisi les membres du Parlement et le gouvernement pour demander de relever l’âge minimal des travailleurs domestiques à 18 ans.
Emploi : Les inégalités
persistent

Quant à l’accès au travail, les inégalités entre les deux sexes persistent. A l’échelle nationale, le taux d’activité des hommes est près de 3 fois supérieur à celui des femmes (4 fois en milieu urbain contre 2,2 fois en milieu rural). Fait plus inquiétant, l’activité féminine enregistre une baisse continue (28,1% en 2000 et 25,1% en 2013). Le taux d’emploi des femmes au niveau national a également baissé durant la dernière décennie en passant de 25% en 2000 à 22,6% en 2014. Pour ce qui est du taux de chômage des femmes, celui-ci a enregistré une hausse significative en milieu urbain atteignant 21,9% contre 12,8% pour les hommes.

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