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Eau, une situation critique et des mesures urgentes

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Le gouvernement mise sur le dessalement pour faire face à la pression sur les ressources disponibles

Ressources hydriques. Face à la rareté des pluies et des vagues de sécheresse répétées, le Maroc prend des mesures proactives afin de sécuriser l’approvisionnement en eau potable pour les populations et garantir l’irrigation pour les terres agricoles. Le point.

L’eau sera probablement le principal défi en cette année 2024 qui commence. Et pour cause. Le pays fait face à une situation délicate en ce qui concerne ses ressources en eau. Dans ce sens, le ministre de l’équipement et de l’eau, Nizar Baraka, a mis en avant, mardi à la Chambre des conseillers, les mesures proactives d’urgence prises pour faire face à la situation actuelle des ressources hydriques qui enregistrent un grand déficit, appelant à la fédération des efforts de tous les acteurs pour rationaliser l’utilisation de l’eau. Les grandes orientations de l’action du gouvernement sur la base de la nouvelle feuille de route mise en place par SM le Roi Mohammed VI sont axées en grande partie sur l’accélération de la construction des barrages, le dessalement de l’eau de mer et la réutilisation des eaux usées, a indiqué M. Baraka dans sa réponse à une question centrale lors de la séance des questions orales sur la situation hydrique au Maroc. Dans ce contexte, le ministre a affirmé qu’il était important de se focaliser sur la demande, d’arrêter le gaspillage, d’œuvrer pour une efficacité hydrique et d’améliorer le rendement de l’eau, à travers le goutte-à-goutte et d’autres mesures essentielles, ainsi que la préservation de la nappe phréatique pour garantir la durabilité de l’activité agricole, en plus de relier les bassins hydrauliques.

Stress hydrique
M. Baraka a également souligné que le stress hydrique qui touche le Maroc et qui est devenu structurel après la succession des années de sécheresse est dû en grande partie au changement climatique, notant que durant les deux dernières années, le niveau de la hausse des températures a dépassé deux degrés, ce qui représente «un taux plus élevé que la moyenne mondiale». Il a expliqué que cette hausse a donné lieu à une moyenne d’évaporation de l’eau des barrages de 1.500.000 mètres cubes par jour. Il a, en outre, fait état de la baisse de la moyenne annuelle des ressources hydriques à 7.000.200.000 mètres cubes au cours des dix dernières années, et à 5.000.200.000 mètres cubes entre 2017 et 2023. Le ministre a aussi précisé que depuis septembre une moyenne d’un milliard 500 millions de mètres cubes de ressources hydriques a été enregistrée, alors qu’actuellement seulement une moyenne de 500 millions de mètres cubes est enregistrée, ce qui constitue une baisse de 67% qui a concerné l’ensemble des bassins hydrauliques.

Pour faire face à ces problématiques, M. Baraka a fait savoir que le gouvernement a pris les mesures nécessaires susceptibles d’arrêter le gaspillage, garantir un usage rationnel de l’eau et baisser la pression hydrique sur les réseaux et, le cas échéant, procéder à des coupures d’approvisionnement en eau dans certaines zones pendant certaines heures. Le ministre a ainsi passé en revue la situation hydrique relative à quelques bassins, dont le bassin de Bouregreg, notant que le taux de remplissage de ce bassin est actuellement de 19% et que la situation aurait été pire si le projet royal d’interconnexion entre les bassins de Sebou et de Bouregreg n’avait pas été réalisé.

Grâce à ce projet à caractère urgent, a poursuivi le ministre, 115 millions de mètres cubes ont été injectés, ce qui a permis d’atteindre le taux actuel de 19% et ainsi assurer l’approvisionnement de la population de la ville de Rabat et de la région nord de Casablanca en eau potable. Concernant la situation du bassin hydraulique d’Oum Er Rabia, le ministre a relevé que le taux de remplissage des barrages dans ce bassin a atteint 4,6%, alors que le remplissage du barrage Al Massira, qui approvisionne la région sud de Casablanca, Berrechid, El Jadida et les provinces sud avoisinantes et aussi Tamansourt et Safi, ne dépasse pas 32 millions de mètres cubes, soit un taux de remplissage de 1,2%.

Plus d’un milliard de m3 dessalé
Cela dit, le dessalement des eaux demeure une priorité pour gérer le déficit hydrique. Dans le cadre de sa réponse aux questions des conseillers parlementaires, M. Baraka a noté qu’à l’horizon 2030, l’approvisionnement en eau potable sera assuré à hauteur de 50% grâce au dessalement des eaux, rappelant que le gouvernement a mis en place un plan visant à réaliser plusieurs stations de dessalement afin d’atteindre un niveau de production de 1,4 milliard de m3 à cette date. Le ministre a également précisé qu’OCP se chargera du dessalement de 560 millions de m3, soulignant que 500 millions de m3 d’eau seront destinés au secteur agricole tandis que le volume restant sera dédié à l’approvisionnement des citoyens en eau potable.

Et d’ajouter que selon le plan gouvernemental, les villes côtières seront dotées de stations de dessalement, dans le cadre d’un partenariat entre les secteurs public et privé, ce qui signifie qu’elles ne bénéficieront pas des eaux des barrages qui seront destinées à la satisfaction des besoins des villes intérieures, du monde rural ainsi qu’à l’irrigation. Par ailleurs, le ministre a expliqué que pour répondre au problème du stress hydrique, le gouvernement a adopté une approche basée sur la solidarité entre les villes côtières et intérieures en étendant les canaux d’approvisionnement en eau potable, en allégeant la pression sur les barrages dont les eaux seront destinées aux régions intérieures, au monde rural et au secteur agricole. Le programme des stations de dessalement permettra de dépasser la situation actuelle à l’horizon 2027 et garantira de ce fait l’approvisionnement des citoyens à hauteur de 100% en eau potable dans les zones côtières, en plus de consacrer une superficie de 100.000 hectares à la production de produits alimentaires de base, ce qui aura un impact positif sur le citoyen marocain et contribuera à diversifier les sources de devises, a-t-il conclu.

Cas de Safi
Eau potable. Le dessalement des eaux permet déjà d’approvisionner de grandes agglomérations. Ainsi, 60% de l’eau potable de Safi provient du dessalement de l’eau de mer, dans la perspective d’atteindre le taux de 100% durant janvier courant. La ville d’El Jadida sera aussi approvisionnée, d’ici février, à hauteur de 100% à travers le dessalement de l’eau de mer. Par ailleurs, M. Baraka a souligné qu’il était nécessaire de faire face aux problématiques relatives au stress hydrique, à travers le lancement de la station de dessalement de l’eau à Casablanca qui fournira 200 millions de mètres cubes en 2027, auxquels s’ajouteront 100 millions de mètres cubes l’année suivante. Le ministre a affirmé que les travaux sont en cours pour le dessalement d’eau dans la région Jorf Lasfar, en plus de l’élaboration de trous d’exploration et de l’équipement de stations mobiles de dessalement de l’eau pour surmonter la crise qui requiert un effort de solidarité et une action collective. Pour ce qui est de la région de Souss-Massa, le ministre a indiqué que l’opérationnalisation de la station de dessalement de Chtouka Ait Baha a permis de réduire la pression sur les ressources hydriques de la région, notant que le barrage d’Aoulouz a connu une baisse et approvisionne actuellement seulement en eau potable, alors que l’approvisionnement en eau d’irrigation a été interrompu depuis trois semaines suite à la baisse du niveau de l’eau.

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