Ecoles pionnières : diagnostic encourageant de l’ONDH

Les conclusions serviront à éclairer l’action du ministère de tutelle dans le processus d’extension du programme dans d’autres établissements à la rentrée 2024-2025, notamment les collèges

L’ONDH dévoile les résultats de la saisine du ministère de l’éducation nationale, du préscolaire et des sports (MENPS) concernant l’évaluation du programme Ecoles Pionnières. En effet, l’Observatoire national du développement humain a mené une enquête qualitative de perception visant à analyser les dynamiques de mobilisation des acteurs observées sur le terrain, et déterminer les facteurs qui agissent sur leur niveau d’adhésion et de mobilisation autour du Programme Écoles Pionnières. Il s’agissait également de recueillir leur vision de l’extension et de la généralisation du Programme.

L’objectif est de disposer d’une illustration intelligible de ce que pensent les parties prenantes sur le terrain du Programme au bout de quelques mois de la mise en œuvre de sa phase d’expérimentation à l’échelle de 628 établissements primaires publics. «L’enquête a consisté à apprécier l’implantation en cours du Programme sous trois dimensions à savoir les dynamiques de mise en œuvre au sein des établissements (écoles); les mesures d’accompagnement offertes au niveau des directions provinciales ainsi que les outcomes de la phase d’expérimentation du Programme. Les conclusions et les recommandations recueillies par l’ONDH serviront à éclairer l’action du ministère de tutelle pour qu’elles puissent être intégrées dans le processus d’extension du programme dans d’autres établissements à la rentrée 2024-2025, notamment les collèges», apprend-on auprès des responsables de l’ONDH.

Signaux positifs
Les résultats de l’enquête montrent globalement des signaux positifs quant à l’adhésion des enseignants aux principes, aux valeurs et aux objectifs du Programme. En effet, grâce à la proximité, la facilité de communication avec le pilotage central du Programme (entre autres par l’utilisation de la messagerie instantanée) et la rapidité du retour d’informations par les inspecteurs, la cohésion du système éducatif s’est nettement améliorée, les sensibilités des enseignants à l’égard des visites des inspecteurs se sont considérablement réduites et la perception des élèves sur les questions de l’efficacité des interactions au sein de la classe a positivement évoluée. «Le Programme Écoles Pionnières a largement été reconnu et gratifié de par son approche innovante. Cette dernière a significativement participé à améliorer les méthodologies d’enseignement et l’interaction des élèves au sein de la classe.

Les parties prenantes ont salué le Programme pour avoir suscité l’introduction de pratiques d’enseignement spécialisées et pour avoir, considérablement, participé à enrichir l’expérience éducative des élèves. Le passage à une approche d’apprentissage plus centrée sur l’élève grâce à la méthode TaRL a été particulièrement efficace. Les enseignants confessent que cette méthode leur permet de répondre aux rythmes et aux styles d’apprentissage individuels de chaque élève, favorisant ainsi un environnement d’apprentissage plus inclusif et plus favorable», précise la même source ajoutant que «l’introduction des ressources numériques a également été soulignée comme un avantage clé, permettant aux enseignants de disposer d’outils qui facilitent un environnement d’enseignement plus dynamique et interactif. «Cet aspect est particulièrement apprécié dans les zones urbaines où l’adoption des technologies est plus facile en raison de l’amélioration des infrastructures».

Au sujet de l’impact (effet immédiat) du Programme, la majorité des personnes consultées dans les Écoles Pionnières considèrent déjà qu’il a eu un impact significatif sur les acquis en termes d’apprentissage des trois matières principales (l’arabe, le français et les mathématiques). Les enseignants et les inspecteurs font état d’une batterie d’améliorations observables dans la maîtrise de ces matières par les élèves, attribuées aux méthodes adaptées et attrayantes employées dans le cadre du Programme. L’impact positif sur l’apprentissage et l’engagement des élèves est le témoignage le plus significatif de la réussite du Programme. Les enseignants et les parents d’élèves ont noté une amélioration des résultats scolaires des élèves, en particulier dans les compétences fondamentales comme la lecture et les mathématiques», indiquent les responsables.

Défis
Malgré les réactions positives, pour la plupart des participants à l’enquête, la mise en œuvre du Programme Écoles Pionnières n’a pas été sans difficultés. Par ailleurs, le système de gestion du Programme est fragile et nécessite de l’institutionnalisation. Parallèlement, la réussite du défi de sa généralisation dépendra de la stabilité du portage politique et de la capacité de mobilisation des ressources pour assurer sa durabilité et sa pérennité. Une préoccupation majeure est remontée des différentes localités, en particulier dans les zones rurales. Il s’agit de l’incohérence de l’infrastructure technologique qui entrave l’intégration efficace des ressources numériques dans l’enseignement. Un autre défi important est la résistance au changement de certains enseignants, en particulier ceux qui sont habitués aux méthodes d’enseignement traditionnelles. Cette résistance est souvent due à un manque de familiarité avec les nouvelles technologies et méthodologies de travail et à un manque de formation et de soutien adéquats lors de la transition vers les nouvelles technologies et méthodologies éducatives.

La question relative à la continuité du Programme a également été soulevée par certains participants qui tout en soulignant les avancées que ce Programme a pu réaliser, ne cachent pas leurs inquiétudes par rapport à des contraintes et des défis que le Programme est appelé à relever notamment en termes d’infrastructures, d’équipement et matériels et d’organisation, à savoir le surpeuplement des classes et la gestion des horaires particulièrement en milieu urbain, ce qui ne va pas sans agir sur la performance. Les principales lacunes associées au Programme que les inspecteurs ont pu relever sont principalement liées à des aspects de gouvernance (dépendance des enseignants de la note administrative et des instructions de la hiérarchie, les insuffisances de la communication en interne et avec les parents d’élèves, la gestion de l’information et son partage en temps réel, l’analyse des risques en vue d’anticiper les aléas et les vulnérabilités liés au Programme et de renforcer la résilience des acteurs, et la préparation des acteurs au changement).