Bassima Hakkaoui, ministre de la solidarité, de la femme, de la famille et du développement social, n’a pas le triomphe facile. Un mois seulement après avoir fait baptiser son projet d’égalité entre les genres en Conseil de gouvernement, elle l’a présenté avec un rare sens de l’ostentation, vendredi dernier, à Rabat à la presse. Premiers commentaires de cette dernière : c’est bien l’une des toutes premières fois que la ministre de la solidarité, de la femme, de la famille et du développement social est dans les temps, elle qui s’est souvent vu reprocher sa propension à se «hâter sans se presser».
Très en verve, fortement entourée de ses collaborateurs, la ministre a rappelé que le projet «Ikram» est le moyen le plus efficace de mettre l’égalité sur la voie de la parité. Elle a également réaffirmé ce qu’elle a souvent dit de la participation et de la convergence qui ont caractérisé la procédure d’élaboration du projet, qu’elle a qualifié de fruit de la concertation et de la contribution «de tous les secteurs» et de garantie de la bonne gouvernance.
Ella a précisé que le programme couvre 8 grands domaines déclinés en 57 objectifs, lesquels sont annoncés en 157 mesures qui visent à institutionnaliser et à propager les principes de l’égalité, tendent à aménager les conditions d’émergence de la parité au moyen de l’intégration de la dimension genre dans tous les aspects de la vie publique, œuvrent à lutter contre toutes les formes de discrimination et de violence contre les femmes et versent dans le sens de l’amélioration de l’image de la femme.
La ministre a également indiqué que le programme prévoit un plus grand accès des femmes à l’éducation, aux soins de santé et, en règle générale, à des conditions de vie dignes. Elle a, en outre, estimé qu’il constitue une contribution déterminante à l’autonomisation des femmes, qu’il est un moyen de lutter contre leur paupérisation et, qu’il est l’un des chemins les plus sûrs pour leur permettre l’accès à la prise de décision «sociale, économique et politique» ainsi qu’à l’égalité des chances sur le marché du travail.
La ministre a conclu en rappelant que le 27 juin dernier, le Conseil de gouvernement a entériné la composition de la Commission interministérielle chargée de la mise en œuvre, du suivi et de l’évaluation du programme et que le temps est venu d’entrer dans le vif du sujet en traduisant dans les faits les mesures prévues par Ikram.
Toutefois nombre d’organisations de la société civile s’insurgent contre les propos de Bassima Hakkaoui et critiquent sa propension à faire trop souvent cavalier seul tout en se prévalant de concertations et de méthode participative. Ces mêmes organisations doutent de la pertinence et de l’efficacité à long terme du programme piloté par la ministre à qui elles reprochent, outre d’avoir été concocté de l’extérieur, de ne pas être en phase avec les besoins réels de la société. Les trop rares associatifs dont la curiosité a été piquée par la conférence de presse de la ministre, ont par ailleurs fait remarquer que ses «révélations ne tranchent pas avec la tradition des généralités auxquelles la ministre nous a habitués chaque fois qu’elle s’exprime sur le programme Ikram».
Ces mêmes sources estiment que les tiraillements internes qui agitent le gouvernement risquent de nuire à la convergence qu’elle donne pour principal atout du programme. «Parler de convergence et de démarche participative à l’heure où chacun travaille seul dans son coin, est une appréciation de la situation qui peut mener dans le mur dans un domaine où le droit à l’erreur n’existe pas», ont-elles conclu.