Société

Elle tue le fruit du viol

© D.R

Dans la nuit du 1er au 2 février, la rue Ali Benabderrazek donnant sur le boulevard Bir Anzarane, à Casablanca, était déserte. Il n’y avait là que trois éboueurs qui ramassaient les ordures et vidaient les bennes, quand ils ont aperçu une jeune fille qui a jeté un sachet en plastique noir et a rebroussé chemin hâtivement en tournant de temps en temps la tête dans leur direction. Un comportement qui a excité leur curiosité. L’un d’eux s’est dirigé aussitôt vers les bennes déposées par la société chargée du ramassage des ordures. Il a regardé le sachet en plastique déposéjuste à côté de la benne, s’est baissé et l’a déchiré pour s’assurer de son contenu. Il a sursauté. Il n’en a pas cru ses yeux. Il a appelé ses deux collègues. Ce qu’il a découvert est horrible et abominable. Ses deux collègues l’ont rejoint, ont jeté un regard sur le contenu du sachet et sont restés bouche-bée. Un nouveau-né égorgé au niveau de la carotide, gisant dans une mare de sang et enveloppé dans une chemise de nuit. L’un des trois éboueurs a demandé à l’autre d’alerter les éléments des Groupes urbains de sécurité, les GUS, qui effectuaient leurs rondes. En courant, il est arrivé à les prévenir. Il les a également informés que la fille qui a jeté le sachet ne devait pas être loin. À bord de leurs véhicules, ils se sont mis à arpenter les rues et les boulevards jouxtant la rue Ali Benabderrazek. En quelques minutes, ils sont arrivés à localiser une jeune fille qui marchait hâtivement, mais apparemment sans objectif. Ils l’ont interpellée. Perdant son équilibre, elle s’est évanouie. Il s’agissait bel et bien de la mère du nouveau-né égorgé. Lorsqu’elle a repris connaissance, eIle a été conduite sur le lieu où le sachet en plastique a été retrouvé. Aussitôt, elle a avoué être l’auteur de l’égorgement du nouveau-né et elle a fondu en larmes, comme si elle regrettait son acte criminel.
Alertés, les éléments de la 12ème section judiciaire de la brigade urbaine de la police judiciaire de Casablanca-Anfa se sont dépêchés sur les lieux. Ils ont constaté une profonde blessure de quatre centimètres au niveau de la carotide du nouveau-né. Ils ont remarqué également que son cordon ombilical avait été coupé minutieusement. Comment et pourquoi a-t-elle commis cet horrible crime ?
Naïma est née le 25 février 1981 au douar Soulalem, province de Safi. Issue d’une famille pauvre, elle n’a jamais mis les pieds à l’école. Elle a été confiée par ses parents à des familles casablancaises pour travailler comme «bonne à tout faire». En mai 2004, elle travaillait chez une famille demeurant dans une villa située au quartier L’Oasis. Un jour, vers 19h00, un malentendu avec son employeuse l’a incité à quitter la villa. Elle ne voulait plus y retourner et ne désirait pas rejoindre sa famille à Safi. Et elle est restée toute la journée à errer dans les ruelles et les boulevards jusqu’à arriver à la Route d’El Jadida. Là, elle a été croisée par deux jeunes hommes, la vingtaine, armés de couteaux. Sous la menace, ils l’ont contrainte à les accompagner vers un parc situé non loin de l’entrée de l’autoroute. Sans pitié, ils l’ont violée à tour de rôle. Déflorée, elle a été abandonnée à son trsite sort. Le lendemain, elle est retournée chez son employeuse pour reprendre son travail. Elle ne lui a rien dévoilé.
Deux mois plus tard, elle s’est aperçue qu’elle était enceinte. Quand elle s’est rendue chez un médecin pour consultation, il lui a expliqué que foetus avait déjà trois mois. Dans un état lamentable, elle s’est dirigée vers les locaux de l’association Basma, à Sidi Othmane. Les responsables l’ont accueilli chaleureusement et luiont offert le gîte et le couvert durant trois jours. Après quoi, elle est retournée chez ses employeurs pour reprendre son travail. Et elle se rendait d’une fois à l’autre à l’association Basma qui l’aidait à reprendre espoir. Entre-temps, elle est allé chez un médecin pour l’aider à avorter. Il lui a demandé trois mille dirhams. Une somme qu’elle n’a pas pu réunir et elle a donc gardé son foetus sans savoir quoi faire.
Une semaine avant l’Aïd Al Adha, Naïma a rejoint sa famille à Safi. Seulement, elle a senti les douleurs de la gestation. Bref, son accouchement était pour bientôt. Le mardi 1er février, Naïma est montée dans l’autocar allant à Casablanca. En arrivant à la gare routière Ouled Ziane, elle a pris l’autobus pour rejoindre l’association Basma qui pouvait la soutenir.
Seulement, le gardien l’a informée que la directrice était absente, lui disant de revenir le lendemain. La nuit, elle a senti une fois encore les douleurs de la gestation. À ce moment, elle était déjà arrivée au boulevard Bir Inzarane. La douleur devenait de plus en plus insupportable. Quelques moments plus tard, perdant les eaux, elle s’est réfugiée dans un lieu obscur de la rue Ali Ben Abderrazek, juste à côté d’un local commercial fermé et elle a accouché d’un nouveau-né de sexe masculin. Sans perdre de temps, elle a sorti une lame de rasoir qu’elle cachait sous ses vêtements, elle a coupé le cordon ombilical et elle a tranché la carotide du bébé par la suite. Les larmes aux yeux, elle a enlevé sa chemise de nuit et elle l’a enroulé dedans pour le mettre dans un sachet en plastique avant de prendre la fuite. Seulement, la vigilance des élément des GUS ne lui a pas permis d’aller plus loin.
Quant à ses deux violeurs, elle ne se souvient même plus de leurs signalements.

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